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Interview
Blé tendre - "Les céréaliers français n'ont pas profité tant que ça des prix très élevés jusqu'ici"

Dans le contexte d'extrême fermeté des prix du blé tendre, Antoine Hacard, président de la Coopération agricole Métiers du grain, constate qu'une grande partie des grains était déjà vendue par les agriculteurs français avant la flambée des prix liée à la guerre en Ukraine.

Antoine Hacard, président de La coopération agricole Métiers du grain, est également président du Conseil d’administration du groupe coopératif Cérèsia situé dans le Nord Est de la France
© Cérèsia
La Dépêche Le petit meunier : Les céréaliers français ont-ils profité des cours observés depuis le début de la guerre en Ukraine ? 

Antoine Hacard, président de La coopération agricole Métiers du grain : Pas tant que ça. Concernant la récolte 2021, on a observé des hausses de septembre à novembre qui ont été marquées par des ventes. Une très grosse partie des volumes de blé 2021 était déjà vendue par les producteurs avant la guerre qui a démarré fin février. Une bonne partie de la récolte est d’ailleurs vendue avant même de l’avoir moissonnée. Donc c’est plutôt sur la récolte 2022 qu’il faut se pencher. Or avec la sécheresse actuelle, beaucoup se demandent ce qu’ils récolteront dans leur champ. Au niveau national, ceux qui ont engagé 40% de leur volume en prix ferme attendent maintenant d’y voir plus clair pour ne pas risquer de ne pouvoir livrer. Les 400 euros la tonne de blé, peu d’agriculteurs ont pu les marquer. Pour répondre à ceux qui considèrent que les agriculteurs s’enrichissent actuellement, on ne choisit pas ce métier pour devenir riche.  

 

La Dépêche Le petit meunier : Constatez-vous de la rétention de la part des agriculteurs actuellement ? 

Antoine Hacard : Qu’il s’agisse des organismes stockeurs ou des agriculteurs, il n’y a pas de rétention. Au regard des prix actuels, les industriels français ne sont pas pressés d’acheter. Le marché est approvisionné. 

 

La Dépêche Le petit meunier : Certes les prix de vente du blé ont explosé depuis 3 mois, mais ceux des engrais également. La culture du blé est-elle plus rentable pour la récolte 2022 ou pour la 2021 de votre point de vue ? 

Antoine Hacard : L’année 2021 a marqué une première étape de redressement de la situation économique des céréaliers. L’explosion des cours du blé pour la récolte 2022 devrait confirmer des niveaux de résultat satisfaisants. Il faut tout de même considérer que de 2016 à 2020, il était difficile de faire vivre les exploitations correctement et de dégager des résultats économiques pour investir et pérenniser l’activité. Par ailleurs, les exploitations ne produisent pas que du blé. Toutes les productions agricoles n’affichent pas les mêmes hausses de prix en ce moment. 

 

La Dépêche Le petit meunier : Que répondez-vous à ceux qui s’interrogent sur la flambée des prix du blé tendre alors que le marché français est largement approvisionné et que la France exporte plus du tiers de sa production chaque année ? 

Antoine Hacard : On ne manque pas de blé en France, mais le prix est mondial. Les industriels comme les consommateurs seront touchés par ces hausses. Beaucoup de matières premières agricoles affichent des prix en progression. Ça coutera donc plus cher de se nourrir en France cette année. Les Français doivent s’y préparer. Mais au regard du budget alimentaire dans la consommation globale, les Français sont largement gagnant sur les 50 dernières années, même avec les prix actuels. Et il faut aussi être conscient que pour la partie céréalière, nous avons des volumes en France alors que d’autres secteurs sont en tension, comme l’huile de tournesol, le poulet, la viande bovine, les pâtes…
Globalement, l’Agriculture française est puissante et permet aux consommateurs français un accès à une nourriture saine. On voit que la France et l’Europe se réapproprient la question de la sécurité alimentaire. Et pour cela il faut se donner les moyens de produire. 

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