Du maïs ukrainien importé de Pologne dans les silos français
FranceAgriMer a présenté ses bilans mensuels de céréales lors d’un webinaire suivant le conseil spécialisé Grandes Cultures.
FranceAgriMer a présenté ses bilans mensuels de céréales lors d’un webinaire suivant le conseil spécialisé Grandes Cultures.
Les importations de maïs au sein de l’Hexagone ont grimpé entre les campagnes commerciales 2021/2022 et 2022/2023, selon FranceAgriMer (Fam). Elles atteindraient 613 000 t cette année, dont près de 300 000 t depuis la Pologne, contre 404 000 t l’an dernier, a indiqué l’organisme public lors d’un webinaire réservé à la presse le 17 mai 2023, suivant le conseil spécialisé Grandes Cultures. « Une part importante de ce maïs vient de Pologne officiellement. Mais d’habitude, la France n’importe que très peu depuis ce pays. Bien qu’il soit impossible de donner de chiffres précis faute d’outil disponible, on peut supposer qu’une majorité de ce maïs provient en réalité d’Ukraine », s’est exprimée Adèle Dridi, chargée d’études économiques céréales de Fam. En 2021/2022, seulement 30 000 t de maïs importé provenaient de Pologne.
L’experte de Fam précise que ce sont surtout les amidonniers voire les éthanoliers qui ont eu recours à ce maïs importé, beaucoup moins concernant la nutrition animale. Du maïs en provenance d’Afrique du Sud a également été rapporté.
Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé Grandes Cultures, a indiqué que les expéditions ukrainiennes de maïs vers les pays d’Europe de l’Est avoisinants (et par la suite vers l'Europe de l'Ouest donc) ont été au cœur des discussions lors dudit conseil. « Les agriculteurs ont eu des craintes : l’afflux de maïs sur l’UE sans droit de douane depuis l’Ukraine a engendré un repli des cours. Or, nous avons acheté les engrais très cher l’an dernier. La baisse de ces derniers constatée actuellement ne se répercutera qu’en 2024. Ainsi, nous subissons de plein fouet l’effet ciseau tant redouté ».
En conséquence, Benoît Piètrement réclame une adaptation de la fiscalité nationale, à l’aide d’un lissage de la taxation des revenus. « En 2022, les marges étaient très bonnes, mais elles risquent de se retrouver dans le rouge en 2023 », alerte-t-il.
Les opérateurs en aval de la production se sont néanmoins montrés rassurants de leur côté, a précisé le président : « Les soucis logistiques déclenchés par l’afflux massif de matières premières ukrainiennes ne concernent que les pays de l’Est. Nous craignions par ailleurs que le maïs ukrainien ne respecterait pas les mêmes normes qualité/phytosanitaires que les Français, mais les opérateurs ont assuré que les contrôles s’opéraient et qu’il n’y avait rien à craindre. Seul le niveau des prix est source réelle de préoccupation pour les agriculteurs ».
Mises à part les importations françaises, les bilans nationaux n'ont guère évolué. La consommation de maïs des industriels hexagonaux est stable entre avril et mai, d’après Fam. La collecte s’avérerait moins mauvaise qu’attendu, revue en hausse de 80 000 t d’un mois sur l’autre environ, à 8,73 Mt. Les exportations progressent également sur la période, que ce soit sur l’UE (+104 000 t, à 3,183 Mt), compte tenu de la bonne demande de la péninsule ibérique et du Benelux, ou sur pays-tiers (+35 000 t, à 375 000 t). Les stocks de fin de campagne 2022/2023 se stabilisent, ne régressant que de 5 000 t, à 2,145 Mt.
Révision à la baisse des exportations de blé tendre
Du côté du blé tendre, les expéditions françaises sur pays tiers ont été révisées à la baisse entre avril et mai, passant de 10,4 Mt à 10,3 Mt. Ceci en raison de la présence moindre de la Chine aux achats. Même constat du côté de celles vers l’UE, qui régressent de 42 000 t sur la période, à 6,389 Mt. La consommation de l’amidonnerie cède 80 000 t sur la période, à 2,6 Mt, « suite à des rectifications dans l’historique des déclarations », justifie Fam. La demande du débouché panification remonte en revanche de 40 000 t, à 2,78 Mt. Dans ce contexte, les stocks s’alourdissent, passant de 2,614 Mt à 2,77 Mt.
En orges, la consommation de la nutrition animale augmente de 100 000 t, à 1,2 Mt, en raison de la bonne compétitivité de la matière première en formulation. Les exportations sur pays tiers sont également revues à la hausse d’un mois sur l’autre de 170 000 t, à 3,2 Mt. Ainsi, les stocks de fin de campagne se tendent quelque peu, évoluant de 1,317 Mt à 1,115 Mt.