Aller au contenu principal

Les besoins en céréales pour l’élevage augmentent au Maghreb

En Afrique du Nord, le développement de l’élevage hors-sol et la dégradation des pâturages soutiennent la hausse de la demande en céréales pour l’alimentation animale.

moutons au pâturage en tunisie, sécheresse, ruines romaines Haidra
Des ovins paissent dans la steppe dans le gouvernorat de Gasserine (Tunisie) en janvier 2023
© Adèle d'Humières

Le changement climatique influence non seulement les zones de cultures céréalières au Maghreb, mais également la consommation de fourrages par l’élevage. En effet, la multiplication des sécheresses a aussi profondément transformé la physionomie de l’élevage en Afrique du Nord : celui-ci a vu le développement du hors-sol au Maroc et en Algérie pour pallier la dégradation des pâturages et le développement de cultures fourragères irriguées conjointement.

Lire aussi : Les surfaces de céréales reculent au Maghreb sous l’effet du changement climatique

Le changement climatique et le surpâturage ont dégradé la steppe au Maghreb

« En 2023, on a pu constater entre 8 et 10 % de décapitalisation sur les filières ovines et caprines, dans les normes pour une période de sécheresse », explique Ali Hatimy, agroéconomiste pour l’ONG Nitidae et contributeur du média Nechfate sur l’agriculture et l’eau au Maroc. Mais selon lui, le petit élevage a connu une décapitalisation beaucoup plus forte, autour des 20 %, car celui-ci dépend principalement de l’état de la steppe. « En Algérie, celle-ci couvre 2,7 Mha mais est de plus en plus dégradée par l’érosion, la charge pastorale élevée et le non-respect des interdictions de pâturer. Il y a un vrai besoin de réhabilitation de la steppe », diagnostique Krimo Behlouli, ancien directeur de la Coopérative de céréales et légumes secs de Blida, dans l’Ouest de l’Algérie. 

En Tunisie, tous les types d’élevage ont été touchés par la succession des sécheresses. « L’année dernière, le cheptel de vaches laitières a reculé de 40 % en Tunisie, sous l’effet de la hausse du prix de l’aliment », déplore Oumayma Ben Salem, ingénieure technico-commerciale pour le groupe Rose blanche, troisième producteur d’aliments composés tunisien.

Lire aussi : Pourquoi le Maroc devrait encore importer beaucoup de céréales en 2024/2025 ?

La baisse des récoltes locales en céréales entraîne un déficit en coproduits

De plus, le recul de la production de céréales locale à cause de la sécheresse pénalise également les éleveurs, les mauvaises années, faute de coproduits accessibles. « Il existe des races ovines marocaines qui valorisent très bien la paille », explique Ali Hatimy. « Si la récolte est faible, les éleveurs doivent importer de la paille d’Espagne, ce qui fragilise la filière. Le passage à des variétés à pailles courtes creuse également ce déficit en coproduits pour l’alimentation animale », développe-t-il.

« Si la récolte est faible, les éleveurs doivent importer de la paille d’Espagne, ce qui fragilise la filière», note Ali Hatimy, agroéconomiste marocain.

L’abandon du pâturage, une solution à la hausse de la demande en viande et au déficit de fourrage ?

L’impact des sécheresses sur l’élevage marocain reste relativement limité, car la majeure partie de celui-ci est peu dépendante de l’agriculture pluviale. « Les gros producteurs d’ovins ont abandonné le pâturage depuis longtemps et utilisent de la luzerne irriguée et du maïs, et supplémentent en soja et maïs durant la période d’engraissement avant l’Aïd », signale Ali Hatimy. 

C’est le modèle qui est privilégié pour les gros projets d’investissement dans le Sahara comme en Algérie, où une ferme de 270 000 vaches laitières devrait voir le jour, grâce à des investissements qataris. Celui-ci repose à la fois sur quelques cultures fourragères irriguées sur place (maïs, luzerne, céréales à paille éventuellement), mais aussi et surtout sur les importations de grains. 

Le développement de l’élevage de volailles en Afrique du Nord au détriment de l’élevage traditionnel ovin, moins gourmand en grains importés, devrait également jouer sur la demande des pays du Maghreb dans les années à venir. Seule la Tunisie voit l’élevage hors-sol en vaches laitières et volailles reculer également, faute de capitaux

Lire aussi : En Afrique du Nord, les politiques publiques accordent un soutien préférentiel à l’agriculture irriguée

Les plus lus

Champ de blé tendre.
Moisson 2025 : l'espoir renaît pour les cultures d'hiver malgré des contrastes régionaux

Des moissons d’orges qui démarrent, suivies dans une quinzaine de jours par la récolte des blés, des colzas prometteurs, mais…

Canal Seine-Nord Europe : les travaux vont entraîner la fermeture du canal du Nord pendant de nombreux mois

Outre le problème du financement et de la construction des plateformes multimodales, la construction du canal Seine-Nord…

pain avec logo filière CRC
Meunerie : Auchan se désengage de la filière CRC

Le groupe Auchan, qui utilisait de la farine CRC dans ses ateliers de boulangerie-viennoiserie-pâtisserie depuis 2018, a…

À gauche, un agriculteur français observe des épis de blé dans un champ où flotte le drapeau tricolore ; à droite, un cargo est en cours de chargement de céréales au port.
Exportations céréalières : « L'origine française connaît un regain d’intérêt sur cette deuxième partie de campagne »

À l’issue de son conseil spécialisé du 18 juin, FranceAgriMer a fait le point sur la situation des marchés céréaliers, lors d’…

Une moissonneuse batteuse en action pour la moisson 2025 dans un champ de blé avec les drapeaux de l'Ukraine et de l'UE en arrière plan.
Droits de douanes sur le blé ukrainien : quel effet pour le blé français ?

Depuis le 6 juin 2025, l’Union européenne a rétabli des quotas et des droits de douane sur les importations de céréales…

culture de maïs sur fond de ciel bleu nuageux.
Moisson 2025 : une semaine décisive pour le potentiel de production des cultures de printemps

Pois, féveroles, orges, maïs, tournesols… Les cultures de printemps tiennent bon, mais les fortes températures inquiètent.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne