« J’ai chiffré mon temps de travail sur mon élevage pour me situer »
Ludovic Trocherie, éleveur dans la Sarthe, projette de s’associer avec sa femme Smahya. Pour mieux évaluer son temps de travail, il l’a quantifié et a utilisé pour cela l’application Aptimiz.
Ludovic Trocherie, éleveur dans la Sarthe, projette de s’associer avec sa femme Smahya. Pour mieux évaluer son temps de travail, il l’a quantifié et a utilisé pour cela l’application Aptimiz.
À la tête d’un troupeau de 60 mères limousines à Mont-Saint-Jean dans la Sarthe, Ludovic Trocherie a testé l’application Aptimiz dès son lancement, pendant un an. « Je trouvais intéressant de connaître le temps que je passe par atelier et la rentabilité horaire de chacun d’entre eux. Même si je n’ai pas forcément de problèmes de main-d’œuvre malgré les cultures, les volailles, les bovins et les ruches », observe l’éleveur, avant d’ajouter « pour autant, je me pose des questions sur mon organisation et mes choix stratégiques. Avoir un regard objectif sur le temps de travail permet de conforter mes décisions, d’autant plus que ma femme, Smahya, a prévu de me rejoindre sur l’exploitation dans un an, avec un projet de diversification. »
Pour Ludovic Trocherie, quantifier son temps de travail permet d’analyser ses pratiques et d’optimiser ses choix en fonction de la rentabilité du temps passé.
Chercher à optimiser le travail
« Sans l’application, j’aurais été incapable de sortir des chiffres. Ils donnent un temps de travail global (2 196 heures pour l’éleveur). Ils m’ont satisfait et en même temps surpris ! Notamment pour l’atelier bovins. Je pensais que j’y passais plus de temps (temps par UGB : 15h41). La rentabilité horaire des bovins est certes moins élevée que celle des volailles. Toutefois, elle ne prend pas en compte les charges de structure. Or, je pense que l’écart serait moindre car je viens de construire un quatrième bâtiment. »
L’éleveur cherche depuis longtemps à optimiser son volume horaire pour profiter de sa famille. Il a ainsi opté pour un système basé sur l’herbe avec du pâturage tournant. Les animaux profitent au maximum des pâtures. « Avec la diminution du temps de travail de mon père, j’ai également décidé de réduire le troupeau de vaches de 90 à 60 mères pour conduire mon troupeau en autonomie alimentaire et de prendre un apprenti. »
L’éleveur a également privilégié ses équipements pour une efficacité accrue et un meilleur confort de travail. Il a opté pour un parc de contention avec une bascule et un godet mélangeur pour distribuer sa ration. L’exploitation est conduite en technique culturale simplifiée (TCS) ou en semis direct, ce qui représente un gain de temps.
Les vêlages sont groupés sur trois mois et la priorité est donnée aux vêlages faciles. Depuis un an, l’éleveur a fait le choix de la génétique sans cornes pour éviter la contrainte de l’écornage. Il a ainsi acquis trois taureaux sans cornes dont deux sont homozygotes.
Un temps de déplacement élevé
« Je travaille beaucoup avec la Cuma pour le matériel et un peu en copropriété. Je fais intervenir une ETA pour la récolte des céréales et l’enrubannage et j’essaie de sous-traiter le nettoyage des bâtiments. » Malgré une ferme très regroupée - la parcelle la plus éloignée se situe à 3,5 kilomètres, les déplacements sont chronophages. « Tout ce qui gravite autour de la ferme se trouve à 20 kilomètres. C’est donc un temps difficile à contracter car je suis trésorier de ma Cuma. J’essaie au maximum de concentrer mes déplacements et de m’arranger avec mon voisin. Par ailleurs, j’ai instauré les réunions en journée. Auparavant, elles se tenaient le soir, ce qui n’était pas compatible avec la vie de famille. »
L’application s’exécute en tâche de fond sur le téléphone. Elle est très facile d’utilisation. « On lance l’appli sur son smartphone en débutant sa journée, on l’arrête le soir. Les données sont accessibles via une interface web », souligne Ludovic Trocherie. En fin de journée, s’il le souhaite, l’agriculteur peut préciser une tâche pour aller plus loin dans l’analyse.
Cette année, Ludovic Trocherie n’a pas renouvelé son abonnement à Aptimiz, étant en phase transitoire. Il compte attendre l’installation de sa femme pour le faire. « Ce sera intéressant alors d’évaluer le temps passé à l’atelier de diversification », note-t-il. L’enregistrement de son temps de travail permet aussi d’analyser objectivement l’impact d’un changement de pratique avec des projections (+/- de vaches, de cultures, simulation de la délégation de certaines tâches, d’un nouvel atelier…). Quand on est en phase d’installation ou de diversification, cela permet de dimensionner ses projets selon leur rentabilité et leurs besoins en main-d’œuvre.
Chiffres clés
138 ha de SAU dont la moitié en SFP (40 ha de prairies naturelles) et le reste en cultures de vente (blé, orge, colza, tournesol, maïs, féverole)
60 mères limousines et 20 taurillons en engraissement
100 % monte naturelle
4 bâtiments de volailles de Loué, de 400 m2
20 ruches
1,8 UTH dont 1 associé, 1 apprenti et 1/3 temps salariat
Aptimiz, une application pour mesurer automatiquement le temps
Lancée par une start-up angevine, Aptimiz mesure automatiquement le temps de travail, atelier par atelier.
Pour gagner en efficience et optimiser son temps de travail, encore faut-il connaître le temps passé dans chacun des différents ateliers de son exploitation, mais également celui consacré aux tâches administratives d’où l’idée de trois fils d’agriculteurs Matthieu Carpentier, Armand Sachot et Simon Denonnain, alors élèves à l’École supérieure d’agriculture d’Angers de lancer l’application Aptimiz qui facilite l’enregistrement du temps de travail. Le quantifier permet d’analyser ses pratiques, d’optimiser ses choix en fonction de la rentabilité du temps passé.
Une utilisation sans contrainte administrative
Simple d'utilisation, l’application permet de connaître la répartition de votre temps de travail et d'analyser son organisation sans aucune intervention. L’application s’exécute en tâche de fond.
Grâce à une géolocalisation très précise, Aptimiz détermine l'atelier sur lequel l’éleveur travaille et y enregistre le temps consacré sans aucune saisie. Une fois les spécificités de l’exploitation paramétrées, l’application peut différencier par exemple le temps dédié à l’alimentation de celui passé autour du parc de contention ou dans le bâtiment d’engraissement ou encore à réaliser des tâches administratives au bureau. À la souscription, l’équipe d’Aptimiz accompagne la mise en route et le paramétrage des données de l’exploitation, puis assure un suivi.