Nutrition animale
36 tonnes : des atouts économiques et environnementaux
Depuis le décret du 4 décembre 2012 qui généralise le 44 tonnes de poids total autorisé en charge (PTAC) pour les véhicules à 5 essieux, la nutrition animale française milite pour le passage des porteurs (4 essieux) de 32 à 36 t de PTAC. Les récents propos du ministre de l’Environnement les confortent dans leur demande.
Depuis le décret du 4 décembre 2012 qui généralise le 44 tonnes de poids total autorisé en charge (PTAC) pour les véhicules à 5 essieux, la nutrition animale française milite pour le passage des porteurs (4 essieux) de 32 à 36 t de PTAC. Les récents propos du ministre de l’Environnement les confortent dans leur demande.
Un dossier réglementaire assez simple
Le dossier, technique, démarre avec une ouverture réglementaire. Ainsi à l’échelle européenne, la directive 96/53 du Conseil fixe les dimensions maximales en trafic national et international ainsi que les poids maximaux pour le trafic international. Elle a été modifiée par la directive 2015/719 du Parlement européen, transposée dans les États membres avec une date butoir de mai 2017. C’est la directive de 1996 qui fixe un PTAC de 32 t pour les véhicules à 4 essieux, mais les États membres peuvent décider d’autoriser un PTAC supérieur sur leur propre territoire. Outre ces textes européens, le code de la route indique en France 32t pour 4 essieux et précise les charges à l’essieu, qui varient selon l’écartement entre deux essieux.
« Les entreprises concernées par un passage aux 36 t sont principalement situées en zone difficile ou les semis ne passent pas, notamment les zones montagneuses qui souffrent déjà de conditions économiques difficiles pour le maintien des élevages », explique Gilles Dumas, transporteur, et membre du groupe de travail professionnel sur le 36 t. « En dix ans, avec les nouvelles normes Euro 5 puis 6 et les équipements pour l’amélioration de la sécurité des salariés, la charge utile s’est déjà réduite de 800 kg. Passer de 32 à 36 t de PTAC correspondrait à une augmentation du même ordre que celle du passage au 44 t », souligne-t-il. Une étude sur l’impact d’une telle mesure sur les chaussées et les ouvrages d’arts, commandée par le Ministère des transports, est d’ailleurs en cours depuis juillet 2016. « La remise des résultats est sans cesse repoussée », regrettent les professionnels qui sont sereins pour ce point-là.
-7,7 % en km et -8,2 % en consommation
Les entreprises de la nutrition animale française comptaient 430 porteurs à 4 essieux en 2014, date de la dernière étude des syndicats (Snia et Coop de France Nutrition animale) soit 22 % du parc. Dans les zones de montagne, cette part flirte plutôt avec les 80 %. Les tonnages transportés par ces véhicules atteignaient alors 4,59 Mt. En supposant une légère augmentation des km/an/véhicule du fait d’un éventuel point de livraison supplémentaire, le passage de 32 à 36 t induirait à échéance 2020, selon les syndicats, une baisse globale de 7,7 % de km parcourus et de 8,2 % de la consommation annuelle de carburants (et, donc, de 4 000 t d’équivalent CO2).
Depuis une dizaine d’année, le parc des porteurs a déjà évolué au fur et à mesure des renouvellements : d’une silhouette à deux essieux avant (moteur) et deux essieux arrière, les porteurs ont ainsi de plus en plus souvent un essieu avant et trois essieux arrière (porteur dit tridem). « Les premières demandes de tridem répondaient plutôt à une recherche de meilleure giration », explique Aurélie Froment, PDG d’Ecovrac, l’un des trois carrossiers français spécialisés en nutrition animale. Elle estime qu’entre 10 et 15 % du parc actuel de porteurs présente ce profil. Désormais, l’hypothèse d’un passage au 36 tonnes vient s’ajouter à l’intérêt car les tridems respectent également ce PTAC ce qui n’est pas le cas de tous les porteurs à deux essieux avant. « Un porteur traditionnel peut généralement transporter 600 kg à 2 t de plus que les 32 t selon sa configuration quand le gain possible de charge utile est plutôt de 3 t sur les tridems », chiffre la spécialiste. Les syndicats relancent d’ailleurs une étude à la fin de ce mois de mars pour quantifier l’évolution du parc national ces trois dernières années.