LA LOI SUR L’EAU fait débat depuis 2006 au sein des filières dépendantes de l’irrigation en créant des inquiétudes quant aux droits à prélever de l’eau sur certains bassins versants. C’est d’ailleurs pour en demander le report à 2013, auprès des autorités, que les représentants de l’association générale des producteurs de maïs (AGPM) et d’autres acteurs du secteur se sont réunis le 13 avril dernier lors d’un meeting à l’Assemblée nationale.
Une demande pressante d’actes concrets
Les agriculteurs payent chaque année 30 M€ en redevances à l’irrigation. « Dans certaines zones, la redevance atteint les 30€/ha ce qui représente un coût significatif, en plus de l’achat et de l’entretien des infrastructures » alerte Xavier Beulin, vice-président de la FNSEA, qui demande que les règles en agriculture ne soient pas définies par le seul prisme environnemental, tel que Nicolas Sarkozy l’a annoncé au salon de l’agriculture. « Mis à part les effets d’annonces ministérielles, les projets de stockage de l’eau sont toujours en suspens » déplore Daniel Martin, président d’irrigants de France, nouvelle section irrigation de l’AGPM qui veut que l’on rouvre ce dossier. Il rappelle que 5,35% de la SAU française est irriguée, utilisant 4,5Md de mètres cubes d’eau, soit 3% de l’eau utile issue des précipitations. 45% de ces surfaces sont dédiées au maïs. « La loi sur l’eau laisse un sentiment d’injustice aux utilisateurs. Dans le Sud-Ouest les agriculteurs ont eu l’impression d’être floués après une baisse forcée des prélèvements en eau impactant la rentabilité de leurs exploitations » souligne Daniel Martin qui attend que l’on revienne sur les décisions politiques et réglementaires. Xavier Beulin conclue en évoquant l’importance de l’eau en agriculture comme facteur de production.
Conserver les emplois agroindustriels
« La transformation agroalimentaire a besoin de régularité au niveau de ses approvisionnements afin de faire tourner les usines à 100% de leur capacité dans la durée » explique Christian Pèes, président du groupe coopératif Euralis. Il précise que « l’irrigation permet, grâce à la diversité pédoclimatique du sud-ouest français, d’étaler les récoltes de maïs et de faire tourner les usines 80 jours par an ». « Face à la compétition mondiale, l’agriculture française doit disposer de l’eau nécessaire pour survivre et conserver ses emplois agricoles et industriels » insiste-t-il. L’assurance climatique que constitue l’irrigation est d’ailleurs soulignée par William Villeneuve, président des jeunes agriculteurs, lorsqu’il déclare « qu’il faut maintenir les filières sur les territoires en produisant chaque année, qu’elle soit sèche ou humide, grâce à l’irrigation et à la diversification ».
Améliorer la gestion des ressources en eau
La plupart des intervenants s’accordent sur la nécessité de trouver un consensus pour que les agriculteurs irrigants conservent des exploitations viables économiquement. Pour cela, il faut optimiser les utilisations en apportant « la bonne dose au bon moment grâce aux outils de pilotage » a proposé Xavier Beulin. Mais Guy Vasseur, président de l’APCA, va plus loin en demandant la reconnaissance d’une gestion collective de l’eau par les agriculteurs. Il propose d’ailleurs que les redevances soient décroissantes en fonction des bonnes pratiques observées en matière de gestion de la ressource en eau. Il estime que « pour le moment, les négociations avec l’État sont dans l’impasse, en raison d’un manque d’écoute et de financements ». Guy Vasseur souligne d’ailleurs que l’annonce de l’allocation de 20M€ par l’État afin de moderniser les infrastructures d’irrigation n’a jamais été suivie d’effets, et demande « où est l’argent? »
Enfin, l’APCA aurait publié un rapport pointant les blocages institutionnels pour la création de nouvelles retenues d’eau. L’association souhaiterait au final qu’une réflexion sur la mise en place d’un organisme unique pour la gestion des ressources en eau soit lancée, mais déplore, une fois encore, un manque de moyens.