Nutrition animale : vers une révision à la baisse des teneurs en mycotoxines
A l’occasion de sa journée annuelle de restitution, Oqualim s’est particulièrement concentré sur les mycotoxines pour lesquelles l’UE doit prochainement émettre de nouvelles recommandations.
A l’occasion de sa journée annuelle de restitution, Oqualim s’est particulièrement concentré sur les mycotoxines pour lesquelles l’UE doit prochainement émettre de nouvelles recommandations.
La réglementation en alimentation animale devrait connaître en 2024 plusieurs publications qui impacteront la surveillance effectuée sur les matières premières agricoles et les aliments composés. Frans Verstraete de la direction générale Santé et Sécurité des Aliments de la Commission européenne espère que les nouvelles recommandations de teneurs en mycotoxines dans les matières premières et les aliments seront notamment disponibles en septembre.
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« Nous avons travaillé avec les professionnels et les experts pour établir non pas des limites maximales mais des recommandations » expliquait-il. Responsable de l'élaboration, du développement et de la gestion de la législation européenne concernant les contaminants présents dans les aliments pour animaux et les denrées alimentaires, il intervenait lors de la table ronde sur les mycotoxines organisée par Oqualim le 30 mai à l’occasion de sa journée annuelle de restitution.
Révision de la directive européenne sur le datura et l'ergot
Le socle reste la directive 2002/32 qui fixe des seuils pour les substances indésirables mais elle sera révisée normalement à l’automne. A priori, les seuils pour deux contaminants, les sclérotes d’ergot et les aflatoxines du datura, devraient par exemple être divisés par deux à 500 mg/kg. Ce qui ne devrait pas poser trop de problème pour la nutrition animale française.
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« Dans le plan mutualisé Oqualim, en 2023, 45 recherches de sclérote de l’ergot on été effectuées, tous les résultats seraient conformes au seuil envisagé », pointait ainsi Florence Quéré (responsable qualité Nutrea) qui présentait les résultats des plans mycotoxines 2023.
Révision des directives sur les mycotoxines
Les recommandations 2006/576 et 2013/165 qui concernent spécifiquement les mycotoxines seront également révisées.
« De nombreuses valeurs seront revues à la baisse et des teneurs maximales recommandées seront ajoutées pour des matières premières qui n’en disposaient pas jusqu’alors », explique Céline Ravel.
« De nombreuses valeurs seront revues à la baisse et des teneurs maximales recommandées seront ajoutées pour des matières premières qui n’en disposaient pas jusqu’alors », explique Céline Ravel, directrice d’Oqualim. Un seuil assez faible, de 2,5 mg/kg devrait ainsi être fixé sur DON pour les matières premières à base de soja.
Ce graphique montre une bonne conformité de la nutrition animale non seulement vis-à-vis des seuils existants mais aussi des seuils recommandés possibles.
Même si le choix est fait de conserver des limites maximales recommandées (sauf pour les aflatoxines et les sclérotes d’ergot qui sont règlementés), la détection d’une présence supérieure à ces valeurs entraîne une « présomption de dangerosité » : une analyse de risques et une explication des mesures de maîtrise (par exemple une dilution des lots) devraient donc être demandées pour tout dépassement de ces valeurs recommandées.
Les risques de présence de mycotoxines augmentent en raison des évolutions du climat, des pratiques culturales et de la réglementation qui réduit les autorisations de produits de traitement.
Les connaissances continuent à s’accumuler sur les dangers des mycotoxines et les risques associés. Les risques augmentent en raison des évolutions du climat, des pratiques culturales et de la réglementation qui réduit les autorisations de produits de traitement (désherbage, fongicides), a expliqué Benoit Méléard, responsable du pôle qualités technologiques et sanitaire des céréales d’Arvalis. De son côté, Isabelle Oswald (directrice de recherche à l’Inrae et vice présidente de la société internationale de mycotoxicologie) précise que, si les dangers sont assez connus, la recherche continue sur la sensibilité de certains espèces aux différentes mycotoxines, sur de nouvelles mycotoxines (comme la NX) et, surtout, les effets cocktails (multi-contaminations ou synergie mycotoxines/métaux lourds).
L’année 2024 est en tous cas propice au développement de mycotoxines au champ, la pluie à la floraison des blés accentuant les risques de DON. L’abaissement des seuils autorisés sur les matières premières interroge même les politiques, Anne Sander (députée européenne du groupe Renew) allant jusqu’à demander un report de l’application de ces seuils.