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Blé dur : le Kazakhstan peut-il remplacer la Russie pour subvenir aux besoins de l'UE ?

Un représentant des commerçants de céréales du Kazakhstan est intervenu lors de la conférence annuelle du Conseil international des céréales le 11 juin à Londres.

© GDJ - Pixabay

Avec Adèle d'Humières

L'Union européenne a décidé de taxer les importations de céréales russes, notamment le blé dur, ce qui contraindra certains pays comme l'Italie à la diversification de leurs sources d'approvisionnements. Toutefois, divers experts pensent que le Kazakhstan sera en mesure de prendre le relai, du moins en partie.

La taxe sur le blé russe pèse sur l'Italie

Rappelons que l'UE a décidé de taxer les importations de céréales, incluant le blé dur, à hauteur de 148 €/t, mesure applicable dès le 1er juillet 2024. Ceci afin de sanctionner la fédération de Russie pour son invasion du territoire ukrainien. Certains pays de la zone euro, comme l'Italie, ont importé des volumes russes par le passé, ce qui sera donc plus difficile dorénavant. Au total, en 2023-2024, environ 440 000 tonnes de blé dur russe avaient trouvé preneurs au sein des pays de l'UE, selon les données de la Commission européenne. D'autant que la Russie a augmenté sa production ces dernières années, dépassant aujourd'hui le 1 Mt, avec toutefois des résultats mitigés en termes de qualité, et encore irréguliers et difficilement vérifiables en termes de volumes.

Lire aussi : "La menace orientale se précise en blé dur"

Le Kazakhstan monte en puissance sur le marché du blé dur

Mais un autre pays devient un acteur majeur du marché mondial. Il s'agit du Kazakhstan. Le pays a exporté des volumes comparables aux tonnages russes lors de la campagne commerciale 2023-2024. 

Près de 490 000 t de blé dur kazakh importé par l'UE en 2023-2024, un chiffre semblable à la Russie (440 000 t)

Certes, comme pour la Russie, des soucis de qualité et de volume sont survenus certaines années. Il n'en reste pas moins que la production du pays et les exports sont en progression en tendance de fond, à tel point que l'Italie se fournit également auprès de cette ex-république soviétique. Pour 2024-2025, sans malheureusement donner de volumes détaillés, Talgat Aldazharov, agriculteur à la tête de l'association kazakhe des grains et trader, s'attend à une hausse de la production nationale par rapport à 2023-2024. « Il y a eu des soucis l'an dernier. Mais cette année, c'est beaucoup mieux. Il est trop tôt pour donner des chiffres précis. Mais je dirais que la récolte kazakhe, tous grains confondus, pourrait augmenter de 10 % annuellement », a-t-il déclaré le 11 juin lors d'une conférence organisée par le Conseil international des céréales à Londres.

Hausse des exportations kazakhes de blé ?

Qui dit hausse de la production dit hausse des disponibilités à l'export. D'autant que « le gouvernement soutient la production et le commerce de grains, via notamment l'amélioration des infrastructures logistiques », relève Talgat Aldazharov. Enfin, il ajoute que « l'UE sanctionne certes le blé dur russe, mais il faut espérer que l'origine kazakhe, qui passe notamment par le territoire russe, ne sera pas concernée. Il s'agira d'une opportunité supplémentaire pour nous ».

Réorientation du blé dur russe via le Kazakhstan ?

En plus d'une hausse de la production kazakhe, des réorientations de flux pourraient survenir, suite au durcissement des sanctions commerciales sur la Russie. Pour résumer, « le blé dur russe peut par exemple passer par la Turquie ou le Kazakhstan pour rentrer en Europe », explique Yannick Carel, chargé d'études économiques au sein d'Arvalis-Institut du Végétal. Ce que confirment certains analystes privés. 

Mais Talgat Aldazharov a un avis plus nuancé : « Il sera tout de même difficile de faire passer du blé dur russe via le Kazakhstan pour le réexporter ailleurs. Nous avons imposé un ban sur les importations de blé russe via la route, et nous avons durci les conditions d'importations via le rail, afin de protéger notre marché local ». La question majeure sera le prix, conclut un autre expert anonyme.

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