Election présidentielle aux Etats-Unis
Quid de l'élection de Joe Biden sur les marchés des céréales et oléagineux
Le changement de style entre le démocrate Joe Biden qui vient de remporter la présidence aux Etats-Unis, et Donald Trump, est une certitude mais quelle sera l'empreinte du futur occupant de la maison blanche sur les marchés des grains ?
Le changement de style entre le démocrate Joe Biden qui vient de remporter la présidence aux Etats-Unis, et Donald Trump, est une certitude mais quelle sera l'empreinte du futur occupant de la maison blanche sur les marchés des grains ?
Joe Biden devrait, en principe, occuper le bureau oval de la maison blanche dès l'année prochaine, mettant ainsi un terme à l'ère Trump. Un retour à la normale pour la première puissance mondiale après 4 années pour le moins originales. Pour autant, le départ du singulier Donald Trump est-il de nature à changer la donne sur le marché mondial des céréales et des oléagineux en cette fin de première moitié de campagne 2020/2021 ? Pas vraiment, ou plutôt pas directement, les fondamentaux étant déjà bien ancrés et ne risquent pas d’évoluer avec cette élection. Néanmoins, certains éléments seront à surveiller de près.
Trois points clés à plus ou moins long terme
Premier élément clé qui pourrait faire bouger quelques lignes, la monnaie états-unienne. Au regard du programme social de Joe Biden notamment. Le plan social prévu dans son programme, si toutefois il était vraiment mis en oeuvre, nécessiterait d'importantes dépenses publiques. "Des mesures qui pourraient peser sur le dollar US et donc le faire reculer face à d'autres devises, renforçant ainsi la compétitivité des productions nord américaines", estime Edward de Saint-Denis, courtier en céréales chez Plantureux et président du Syndicat de Paris du commerce et des industries des grains, produits du sol et dérivés. Les exportations de l'Union européenne en souffriraient potentiellement. En revanche les importations, notamment de soja, deviendraient moins onéreuses pour l'industrie hexagonale.
Deuxième effet potentiel de l'arrivée au pouvoir de Joe Biden, un changement de stratégie concernant l'épidémie de la Covid-19 aux Etats-Unis. Là où son prédécesseur prenait le sujet à la légère, le démocrate a promis de s'en remettre aux scientifiques et devrait logiquement renforcer les mesures de confinement dans le pays si besoin. Si c'était le cas, une baisse de la consommation, entre autres effets, est à prévoir. Une chute des utilisations de carburants et de biocarburants serait donc attendue avec pour conséquences une baisse des cours du pétrole et des matières premières entrant dans la fabrication d'essence ou de biodiesel (Maïs aux Etats-Unis notamment mais aussi soja, canne à sucre, blé, colza, et palme).
Plus globalement, de la santé économique des Etats-Unis dépendra celle des autres économies du globe. On le sait et le constate à chaque grand mouvement des places financières, notamment lors des des dernières crises, si Wall Street va mal, l'ensemble des places financières mondiales suivront un chemin similaire.
Quel impact sur la politique internationale
La politique internationale menée par Jo Biden, qui devrait là aussi se distinguer de son prédécesseur républicain, impactera nécessairement le marché des matières premières, productions agricoles comprises. Et au premier rang (conflits armés mis de côté) la poursuite des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.
"L’élection de Biden devrait apporter davantage de visibilité et de sérénité sur les marchés. Ils devraient continuer à nouveau vivre, évoluer, vibrer comme c’est le cas depuis août, selon les fondamentaux, mais pas que, le comportement des opérateurs étant toujours très prégnant dans l’évolution des cours", estime pour sa part Virginie Ciesla-Maudet, fondatrice et dirigeante de la société d'analyse technique Assertis (Angers). Et de détailler : "La politique protectionniste de Donald Trump a eu des conséquences impactantes sur les marchés. Et notamment depuis l’été 2019, où la guerre commerciale avec la Chine a perturbé les échanges habituels. Les cartes ont été redistribuées changeant de manière parfois radicale les habitudes d’achat. Le soja, le maïs ont particulièrement subi de plein fouet ce contexte délétère. Le blé a suivi en sympathie. Les décisions à l’emporte-pièce de Trump n’ont pas rassuré les marchés, les contenant parfois dans un contexte de prix bas extrêmes et d’attente comme en maïs avec des prix contenus entre 310-350 $/b entre mars 2019 et août 2020. Depuis août 2020, nouveau paradigme, le retour des chinois avec l’importation massive de maïs ont dopé les prix (+30% en 3 mois). Cela se matérialise également chez les fonds qui depuis septembre affichent une nouvelle nervosité avec des pics de long/short que nous n’avions pas vu depuis septembre 2019."