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Logistique
Haropa veut passer du concept de port aménageur à celui de port entrepreneur

Les ports de l’axe Seine mettent le client au cœur de leurs préoccupations. Il s’agit d’analyser les besoins des chargeurs pour adapter une solution logistique globale, fluide et fiable.

Haropa-port de Rouen est le premier port d’exportation de céréales sur l’Ouest européen.
© Sénalia

« Il y aura un monde d’avant et un monde d’après la crise sanitaire et économique liée à la pandémie de la Covid-19. Cette dernière va nous amener à réfléchir davantage sur la façon de s’adapter à ce nouveau marché du e-commerce, au digital et à l’environnement », a affirmé Laurent Foloppe, directeur commercial et Marketing d’Haropa, lors du webinaire « Haropa - Les nouveaux défis de la logistique pour l’axe Seine », qui s’est déroulé le 14 décembre. C’est l’ambition que s’est fixée Haropa avec la fusion des ports qui la composent, à savoir le port du Havre, le port de Rouen et les ports de Paris. « L’établissement unique sera opérationnel au 1er juin 2021 », rappelle le dirigeant. Pour atteindre leur objectif, quatre grands enjeux ont été définis dans le plan stratégique d’Haropa pour les cinq à dix ans à venir.

Un enjeu Clients et Services

« Le client est au centre de nos préoccupations, aujourd’hui. Il faut adapter les moyens de livraison aux besoins des clients, mettre les bons produits au bon endroit. Pour ce faire, nous avons tous notre pierre à amener à l’édifice qu’est le développement des ports français et, en l’occurrence, d’Haropa », déclare Laurent Foloppe.

« Plus les ports travailleront avec leur hinterland industriel, avec en points d’orgue la compétitivité et le développement durable, mieux cela vaudra », acquiesce Anne-Marie Idrac, présidente de France logistique, association créée en janvier par l’ensemble des acteurs privés pour porter d’une voix unifiée les enjeux de la filière auprès des pouvoirs publics et renforcer la compétitivité de la chaîne logistique. Mais ajoute-t-elle : « Tout doit être fait pour améliorer la fluidité et la fiabilité des ports français, deux sujets qui semblent plus importants pour les chargeurs que celui du coût de la qualité du service ». Dans le cadre de leur politique RSE, les entreprises sont de fait de plus en plus conscientes que « verdir le transport » ne pourra se faire sans mettre la main à la poche.  « Les commissionnaires de transports et les logisticiens ne pourront pas écraser leurs marges effectives [pour payer le surcoût d’une logistique durable] car ces dernières sont déjà très minces », insiste Anne-Marie Idrac.

« Nous souhaitons passer d’un statut de port aménageur, à celui de port entrepreneur, qui doit continuer à investir avec les grands acteurs pour évoluer en fonction des besoins du marché », résume Laurent Foloppe. Et Anne-Marie Idrac de tempérer : « Je suis partante pour le port entrepreneur, mais il ne faut pas oublier le port aménageur. Nous devons faire remonter en haut lieu nos problématiques, telles que le foncier (friches industrielles), l’importance de l’articulation des stocks (entrepôts) et des flux, par un maillage adéquate - en Normandie, sur l’axe Seine, voire plus largement - qui nécessite une intermodalité des moyens de transport (embranchements) ».

Un enjeu Innovation

« Nous ne pouvons pas aujourd’hui nous passer d’une stratégie d’innovation. Nous parlons de "smart corridor" qui fait du Havre, Rouen et Paris des ports connectés. L’axe Seine doit travailler sur la cybersécurité, sur la blockchain et le big data (avec la 5G notamment). Le flux physique doit être accompagné d’un flux d’informations, pour assurer la traçabilité la plus fine possible de la marchandise », explique Laurent Foloppe.

« Il faut, de fait, aller plus loin dans la collecte d’informations et dans la coordination des moyens de transport pour identifier les aléas sur la supply chain, alerter le client et piloter au mieux les trafics. Aujourd’hui, nous devons intégrer l’écosystème portuaire à la réflexion sur la logistique. Par exemple, on doit être informé d’une potentielle crue de la Seine pour pouvoir gérer d’éventuelles déviations », explique Paul Bernard, directeur de la région Normandie de Bolloré Logistics.

Un enjeu Transition écologique et énergétique

« Au-delà de l’électrification des quais et de l’utilisation de biocombustible, nous devons massifier nos flux par l’utilisation des modes de transport ferroviaire et fluviaux, sans oublier la route qui investit lourdement et représente aujourd’hui 80 % du trafic », indique Laurent Foloppe.

Mais la massification des flux demande de « développer la multimodalité », « travailler sur les ruptures de charges (plus ils sont nombreux, plus cher sera le coût du transport) », « prendre en compte les exportations et les importations pour équilibrer au maximum les chargements à l’aller et au retour »  et « faire beaucoup de pédagogie auprès de nos chargeurs pour promouvoir les solutions ferroviaires et fluviales, qui présentent des avantages environnementaux », souligne Paul Bernard.

Parallèlement, « il faut explorer les nouvelles énergies, telles que les biocarburants, le biogaz ou encore l’hydrogène », complète Paul Bernard. Et Anne-Marie Idrac d’ajouter : « En plus des combustibles, il est nécessaire de réfléchir aux véhicules du futur et, surtout, de leur ravitaillement ».

Un enjeu Formation

« Nos métiers évoluant en permanence, nous devons continuer à accompagner les compétences des femmes et des hommes qui travaillent tous les jours au service de nos clients », souligne Laurent Foloppe.

Ainsi, si le port de Rouen, premier port d’exportation de céréales sur l’Ouest européen, est très bien localisé – « proche du Havre et de Paris », « proche des autoroutes », « branché fer et fleuve » -, il présente également « un personnel de qualité », grâce au Centre privé de formation professionnelle de l’Union portuaire rouennaise, expose Paul Bernard, avant d’ajouter : « Rouen est un port à taille humaine, qui permet une certaine souplesse opérationnelle ».

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