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FranceAgriMer
Retour sur la campagne 2019/2020 en céréales bio françaises, et perspectives pour la récolte 2020

Le conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer (FAM) du 17 novembre a fait un bilan de la collecte hexagonale de céréales biologiques ainsi que de son utilisation en meunerie et en alimentation animale sur la campagne 2019/2020. Un premier point a été effectué sur la collecte céréalière bio 2020 concernant le blé tendre, l'orge et le triticale, ainsi que sur la qualité du blé tendre de l’année.

© Agence Bio

En 2019, la France enregistre une surface en céréales biologiques de 423 000 ha (dont 167 000 ha en conversion), soit un triplement depuis la récolte 2011, indique Marion Duval, adjointe au chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. Ce résultat s’explique par la réforme de la PAC en 2015, qui a relancé l’agriculture biologique. En 2019/2020, la collecte de céréales s’établit à près de 650 000 t, soit un triplement des volumes depuis la campagne 2014/2015. L’effet rendement rend la progression chaotique, notamment sur les campagnes 2016/2017 (241 000 t) et 2018/2019 (382 000 t). En revanche, en 2019/2020, on s’inscrit bien sur une campagne record en termes de collecte de céréales biologiques en France.

Selon les derniers chiffres Eurostat disponibles, avec 300 000 ha de céréales cultivées en agriculture biologique en 2017, la France au sein de l’UE fait partie du top 4, derrière l’Italie mais devant l’Allemagne et l’Espagne. En revanche, si l’on ramène la surface en céréales biologiques à la surface totale en céréales des Etats membres, la France est plutôt dans le bas du classement, l’Autriche s’inscrivant dans les premières places.

Des conversions en progression continue

Si l’on regarde la part des conversions dans la collecte de céréales biologiques, cette dernière n’a fait que progresser au fil des ans. En 2019/2020, un tiers de la collecte globale (bio et conversion) provient de surfaces en conversion, autrement dit la collecte issue de surfaces en conversion représente la moitié du volume collecté en bio.

Concernant le profil de la collecte 2019/2020 en céréales biologiques, il ‘est différent de celui en agriculture en conventionnel. En effet, un des premiers marchés en céréales biologiques est l’alimentation animale, d’où l’apparition du triticale (14,7 % de la collecte globale) dans le top 4 des céréales cultivées en agriculture biologique, derrière le blé tendre (38,9 %) et le maïs (24,9 %) mais devant l’orge (10 %).

En 2019/2020, on a une concentration de la collecte sur trois régions : l’Occitanie (108 000 t), la Nouvelle-Aquitaine (106 000 t) et, dans une moindre mesure, les Pays-de-la-Loire (73 000 t). Il est intéressant de voir que le triplement de la collecte biologique nationale depuis 2014/2015 est le fait de chacune de ces régions. L’« effort bio », qui correspond au rapport de la collecte biologique sur la collecte globale (exprimé en « pour mille », ‰), est particulièrement important sur les régions du sud de le France. Et,notamment, en région Paca où l’ »effort bio » est passé de 47 ‰ en 2014/2015 à 135 ‰ en 2019/2020.

Les céréales, parents pauvres de la filière bio française

Les céréales dites « majoritaires » (à savoir les blé dur, blé tendre, maïs, orge) dans la collecte bio sont moindres qu’en agriculture conventionnelle. La part de la collecte bio (rapport de la collecte bio sur la collecte totale) pour les céréales « majoritaires » reste, de fait, inférieure à 1 % en 2019/2020, sauf pour le maïs avec un pourcentage de 1,5 %. En revanche, pour les céréales dites « minoritaires » en agriculture conventionnelle, on a une part de la collecte bio plus importante. Un exemple parlant est le sarrasin, une pseudo-céréale, dont près de 50 % de la collecte en France est biologique.

En moyenne, en France, la surface biologique en 2019 représente 8,3 % de la surface cultivée globale. Les grandes cultures se positionnent à un peu moins de 5 %. Les filières dont les surfaces sont le plus converties en agriculture biologique sont les fruits avec 26 % et les PPAM (plantes à parfum, aromatiques et médicinales) avec 20 %.

