Décarbonation - Les fabricants d’aliments pour animaux réduisent leur empreinte environnementale
Réduire l’impact environnemental des sites industriels de la nutrition animale est un des leviers d’actions pour réduire l’empreinte carbone des productions animales sans réduire le cheptel, rappellent les intervenants du O’Congrès de Tecaliman qui se tenait à Pont-Péant (Ille-et-Vilaine) en amont du salon Space de Rennes.
Réduire l’impact environnemental des sites industriels de la nutrition animale est un des leviers d’actions pour réduire l’empreinte carbone des productions animales sans réduire le cheptel, rappellent les intervenants du O’Congrès de Tecaliman qui se tenait à Pont-Péant (Ille-et-Vilaine) en amont du salon Space de Rennes.
Le maintien de l’élevage, gage de pérennité de l’industrie de l’alimentation animale, sera facilité par l’efficience environnementale de toute la filière, résume Franck Ducatel, président de Tecaliman. Il intervenait lors du O’Congrès du Centre technique de la nutrition animale, lundi 15 septembre, la veille du salon Space de Rennes. « Les formules d’aliments de demain seront différentes car les matières premières changent. Cela impactera aussi le fonctionnement des usines », résume Fabrice Putier, directeur du centre technique.
Economies d'énergie
Toute l’industrie cherche à réduire dans le même temps sa facture énergétique après l’explosion des cours en 2022. L’observatoire de la performance énergétique, géré par Tecaliman permet aux adhérents de comparer leurs performances par rapport à un panel d’usines en tout anonymat et de déterminer les axes de progrès.
Les économies d’énergie vont de pair avec la décarbonation, notamment dans les chaufferies vapeur avec différents leviers, de l’installation d’un bruleur modulant à la régulation de l’oxygène en passant par l’installation d’un économiseur et d’un condenseur sur les fumées. L’instrumentation (comptage vapeur, gaz, eau) est obligatoire dans ce dernier cas et bénéficie d’une prime CEE (Certificat d'économie d'énergie) si elle est associée à un contrat d’entretien.
La recherche des fuites constitue aussi un réel levier d’économie. Premier poste de consommation d’énergie dans l’usine avec 44 % du coût de fabrication, la granulation a été regardée de près durant la crise énergétique. Mais ses avantages (réduction de la masse volumique, des transferts inter-lots et de démélange, amélioration de la qualité sanitaire et de la digestibilité, …) lui conservent tous ses intérêts.
Autre poste d’économie d’énergie, les transports sont également sous les feux de la rampe, que ce soit via leurs carburants ou l’optimisation dont la demande récurrente de la profession pour le passage du poids total en charge de 32 à 35 t pour les camions porteurs à 4 essieux.
Emissions de CO2
Par ailleurs, la règlementation encadre de plus en plus l’expression des actions entreprises, que ce soit l’étiquetage environnemental ou la diffusion des informations sur la durabilité. « Les demandes en matière de RSE progressent extrêmement vite avec notamment l’exigence des rapports CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) applicable depuis le 1er janvier 2024 et donc à remplir dès cette année », détaille Stéphane Landreau directeur Vifs LDC Amont.
La première question reste la mesure des impacts et leur reporting (support de communication). L’idée générale reste de déterminer comment il est possible de s’améliorer et « surtout de ne pas opposer une viande à une autre », poursuit le responsable.
Pour les filières animales, l’alimentation des animaux et, plus particulièrement les matières premières qui la compose, constitue le premier poste d’émission. « Un porc au portail de la ferme représente autour de 3 kg de CO2 équivalent par kilogramme de poids vif », ajoute Clément Mauboussin, responsable environnement de la Cooperl. Outre la réduction de l’impact carbone possible via l’aliment (par exemple jusqu’à -10 % avec des matières premières moins impactantes), l’évacuation des déjections fréquente (moins de 4 heures après leur émission) combinée à la méthanisation peut ainsi réduire de 20 à 25 % les émissions de méthane. Autre exemple, une volaille conventionnelle représente autour de 2,569 kg de CO2/kg de poids vif à la sortie de la ferme dont 75 % liés à l’aliment. Là encore, ses matières premières jouent un rôle prédominant.
Mais les usines peuvent aussi agir même si au final elles ne représentent, en tant que site industriel 0,7 % des émissions d’un kilogramme d’aliment ou 0,3 % des émissions pour un kilogramme de poulet. « Les 8 sites de nutrition animale de LDC, qui produisent environ 1 Mt d’aliments, représentent 9629 t de CO2. Pour autant, c’est un élément qui permet d’embarquer les équipes sur le sujet du bas carbone. Nous sommes en train de finaliser la rédaction de notre politique environnementale, mais l’objectif est déjà de réduire de 3,5% par an ce qui représente -40 % entre 2022, quand nous avons engagé toutes les mesures, et 2035 », explique Stéphane Landreau. Tout y contribue, l’optimisation des process, les investissements dans les usines, la substitution des matières premières mais aussi le travail avec les éleveurs soutenu avec le financement des audits CAP'2ER (Calcul automatisé des performances environnementales en élevage de ruminants).
Lire aussi : Tecaliman élargit ses services à tous les grains