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Tour de plaine
Vague de froid : peu d’inquiétudes pour les céréales françaises

Les agriculteurs connaissent les risques de semer des orges de printemps en hiver, mais ils peuvent réagir, selon Arvalis-Institut du végétal. Vincent Braak, analyste de Tallage/Stratégie Grains, a donné sa vision concernant le colza.

© minka2507-Pixabay

Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé Grandes cultures, a indiqué, le 10 février, que la vague de froid frappant l’Hexagone n’engendre guère d’inquiétudes actuellement pour les cultures d’hiver, dans l’ensemble. « Les conséquences devraient être marginales. Les couvertures neigeuses permettent de protéger les plantes, bien que des secteurs soient vulnérables. Nous avons globalement eu de belles levées. […] En revanche, les orges de printemps semées en hiver pourraient peut-être souffrir davantage du gel, tout comme les colzas qui ont été mal implantés », expliquait-il.

Un constat que partage dans l’ensemble Jean-Charles Deswartes, expert d’Arvalis-Institut du végétal. Ce dernier se veut même davantage rassurant quant aux orges de printemps semées en hiver : il ne voit pas pour le moment – et à condition que d’autres épisodes de gel ne surviennent pas – de retournement significatif de ces parcelles.

Les orges de printemps semées sur la période octobre-décembre sont génétiquement plus sensibles au froid, confirme l’expert d’Arvalis-Institut du végétal. Ainsi, les températures étant descendues très bas (parfois sous le seuil des 10 °C) dans certains secteurs, incluant des bassins de production d’orge de printemps semée en hiver – soit le Berry, la Beauce ou encore la Bourgogne –, ont inquiété. Toutefois, le mois de janvier s’est avéré assez frais, empêchant les cultures de trop se développer et de s’exposer au gel, rappelle Jean-Charles Deswartes. « L’apex est souvent encore dans le sol. Lorsqu’il y a une couverture neigeuse, les plantes sont protégées. Les zones où des dégâts sérieux sont susceptibles d‘apparaître sont les zones où la couverture neigeuse est faible ou absente », détaille-t-il. Par conséquent, les pertes devraient être très marginales et très localisées.

Des dégâts foliaires… sans gravité

Des dégâts foliaires sont constatés, mais ne constituent guère une source d’inquiétude pour le spécialiste : « Tant que l’apex n’est pas touché, la plante peut se régénérer ». Jean-Charles Deswartes rappelle que la chute de feuilles est fréquente à cette période de l’année, mais pourrait presque être une bonne nouvelle : « Cela peut enlever des portes d’entrée à d’éventuelles maladies ».

Vincent Braak, analyste de Tallage, indique de son côté « avoir révisé à la baisse les prévisions de sole d’orge de printemps. Mais les températures douces et la quasi-absence de pluies sont bienvenues ». Aucun chiffre précis n'a pour le moment pu être communiqué, seulement une tendance de l'expert: « nous avons des hypothèses d’emblavements nationaux inférieurs aux prévisions dernièrement publiées par Agreste pour les orges d’hiver ».

Rappelons qu'Agreste estimait début février la sole d'orge d'hiver à 1,213 Mha, et d'orge de printemps à 0,5 Mha (0,8 Mha l'an dernier).

La récente remontée des températures permettra de vite constater les effets de la vague de froid. Les agriculteurs pourront ainsi réagir à temps, confirme Jean-Charles Deswartes. « Si les dégâts ont été plus importants que prévu, les producteurs auront le temps de resemer. Ils sont conscients du risque qu’ils prennent en semant des variétés de printemps en hiver et sont donc prompts à s’adapter en cas de problème. Ainsi, les surfaces d’orge de printemps ne devraient guère être pénalisées », détaille-t-il.

En colza, « un scénario avec une récolte ferme France à moins de 3 Mt est loin d’être exclu. Mais, pour l’instant, nous pensons que les surfaces restantes présentent de bons potentiels de rendements, et nous tablons encore sur un volume 2021 supérieur à 3 Mt », indique Vincent Braak. 

Comme pour les orges, les colza ont perdu des feuilles, mais la plante est capable de se régénérer. Toutefois, il faudra rester vigilant, prévient Vincent Braak: « Le redoux actuel sera idéal pour que les agriculteurs puissent notamment fertiliser leurs parcelles. Les éléments suivants seront à surveiller : les risques de gels tardifs à la floraison, la pression des insectes et des maladies, les potentielles pertes de siliques en cas de conditions pré-récoltes néfastes (vent, grêle, etc.) »

 

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