« J’ai rapidement pris en compte la dimension travail sur mon élevage charolais »
Philippe Bernigaud, en Saône-et-Loire, a organisé son exploitation de manière à la gérer seul et de façon vivable du point de vue du travail.
Philippe Bernigaud, en Saône-et-Loire, a organisé son exploitation de manière à la gérer seul et de façon vivable du point de vue du travail.
« Je me suis installé en Gaec avec mes parents en 1983. Je me suis tout de suite organisé au départ en retraite de mon père pour voir comment je pouvais mener l’exploitation seul et de manière vivable, côté temps de travail. Cela oblige à se poser des questions pour que le travail d’astreinte soit gérable. Je me suis par exemple très vite tourné vers la distribution du foin à volonté », se rappelle Philippe Bernigaud, à la tête d’un troupeau de 80 mères charolaises à Digoin, en Saône-et-Loire.
Il dispose cependant d'un tiers temps salarié. Sur le plan alimentation, l’éleveur a fait le choix de la ration sèche pour l’engraissement de ses animaux. De cette façon, il distribue l’alimentation seulement deux fois par semaine. « Je les ravitaille au nourrisseur. C’est peu preneur en temps et en termes de résultats, je ne rencontre pas de problèmes. » Les mères disposent aussi d’une ration sèche avec foin et paille.
Au pré, l’engraissement des vaches en juillet-août s’effectue au nourrisseur. Les génisses de 30 mois sont elles aussi engraissées en avril-mai avec un nourrisseur à volonté. « J’apporte un godet de 400 à 500 kilos tous les deux jours pour 20 à 24 vaches. » Cette tâche rentre dans le cadre de la surveillance normale des animaux. « Seul l’engraissement des babys me demande une petite adaptation. Ils sont engraissés à l’auge en stabulation. Je nourris le lot de jeunes bovins tous les deux à trois jours sans problème sur les performances (2 100 g de GMQ pour 400 à 450 kg carcasse à 13-14 mois). J’ai travaillé sur les croissances car je pars du principe que moins je les ai longtemps sur l’élevage, moins j’ai de travail », observe Philippe Bernigaud.
La génétique au service du travail
Les vêlages sont groupés sur trois mois, de septembre à novembre ce qui permet à l’éleveur de conduire son troupeau en lots. « Je n’ai qu’un lot de vaches à l’engrais, un lot de génisses grasses, un lot de babys… C’est beaucoup plus facile à gérer. » L’éleveur utilise aussi la génétique au service de son organisation du travail. « J’ai fait le choix du 100 % insémination animale, en axant ma sélection sur les vêlages faciles, le lait et la croissance. J’ai beaucoup moins de travail au moment des mises bas, mes vaches n’ayant pas besoin d’aide. C’est également beaucoup moins stressant et j’ai vraiment gagné en qualité de vie. De plus, mes vaches sont de bonnes laitières, je ne complémente ainsi aucun broutard qu’il soit mâle ou femelle. » Toutes les inséminations sont effectuées le matin pour être serein le reste de la journée.
Le travail d’astreinte demande une heure le matin. « Le reste peut être décalé et effectué quand cela m’arrange. Le week-end, je m’organise pour n’avoir qu’une heure de travail. »
Les cultures sont gérées en partie en Cuma. Seul le mois d’octobre représente une période plus compliquée pour l’exploitant qui doit mener vêlages et semis en même temps.
Un parcellaire concentré
La gestion en lots permet à Phillipe Bernigaud d’avoir peu de lots mais de taille conséquente, à piloter en pâturage tournant. « Tout au long de ma carrière, j’ai également prêté attention à louer des parcelles proches de l’exploitation. J’ai vraiment fait un effort pour ne pas m’écarter du siège. Aujourd’hui c’est payant car cela constitue un énorme gain de temps. » Une fois au champ, l’éleveur n’a qu’à ouvrir des barrières pour changer les animaux de parcelle.
Chiffres clés
160 ha dont 130 d’herbe et 30 de céréales (blé, orge d’hiver, triticale)
80 mères naisseur-engraisseur de vaches et génisses grasses, babys et vente de reproducteurs
1,3 UTH