Pommes de terre : des repousses nuisibles et difficiles à éliminer
Selon Arvalis et l’ITPT, la difficulté tient du fait qu’il faut à la fois détruire les parties aériennes et empêcher la formation de tubercules viables.
POURQUOI détruire les repousses de pomme de terre ? La présence de repousses de pomme de terre peut s’avérer particulièrement nuisible dans les cultures qui couvrent tard le sol. A titre d’exemple : cinq repousses au mètre carré dans une culture de betteraves peuvent provoquer une baisse de rendement pouvant atteindre 30 % (Bulletin de Morley n°123). «Ce sont potentiellement des foyers primaires d’infection pour le mildiou mais aussi des réservoirs pour les virus, explique Catherine Vacher, chercheuse au sein d’Arvalis-Institut du végétal et de l’Institut technique de la pomme de terre (ITPT), dans un article paru dans la revue professionnelle Pomme de terre Hebdo. En outre, elles participent au maintien et à l’augmentation de l’ensemble des pathogènes du sol (nématodes, champignons,…) et atténuent voire suppriment les effets bénéfiques d’une rotation longue.» Un autre risque concerne le mélange de variétés. En culture, la présence de repousses de pommes de terre féculières est assez facile à identifier, alors qu’il est difficile de distinguer la variété de consommation des repousses issues d’une autre variété de consommation. L’application en végétation d’un antigerminatif de type Fazor ( hydrazide maleique) permet de réduire d’au moins 50% les repousses. Un réglage approprié de la machine permet aussi de ne pas laisser trop de tubercules sur le sol lors de l’arrachage.
Les céréales à paille et le maïs à la rescousse
Le froid hivernal peut détruire les tubercules en les rendant déliquescents et en favorisant leur pourrissement. Mais la sensibilité au froid hivernal semble être différente selon les variétés. Certaines pratiques culturales nécessaires à l’implantation de la culture suivante, comme le labour, favorisent l’enfouissement des tubercules restés à la surface du sol et les soustraient ainsi à l’action bénéfique du froid. Mais l’action et l’intensité du gel sont aléatoires et pas toujours suffisantes ; il est donc nécessaire de compléter son action par une lutte chimique dans la rotation et toutes les cultures de la rotation ne se prête pas à une lutte chimique efficace.
C’est dans les céréales à paille et le maïs que la lutte paraît la plus intéressante. En céréales, les produits à base de fluroxypyr (Starane 200, Ariane, ..) ont une action secondaire intéressante surtout lorsque les applications sont réalisées sur des repousses jeunes, si possible avant tubérisation et avant le stade deux nœuds de la céréale (stade limite d’utilisation). Il est donc recommandé après une culture de pomme de terre de choisir plutôt une variété de céréale à montaison tardive pour permettre la mise en œuvre de cette technique dans de bonnes conditions. Par ailleurs, la céréale de part son pouvoir étouffant limite aussi le développement des repousses. En culture de maïs, de nombreux herbicides comme Mikado, Calisto présentent une action secondaire sur pomme de terre.
Des cultures de printemps plus problématiques
C’est dans les cultures implantées au printemps (betteraves, protéagineux) que la lutte est la plus difficile et la plus onéreuse.
Concernant la culture de betteraves, les solutions disponibles sont imparfaites. Il est donc nécessaire d’intégrer la gestion des repousses dès la céréale. On note une action sur les parties aériennes des herbicides à base d’ethofumesate, phenmédiphame, clopyralid et triflusulfuron-méthyl à forte dose, mais ces matières actives ne permettent pas une destruction satisfaisante des tubercules. Les interventions mécaniques, passages de bineuse, binette, donnent de meilleurs résultats.
De même, il n’existe pas encore de solution réellement satisfaisante pour lutter contre les repousses de pommes de terre dans le cadre d’une culture de pois protéagineux.
L’interculture est une opportunité à ne pas négliger. L’utilisation d’herbicides totaux à base de glyphosate à la dose de 1.440 g de matière active par hectare avant tubérisation ou 2.160 g au début de tubérisation permet leur destruction.
Nécessité d’associer plusieurs techniques
Les repousses de pommes de terre sont des mauvaises herbes difficiles à contrôler. Il est nécessaire d’associer plusieurs techniques qui débutent dès la récolte et parfois même avec l’application d’un antigerminatif en végétation. A la récolte, il convient de limiter le nombre de tubercules qui restent du champ. Après récolte, de favoriser leur exposition au froid le plus longtemps possible et d’éviter à l’automne d’utiliser pour implanter la culture suivante, des techniques culturales qui favorisent leur enfouissement en profondeur. Dans la rotation, de choisir des herbicides qui présentent une activité sur les repousses. Enfin, afin de limiter la progression des repousses de pommes de terre, d’éviter le retour trop fréquent de la culture.