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Le port de Rouen tire son épingle du jeu en 2022 grâce à la nette progression des exportations de céréales

Les exportations de céréales d'Haropa Port, qui sont du fait du port de Rouen, ont grimpé de 13 % entre 2021 et 2022.

Installations de Sénalia au Val de la Haye à Canteleu.
© Haropa Port

Les exportations céréalières d’Haropa Port, plus précisément Haropa-Port de Rouen qui concentre cette activité, se sont élevées à 8,6 Mt en 2022, contre 7,6 Mt en 2021. « Si l’année 2021 s’est avéré un bon exercice, avec un trafic de grains supérieur à la moyenne, 2022 fait partie du haut du panier ! », s’enthousiasme Manuel Gaborieau, responsable filière agroalimentaire et branche industrie d’Haropa Port. La deuxième partie de l’année 2022 a été la plus active avec 5 Mt chargées (contre 4,150 Mt sur juillet-décembre 2021), « ce qui représente un record », souligne le dirigeant.

Ce résultat exceptionnel s’explique, d’une part, par la crainte des grands importateurs quant aux disponibilités céréalières sur la campagne 2022-2023 dans le contexte géopolitique de guerre en Ukraine et, d’autre part, par la forte présence du Maroc sur la scène internationale qui a connu une des pires sécheresses de son histoire avec de conséquents besoins en céréales. « Sur juillet-décembre 2022, près de 1,2 Mt de grains ont été exportées sur le Maroc », précise Manuel Gaborieau.

 

Haropa Port a bien résisté aux turbulences de 2022

L’année 2022 a été marquée par la sécheresse estivale, qui a affecté certaines productions agricoles, et la guerre en Ukraine, qui a perturbé les échanges mondiaux et fait exploser le prix de l’énergie. « Cela n’a pas facilité les choses. Cependant, le changement d’échelle d’Haropa Port lui a permis de bien résisté aux turbulences grâce à la stratégie adoptée », commente Daniel Havis, président du conseil de surveillance de l’établissement portuaire. Et d’ajouter : « Haropa Port s’affirme ainsi comme un port au service de son territoire, le premier port de France et un port de premier plan au niveau européen ».

Globalement, le trafic d’Haropa Port s’est élevé à 85,09 Mt en 2022, en progression de 1,9 % par rapport à l’année précédente, avec comme activité principale les vracs liquides (produits pétroliers et engrais) et ses 40,10 Mt (+5 %), suivie par les conteneurs et ses 28,44 Mt (-5 %) et par les vracs solides (agrégats, céréales et engrais) et ses 14,26 Mt (+4 %).

 

Un trafic 2022 parmi les plus importants de ces dernières années

Dans le détail, sur l’année 2022, ce sont 6,5 Mt de blé tendre meunier qui ont été chargées contre 4,9 Mt en 2021, 1,3 Mt d’orges (dont 700 000 t Mt d’orge brassicole) contre 2,5 Mt en 2021 (dont 860 0000 t Mt d’orge brassicole), et 270 000 t d’autres céréales (blé tendre fourrager et blé dur) contre 280 000 t en 2021. « En pourcentage, il y a eu plus de blé tendre meunier et moins d’orges exportés en 2022 par rapport à 2021, correspondant l’évolution de la demande chinoise (moins d’orge, plus de blé) d’un an sur l’autre mais également aux importants besoins marocains en blé tendre meunier », explique le dirigeant.

Ainsi, en termes de destinations, le Maroc est sur la première place du podium en 2022, avec 2,5 Mt importées (contre 1,08 Mt en 2021), suivi de près par l’Algérie avec 1,81 Mt (contre 1,76 Mt) et la Chine avec 1,31 Mt (contre 2,94 Mt), l’Egypte arrivant en quatrième place avec 370 000 t (contre 0 t). « L’Algérie, qui a boycotté l’origine française en début d’année 2022, est revenu aux achats à partir de mars, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie », rappelle Manuel Gaborieau.

 

Une part modale du fer et du fleuve qui s’améliore

Entre les campagnes 2020-2021 et 2021-2022, la baisse de la part modale de la route dans le cadre de l’acheminement des céréales sur les terminaux portuaires a profité aux transports fluvial et ferroviaire. En 2021-2022, la part modale cumulée de la péniche et du train atteint 35,2 %, soit 2,7 Mt de grains.

                                                           Campagne 2020-2021                   Campagne 2021-2022

Part modale de la route               68 %                                                  64,8 %

Part modale du fleuve                  23,4 %                                               25 %

Part modale du fer                        8,6 %                                                 10,2 %

Source : Haropa Port

« Concernant la campagne 2022-2023, on peut estimer que la part modale combinée du fleuve et du fer se stabilisera a minima, les céréales venant de zones de production plus lointaines », indique Manuel Gaborieau.

