Alimentation animale
Éviter les usages non raisonnés
Le terrain va souvent plus vite que la réglementation. Et les vétérinaires alertent sur les risques d’un usage anarchique d’extraits ou d’huiles essentielles apportés en continu via l’aliment et l’eau de boisson.
Le terrain va souvent plus vite que la réglementation. Et les vétérinaires alertent sur les risques d’un usage anarchique d’extraits ou d’huiles essentielles apportés en continu via l’aliment et l’eau de boisson.
Les éleveurs bio ont été les premiers à systématiser l’usage d’extraits de plante dans leurs stratégies de prévention, voire de traitement, de certaines pathologies en se basant sur des effets divers : répulsif pour l’ail, le géranium et le lavandin ou immunostimulant pour les échinacées et le ravintsara, antibactérien pour le thym saturéoïde ou la mélisse officinale, anti-inflammatoire pour Eucalyptus citriodora ou le ginseng…
Certains sont aussi utilisés pour corriger des carences (ortie, prêle), en prévention de situation de stress, dans un contexte parasitaire, dans un objectif métabolique… « Il existe une réelle ambiguïté de positionnement selon les usages », alerte Catherine Experton, responsable du pôle ruminants-Santé à l’Itab. Lors d’une enquête sur le terrain, l’institut de l’agriculture biologique a en effet recensé 62 produits utilisés pour 203 usages distincts, aux trois quarts préventifs. Après les bio, de nombreux éleveurs, toutes espèces confondues, ont emboîté le pas avec des offres qui se multiplient. L’inflation est telle que les vétérinaires s’en inquiètent.
Des effets réels et un besoin de prudence
Christine Filliat, vétérinaire conseil en élevage de groupe dans la Drôme, a participé au projet Mexavi. Elle est connue pour sa pratique déjà ancienne des médecines vétérinaires dites « complémentaires » comme l’homéopathie, la phytothérapie et l’usage des huiles essentielles en aviculture ou bien encore l’ostéopathie équine : « Ce n’est pas parce que les extraits de plantes sont dits “naturels” qu’il faut faire n’importe quoi. Le problème, c’est que certains éleveurs en donnent à leurs animaux sans le savoir par l’aliment. Ils en achètent en plus à des colporteurs. Alors quand nous arrivons face à une pathologie, nous ne savons pas forcément tout ce que les animaux ont ingéré. Dans certains élevages, ils n’ont pas une journée sans aucun apport… Or, les effets au niveau cellulaire et immunitaire sont incontestables comme l’a bien montré Mexavi. Il peut donc exister une toxicité ou une inappétence par doses cumulées ». Elle recommande donc de cibler des périodes clé, comme le démarrage des tout jeunes animaux, et de prendre garde à ne pas donner de tels produits en continu.