Les besoins en céréales pour l’élevage augmentent au Maghreb
En Afrique du Nord, le développement de l’élevage hors-sol et la dégradation des pâturages soutiennent la hausse de la demande en céréales pour l’alimentation animale.
En Afrique du Nord, le développement de l’élevage hors-sol et la dégradation des pâturages soutiennent la hausse de la demande en céréales pour l’alimentation animale.
Le changement climatique influence non seulement les zones de cultures céréalières au Maghreb, mais également la consommation de fourrages par l’élevage. En effet, la multiplication des sécheresses a aussi profondément transformé la physionomie de l’élevage en Afrique du Nord : celui-ci a vu le développement du hors-sol au Maroc et en Algérie pour pallier la dégradation des pâturages et le développement de cultures fourragères irriguées conjointement.
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Le changement climatique et le surpâturage ont dégradé la steppe au Maghreb
« En 2023, on a pu constater entre 8 et 10 % de décapitalisation sur les filières ovines et caprines, dans les normes pour une période de sécheresse », explique Ali Hatimy, agroéconomiste pour l’ONG Nitidae et contributeur du média Nechfate sur l’agriculture et l’eau au Maroc. Mais selon lui, le petit élevage a connu une décapitalisation beaucoup plus forte, autour des 20 %, car celui-ci dépend principalement de l’état de la steppe. « En Algérie, celle-ci couvre 2,7 Mha mais est de plus en plus dégradée par l’érosion, la charge pastorale élevée et le non-respect des interdictions de pâturer. Il y a un vrai besoin de réhabilitation de la steppe », diagnostique Krimo Behlouli, ancien directeur de la Coopérative de céréales et légumes secs de Blida, dans l’Ouest de l’Algérie.
En Tunisie, tous les types d’élevage ont été touchés par la succession des sécheresses. « L’année dernière, le cheptel de vaches laitières a reculé de 40 % en Tunisie, sous l’effet de la hausse du prix de l’aliment », déplore Oumayma Ben Salem, ingénieure technico-commerciale pour le groupe Rose blanche, troisième producteur d’aliments composés tunisien.
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La baisse des récoltes locales en céréales entraîne un déficit en coproduits
De plus, le recul de la production de céréales locale à cause de la sécheresse pénalise également les éleveurs, les mauvaises années, faute de coproduits accessibles. « Il existe des races ovines marocaines qui valorisent très bien la paille », explique Ali Hatimy. « Si la récolte est faible, les éleveurs doivent importer de la paille d’Espagne, ce qui fragilise la filière. Le passage à des variétés à pailles courtes creuse également ce déficit en coproduits pour l’alimentation animale », développe-t-il.
« Si la récolte est faible, les éleveurs doivent importer de la paille d’Espagne, ce qui fragilise la filière», note Ali Hatimy, agroéconomiste marocain.
L’abandon du pâturage, une solution à la hausse de la demande en viande et au déficit de fourrage ?
L’impact des sécheresses sur l’élevage marocain reste relativement limité, car la majeure partie de celui-ci est peu dépendante de l’agriculture pluviale. « Les gros producteurs d’ovins ont abandonné le pâturage depuis longtemps et utilisent de la luzerne irriguée et du maïs, et supplémentent en soja et maïs durant la période d’engraissement avant l’Aïd », signale Ali Hatimy.
C’est le modèle qui est privilégié pour les gros projets d’investissement dans le Sahara comme en Algérie, où une ferme de 270 000 vaches laitières devrait voir le jour, grâce à des investissements qataris. Celui-ci repose à la fois sur quelques cultures fourragères irriguées sur place (maïs, luzerne, céréales à paille éventuellement), mais aussi et surtout sur les importations de grains.
Le développement de l’élevage de volailles en Afrique du Nord au détriment de l’élevage traditionnel ovin, moins gourmand en grains importés, devrait également jouer sur la demande des pays du Maghreb dans les années à venir. Seule la Tunisie voit l’élevage hors-sol en vaches laitières et volailles reculer également, faute de capitaux.