Aller au contenu principal

La suppression des péages ferroviaires saluée par les professionnels du rail français

Les entreprises ferroviaires et, plus largement, la profession saluent la décision du gouvernement de supprimer les péages ferroviaires sur le second semestre 2020 et de les diviser par deux en 2021.

La part modale du fer s’élève à 9 % en France, 18 % en Allemagne et 30-35 % en Suisse et en Autriche.
© SNCF Médiathèque

« La suppression des péages ferroviaires de juillet à décembre [annoncée par le gouvernement le 27 juillet] est une mesure attendue et salutaire pour la profession qui doit surmonter des moments difficiles, financièrement parlant. Cette mesure était, de fait, demandée depuis le début de l’année comme un plan de secours de la profession pour compenser la perte de chiffre d’affaires induite par la grève de décembre 2019-janvier 2020 », explique Brice Devinoy, directeur général d’Eurorail International, entreprise ferroviaire basée à Le Boulou (Pyrénées-Orientales). Et Fabrice Accary, directeur général de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), de préciser : « La suppression des péages sur le second semestre 2020 est un geste très important de la part du gouvernement car il permet de compenser le différentiel de coût entre la route et le fer. Un moyen de relancer le fret ferroviaire - dont l’intérêt du point de vue écologique n’est plus à démontrer - pour lui redonner de l’attractivité et trouver de nouveaux chargeurs. »

L’objectif, doubler la part modale du fer

« Concernant la division par deux des péages ferroviaires en 2021, c’est un signal fort donné par le gouvernement d’engager une trajectoire positive pour redonner ses lettres de noblesse au fret ferroviaire », affirme Fabrice Accary. Un avis partagé par François Corvez, directeur commercial de Forwardis, commissionnaire de transport ferroviaire et multimodal basé à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) : « Cela va permettre notamment de développer ce mode massifié qu’est le fer pour transporter des grains vers le portuaire, afin de les exporter sur les pays tiers, ou vers l’Italie. Nous sommes en compétition avec les céréales issues de la zone mer Noire, dont les coûts de logistique font partie intégrante du coût de la marchandise importée. »

Ces mesures sur les péages ferroviaires font partie d’un plan plus large de relance du transport de marchandises par le train, remis au gouvernement le 25 juin dernier, par l’Alliance 4F (Fret ferroviaire français du futur), une association regroupant l’ensemble des acteurs hexagonaux du rail. Ce rapport « identifie et promeut 70 mesures indispensables à la sauvegarde et au développement du fret ferroviaire », indique un communiqué d’Alliance 4F. Articulées autour de 30 actions réparties en 10 axes, elles ont comme finalité de doubler la part modale du fret ferroviaire en France afin d’atteindre les 18 % d’ici 2030.

Plusieurs leviers de développement sont ainsi étudiés, comme « accroître les sites embranchés, utiliser davantage la caisse mobile ou moderniser les ports en développant l’intermodalité fer-route-fluvial », énumère Brice Devinoy. Et ce, sans oublier la multiplication des autoroutes de fret ferroviaire qui vont bénéficier de « la mise en place d’un dispositif d’aides au démarrage jusqu’à 35 M€ par an, dans le cadre d’un appel à projets », selon un communiqué du gouvernement en date du 27 juillet.

Quid des potentielles contreparties ?

« On ne sait pas s’il y aura des contreparties exigées par l’Etat [à la suppression et la diminution des péages ferroviaires] et quelles formes elles pourraient prendre », s’inquiète François Corvez, qui cite l’exemple du « pied de facture » pour les transporteurs routiers. Ces derniers peuvent ajuster leur prix de transport en fonction des variations du coût du carburant en répercutant cette révision du tarif sur le chargeur. « On ne sait pas si ce principe va être retenu par le gouvernement », déclare le dirigeant de Forwardis. Tout le monde est, de fait, dans l’attente des détails du dossier et des décrets d’application. Comment cette suppression/diminution des péages ferroviaires va se redistribuer et comment la filière va en profiter ? Là est la question.

Brice Devinoy considère, pour sa part, que « sur la partie 2020, il n’y a pas de contreparties demandées par le gouvernement ». Par contre, le dirigeant d’Eurorail International estime que « sur la partie 2021, le gouvernement attend que nous fassions bénéficier de nouveaux clients de cette réduction du péage, pour que le fer progresse au détriment du camion. C’est dans notre intérêt de profiter de cette mesure pour conquérir de nouveaux chargeurs. Car les décisions logistiques se font sur quelques pourcentages de coût. »

Les plus lus

Jean-François Loiseau, président d’Axéréal, lors de l'assemblée générale du 12 décembre 2024 à Orléans.
Axéréal opère des transformations structurantes

Le groupe coopératif Axéréal a tenu sa réunion d’information annuelle le 12 décembre 2024 à Orléans. Bilan et perspectives.

Photo de Arnaud Poupart Lafarge
Terrena modifie son comité de direction

Arnaud Poupart-Lafarge prend la direction d’Elivia et d’Holvia, et Benoît Besson celle de Galliance, filiales du groupe…

navire à quai devant des silos de grains de Sénalia sur le port de Rouen.
FranceAgriMer corrige en baisse de 400 000 t les exportations de blé tendre vers les pays tiers

Le rythme des exportations françaises de blé tendre et d’orge pour la campagne commerciale 2024-2025 reste insuffisant. La…

Martín Biscaisaque, céréalier et président de la filière argentine du blé (Argentrigo), à Buenos Aires.
Des exportations d'orge brassicole argentine en retrait sur le marché brésilien

La qualité médiocre des lots d’orge récoltés ces jours-ci en Argentine retarde et limite les embarquements de grains destinés…

Un champ d'orge.
Céréales - Rebond des surfaces françaises de blé tendre entre 2023 et 2024, selon Agreste

Les services statistiques du ministère de l'Agriculture, Agreste, ont publié leurs premières estimations d'assolements…

Graphique de l'évolution du prix du blé bio sur la période 2021-2024
Moisson 2024 - La météo et les déconversions font plonger la collecte française de blé tendre bio

FranceAgriMer a présenté le bilan prévisionnel des céréales issues de l’agriculture biologique pour la campagne 2024-2025,…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne