L’emballage carton 100% recyclable d’Azura, fruit d’un travail main dans la main avec Carrefour
La directrice RSE et le directeur communication du groupe Azura expliquent la genèse de cette évolution majeure à FLD.
La directrice RSE et le directeur communication du groupe Azura expliquent la genèse de cette évolution majeure à FLD.
Le producteur franco-marocain Azura a lancé un test pour remplacer l'emballage plastique de ses barquettes de tomates cerises ZRP par un packaging carton 100% recyclable. FLD a demandé à Céline Montauriol, directrice RSE du Groupe Azura et Nicolas Calo, directeur communication de détailler le parcours de ce changement majeur, travaillé en collaboration avec l’enseigne Carrefour.
Quel a été le travail de R&D préalable pour lancer cette barquette carton ? En d’autres termes, comment avez-vous pensé, réfléchi et créé cette barquette carton ?
Céline Montauriol, directrice RSE du Groupe Azura : « Tout d’abord, la nécessité d’intégrer le développement durable dans toute la stratégie du groupe est le fer de lance du Groupe Azura et de ses dirigeants.
Nous avons commencé par faire un travail d’introspection. Nous avons lancé ce que l’on appelle une analyse du cycle de vie de nos produits en 2009 et 2019 pour connaître notre impact sur l’environnement. Cette analyse a été réalisée sur l’ensemble de notre production, depuis les matières premières nécessaires à la culture de nos tomates, jusqu’à la fin de vie de nos produits et le recyclage de nos emballages. Cette analyse a notamment révélé que 20% de notre impact carbone est lié aux packagings.
Nous challengeons également nos fournisseurs au quotidien pour proposer des solutions plus durables et responsables. Nous leur avons montré les résultats de l’analyse du cycle de vie et l’impact de nos emballages. Nos équipes RSE, packaging et R&D les ont accompagnés sur toutes les étapes de la réflexion et de la production de notre nouveau packaging carton. C’est un projet de co-construction."
Il a fallu aussi du temps pour développer cette nouvelle offre ?
Céline Montauriol : Les échanges ont commencé dès mars 2021, au moment où les premières décisions sont apparues. Nous avons travaillé sur la question pour se mettre en conformité avec la loi et répondre à la demande des consommateurs et leurs convictions environnementales dès cet instant.
Nous avons mis en place tout un travail de pédagogie en rencontrant tous les acteurs de la profession. Nous nous sommes basés sur des données scientifiques, et nous avons été tout de suite très engagés sur le sujet à travers une approche globale au sein de chacun des services de notre groupe.
Et aujourd’hui avec le lancement en test de cette barquette carton dans les magasins Carrefour et Carrefour Market de l’Ile-de-France et des Hauts-de-France nous avons pu anticiper et être prêts avant l’obligation légale de juin 2023 qui prévaut pour les tomates cerise. »
Nicolas Calo, directeur communication du Groupe Azura : « En parallèle, nous avons également développé une solution qui s’assimile au vrac, avec le concept de l’Apéro Box. C’est une box en carton dans laquelle nous proposons à nos client 1kg de tomates cerises préalablement sélectionnées en vrac.
Nous avons une réelle démarche globale d’anticipation et d’amélioration de l’impact de notre activité sur toute la chaîne de nos produits et le packaging en fait partie.
Depuis 2019 nous avons ainsi économisé près de 400 tonnes de plastique chez Azura, c’est l’équivalent d’environ 10 millions de bouteilles de plastique d’un litre et demi. Depuis le lancement de la barquette carton chez Carrefour, ce sont ainsi 45 tonnes de plastique qui ont été économisées. »
Était-ce une demande du distributeur ?
Céline Montauriol : « Nous avons toujours été conscients de la nécessité d’agir sur nos packagings dans l’intérêt de la planète et de l’environnement. Et c’est encore mieux si nous réussissons à travailler de concert avec les distributeurs, dans l’intérêt des consommateurs. Le développement durable est une question de partenariat avec l’amont et l’aval. Nous avons donc interrogé toute la chaîne de valeur à savoir l’amont avec les fournisseurs d’emballages mais aussi l’aval et donc nos clients distributeurs. »
Nicolas Calo : « Sur ce dernier point, nous avons co-développé, main dans la main, avec l’enseigne Carrefour, cette alternative de barquette carton pour nos tomates cerises allongées. En résumé, il s’agit d’un véritable partenariat, un contrat tripartite qui intègre l’environnement. »
Quelles ont été les contraintes techniques pour Azura ?
Céline Montauriol : « Les principales contraintes se trouvaient du côté de nos fournisseurs d’emballages qui n’étaient pas prêts, que ce soit au niveau des machines ou à cause du contexte actuel de pénuries de matières premières. La plupart de ces fournisseurs étaient des spécialistes du plastique qui n’avaient pas de solutions alternatives. Nous avons dû les challenger, interroger un grand nombre d’acteurs du secteur, notamment des cartonniers pour réfléchir, les encourager et développer des solutions satisfaisantes.
L’une des autres contraintes a été la raréfaction de la matière première : le carton. Avec la crise sanitaire et l’explosion du e-commerce et de la livraison, le marché du papier et du carton a totalement été déstabilisé. »
Nicolas Calo : « Enfin, même s’il ne s’agit pas d’une contrainte technique à proprement parler, une réflexion nous a semblé prioritaire au sein du Groupe Azura : il faut prendre en compte l’intérêt du consommateur sur cette question ! Celui-ci a été habitué pendant des années à acheter des tomates dans un emballage plastique qui est transparent, avec lequel il peut très bien voir le produit et il va soudainement se retrouver avec une barquette carton forcément beaucoup plus opaque avec laquelle le produit est moins visible.
Comment envisagez-vous l'impact pour le consommateur ?
Nicolas Caro : Nous venons de changer les habitudes de consommation car les consommateurs se retrouvent avec un nouvel emballage auquel ils ne sont pas habitués. Pour permettre aux consommateurs de garder ses repères, nous sommes aussi rapprochés des distributeurs pour faire de la pédagogie avec une communication sur le lieu de vente, les réseaux sociaux et sur la barquette afin de prévenir de ces changements. Au final, les consommateurs doivent savoir qu’il s’agit du même produit, au même prix, avec le même goût et la même qualité mais dans un emballage plus respectueux de l’environnement. »
Comment se définirait en général la philosophie d’Azura en matière d’emballage ?
Céline Montauriol : « Nous avons une démarche globale d’anticipation et d’amélioration de l’impact environnemental de notre activité sur toute la chaîne de nos produits et le packaging en fait partie. Il faut bien avoir à l’esprit que le packaging n’est que la face émergée de l’iceberg dans une stratégie de développement durable.
Dans le cadre de notre analyse du cycle de vie, nous travaillons client par client et distributeur par distributeur. Pour ce qui est de l’obligation légale, nous parlons de nos initiatives en France, mais à l’échelle des pays, nous étudions la question du packaging en termes de recyclabilité. Il ne s’agit donc pas de passer au « tout carton » sans réfléchir, mais bien d’analyser la solution la plus responsable sur le plan environnemental dans chacun des pays où nous sommes présents. »
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