Des utilisations en forte progression

La forte progression des disponibilités (qui totalisent la collecte, les importations et le stock de report) entre 2013/2014 (200 000 t) et 2019/2020 (521 000 t) est à mettre en regard des secteurs de l’aval, qui consomment ces céréales biologiques.

Sur la meunerie, entre les campagnes 2013/2014 et 2019/2020, les mises en œuvre de grains ont plus que doublé pour dépasser les 200 000 t, dont 194 000 t de blé tendre. En 2020/2021, les mises en œuvre en blé tendre sont attendues en hausse, mais dans une moindre mesure que les campagnes précédentes, à 205 000 t.

En alimentation animale, les mises en œuvre de grains ont également été multiplié par deux entre 2013/2014 et 2019/2020, pour atteindre les 300 000 t. En 2020/2021, les mises en œuvre de triticale augmenteraient de 72 000 t à 78 000 t, celles de blé tendre de 59 000 t à 62 000 t et celles d’orge de 40 000 t à 44 000 t. En corollaire, la production d’aliments pour le bétail biologique a logiquement doublé, passant de 275 100 t en 2013 à 581 300 t en 2019, selon des chiffres d’Agreste/La Coopération agricole Nutrition animale/Snia. C’est le secteur de la volaille qui tire le plus la demande en aliments composés en 2019, avec les poules pondeuses (55 % du total) et les poulets (20 %), puis les bovins (11 %) et le porc (10 %), selon la même source. Cette progression des l’aliment bio est à mettre en relation avec les productions animales. Entre 2013 et 2019, on observe un doublement de la collecte annuelle de lait de vache bio, pour s’établir à plus de 975 millions de litres récoltés, selon le Service statistique public/FranceAgriMer, tandis que les achats d’œufs biologiques des ménages français ont progressé de 71 % sur la même période, pour atteindre 760 millions d’œufs vendus, selon Panel Kantar.

Projections sur la campagne 2020/2021, en termes de quantité et de qualité

La réunion Bilans pour les céréales biologiques s’est tenue en septembre et n’a concerné que le blé tendre, l’orge et le triticale. Comme en conventionnel, la campagne culturale a été impactée par des conditions météorologiques de tous les extrêmes et des rendements fortement pénalisés, indique Marion Duval, adjointe au chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. La collecte céréalière française est, de fait, attendue globalement en recul par rapport à 2019/2020. La baisse en triticale est estimée à 35 % (à 62 000 t), à 15 % en orge (à 55 000 t) et à 14 % en blé tendre (à 215 000 t), soit une collecte pour ces trois céréales prévue à 332 000 t (contre 409 059 t en 2019/2020).
Malgré une collecte en baisse en 2020/2021, on s’attend à une stabilité a minima des disponibilités en blé tendre/orge/triticale bio, à 519 000 t (contre 521 000 t en 2019/2020). Et ce, grâce à une nette hausse du stock de report, à de 138 148 t (contre 62 158 t en 2019/2020), les importations n’évoluant quasiment pas, à 49 000 t (contre 50 096 t en 2019/2020).
Concernant la qualité du blé tendre bio français de la récolte 2020, FranceAgriMer a donné des premiers résultats, le 17 novembre, en attendant la parution de l’enquête en fin de semaine 47. Analysée sur 80 échantillons prélevés dans 53 sites visités, la teneur en protéine s’élève à 11,1 % en moyenne nationale, détaille Sandra Favret, chargée d’études sur la qualité des céréales. Les trois quarts des échantillons présentent un taux supérieur à 10,5 %, dont 12 % au-delà des 12 %. Le poids spécifique (PS) atteint 78,2 kg/hl en moyenne nationale. Quelque 82 % de la collecte possède un PS supérieur à 76 kg/hl. Concernant la teneur en eau, la moyenne nationale atteint 12,9 %. Dans 66% des cas, elle est comprise entre 12 % et 14 %. La faible humidité du grain augure de la bonne conservation des grains. Par ailleurs, 84 % des blés analysés présentent temps de chute de Hagberg supérieur à 240 secondes. Quant au test de panification de type tradition française, la note s’élève en moyenne nationale à 259 sur 300, avec une hydratation de 64 % et des volumes de 1 069 cm3.

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