 

Une campagne 2022-2023 qui démarre sur les chapeaux de roue

Les exportations céréalières sur le premier semestre de la campagne 2022-2023 (juillet-décembre 2022) ont été en hausse de 22 % par rapport à la même période en 2021-2022, avec 1,2 Mt chargées sur l’Algérie, 1,2 Mt sur le Maroc, 760 000 t sur la Chine et 250 000 t sur l’Egypte. En termes d’espèces végétales, ce sont 4 Mt de blé tendre meunier qui ont été expédiées (contre 2,5 Mt sur juillet-décembre 2021), 960 000 t d’orges (contre 1,4 Mt) et 60 000 t d’autres céréales (contre 270 000 t). « On constate un retard dans les chargements d’orges, d’un an sur l’autre, qui devrait se combler progressivement sur la deuxième partie de la campagne, au vu des chargements déjà réalisés en ce début d’année 2023 », précise le dirigeant portuaire.

« On enregistre une diversification des destinations, notamment sur la période estivale avant l’instauration des corridors humanitaires [le 1er août, dédiés à l’exportation de blé ukrainien] », indique Manuel Gaborieau. Le port de Rouen a expédié des grains sur des pays qui ne sont pas des clients réguliers, comme le Pakistan (blé), la Colombie (blé et orge), voire l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Inde et le Mexique en orge.

 

Des perspectives de chargements moindre sur janvier-juin 2023

« Sur la seconde moitié de la campagne 2022-2023, nous ne pourrons vraisemblablement pas atteindre les 5 Mt chargées lors du premier semestre. La principale question qui se pose est celle du tonnage de blé disponible à l’export sur la fin de l’exercice commercial », s’interroge le responsable portuaire. Si le port de Rouen enregistré un bon mois de janvier avec 680 000 t, soit un volume similaire à celui de janvier 2022, le trafic, encore actif sur le mois de février, l’est moins sur le mois de mars, avec un manque de visibilité sur les mois suivants. « Depuis le début janvier, nous exportons de l’orge vers la Chine et du blé sur le Maroc, l’Algérie étant moins présente car s’approvisionnant en origine mer Noire », détaille Manuel Gaborieau.

 

Un tirant d’eau qui revient progressivement à 11,30 mètres à l’embouchure de la Seine

Les problèmes de limitation du tirant d’eau dans l’estuaire de la Seine enregistrés en 2022 s’expliquent par plusieurs paramètres :

- Aux tempêtes du printemps a succédé la sécheresse estivale. Le tirant d’eau est de fait un système hydrologique complexe qui dépend des phénomènes climatiques. « Ainsi, une tempête peut annuler les travaux de dragage de plusieurs jours en redéposant des sédiments. Par ailleurs, la sécheresse abaisse le niveau d’eau des fleuves », rappelle Manuel Gaborieau.

- Une des deux dragues d’Haropa Port a été mise en arrêt technique pour maintenance. Son remplacement par une drague extérieure en location n’est intervenu qu’en septembre. « Cette dernière est encore présente sur le fleuve pour se substituer à la deuxième drague d’Haropa port dont c’est le tour cette année d’entrer en maintenance », souligne le dirigeant portuaire.

Les dragues ont travaillé tout l’automne pour revenir à un tirant d’eau de 11,30 mètres. « Aujourd’hui, nous naviguons entre 11,10 et 11,20 mètres, malgré le faible débit d’eau du fleuve », rassure Manuel Gaborieau. Et d’ajouter : « Haropa Port a mis en œuvre les moyens nécessaires pour pallier les aléas météorologiques et techniques afin de rétablir la situation ».  

 

Des investissements privés en 2022 qui se poursuivent en 2023

En 2022, Haropa Port n’a pas engagé d’investissements directement liés à l’activité céréalière, après les travaux engagés les années précédentes dans l’approfondissement du chenal, et sur les terminaux de Soufflet et de Sénalia. Concernant les investissements privés, Sénalia a dépensé 1,2 M€ dans la modernisation d’un portique, 2,5 M€ dans l’allongement d’une bande de roulement de portiques afin d’éviter de déplacer les navires en cours de chargement, et 1 M€ dans l’achat d’équipements divers. Rappelons que le terminal céréalier avait, en 2021, remplacé un portique sur la presqu’Île Elie et installé son nouveau siège social. Simarex a, quant à lui, construit un parking destiné aux camions qui acheminent les céréales vers ses silos, afin d’éviter qu’ils attendent sur la route.

En 2023, on peut citer les travaux de Simarex liés à l’échantillonnage des grains sur la zone de réception des camions. L’établissement portuaire n’a, de son côté, pas programmé d’investissements en lien direct avec l’activité céréalière.

 

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