Vols en agriculture : les solutions pour sécuriser sa ferme
Les exploitations agricoles sont alléchantes pour les voleurs. Plusieurs moyens existent pour compliquer la tâche des malfaiteurs, afin de les dissuader ou de faciliter l’intervention des gendarmes.
Les exploitations agricoles sont alléchantes pour les voleurs. Plusieurs moyens existent pour compliquer la tâche des malfaiteurs, afin de les dissuader ou de faciliter l’intervention des gendarmes.
Véhicules, GPS, carburant, petit matériel, engrais… Une exploitation agricole a de nombreuses raisons d’éveiller l’intérêt de personnes malhonnêtes prêtes à commettre des vols. La localisation parfois isolée des bâtiments et les accès multiples sont des facteurs aggravants. Pour réduire l’exposition aux risques, des équipes spécialisées de la gendarmerie multiplient les opérations de prévention prodiguant des conseils pratiques.
« Il n’y a pas de recette miracle, prévient l’adjudant-chef Laurent Jannet, référent sûreté à la cellule de prévention technique de la malveillance GGD 51. Il faut comprendre le raisonnement très rationnel du délinquant : faire un maximum de profit en un minimum de temps avec un minimum de risques. S’il rencontre un problème de temps, il essayera ailleurs. »
Impossible de tout sécuriser quand la ferme est en terrain ouvert. Dans ce cas, le gendarme recommande de se créer une « forteresse », un lieu que l’on sécurisera au maximum pour y entreposer les biens de plus grande valeur. L’autre stratégie à privilégier est d’obliger l’intrus à emprunter un unique passage, que l’on pourra mettre sous haute surveillance. « Pour les terrains clos, on peut renforcer les grillages ou clôtures par des haies défensives qui poussent vite, avec des arbustes épineux. Quand l’espace est ouvert, on peut y ajouter des fossés. » Pour entrer avec un véhicule, le malfaiteur n’aura pas le choix du point d’accès.
On peut ensuite s’équiper de systèmes d’éclairage et de caméras pour surveiller cette entrée et les lieux stratégiques (hangar sécurisé, cuve à carburant…). Un éclairage à détection de mouvement se déclenchant en cas de passage est plus efficace qu’une lumière permanente, car il attirera le regard des voisins. « Pour le voleur, c’est source d’inquiétude, affirme le gendarme. C’est une solution dissuasive et peu coûteuse, qui, en plus, est utile au quotidien. »
Combiner éclairage et caméras intelligentes
L’efficacité de l’éclairage est renforcée par la présence de caméras, à mettre en évidence par une signalisation. « Lorsque la lumière s’allume, le malfaiteur sait qu’il est filmé et que le chrono tourne, explique l’adjudant-chef. S’il tombe sur des obstacles, comme des cadenas sécurisés, cela peut inciter à laisser tomber. » C’est particulièrement vrai pour la délinquance locale, soucieuse de ne pas être identifiée.
L’installation de caméras offre un autre avantage : s’assurer, en toute sécurité, que l’on est bien face à une intrusion indésirable. On peut ainsi appeler le 17 (surtout, ne pas se mettre en danger !), car cette « levée de doute » est indispensable pour que la gendarmerie envoie une équipe.
Caméra filaire ou sur batterie, avec ou sans stockage… Reste à choisir son matériel et à le positionner. Des spécialistes de la gendarmerie peuvent venir sur votre ferme pour identifier vos besoins et les stratégies les plus adaptées. Les assureurs proposent aussi ce type d’expertise. « On réservera par exemple la 4K à du grand-angle pour filmer de près, et le full HD suffira pour filmer un point précis à 20 mètres, illustre l’adjudant-chef Laurent Jannet. Dans tous les cas, il faudra que la caméra ne soit pas facilement accessible, et qu’elle ne filme pas la voie publique. » Si vous recevez du public à la ferme (pour de la vente directe, par exemple), l’installation des caméras nécessite une demande à la préfecture.
Tout dépendra ensuite de votre budget. « On peut trouver des caméras à bas coût, souvent sans abonnement, dont la fiabilité est de fait moindre que des dispositifs plus haut de gamme avec intelligence artificielle et gestion des flux vidéo », indique Olivier Pardessus, responsable offres et services agricoles chez l’assureur Groupama. Plus le dispositif est sophistiqué, plus il coûte cher, et en particulier l’abonnement. Pour six à sept caméras et une alarme, comptez un millier d’euros. Il faut aussi prendre en compte le besoin d’un répétiteur pour le wifi si elles sont loin de la box.
Mais attention aux fausses économies. Avec une alarme au déclenchement intempestif au passage de petits animaux, les alertes incessantes risquent de vous pousser à la déconnecter. Un modèle doté d’intelligence artificielle, capable de reconnaître un humain, un véhicule ou un animal, sur une zone bien déterminée, est donc préférable.
Lorsque l’on est averti par une alarme d’une tentative de vol, chaque minute dépensée par le ou les voyous est bonne à prendre. Les moyens de les retarder sont multiples, du positionnement d’obstacles à la pose de fermetures à clé de qualité, notamment sur les ouvrants. Garer au maximum les engins qui ne servent pas au fond d’un hangar est une autre possibilité. Et, bien sûr, ne pas laisser les clés (ou les codes) sur les tracteurs, même si cela est plus contraignant au quotidien.
De même, plus il sera difficile pour les maraudeurs de repérer les biens à voler, plus ils auront tendance à passer leur chemin. Il faut ainsi au maximum cacher aux regards les cibles les plus tentantes en masquant les fenêtres à hauteur d’homme avec du film occultant, et en installant des haies cachant ce qui est stationné sous le hangar.
Protéger son matériel
On peut géolocaliser son matériel avec de petites balises. Ce moyen, certes coûteux, permet d’être averti rapidement en cas de vol, et augmente les chances de retrouver son engin.
Personnaliser le matériel tels que les GPS en le frappant avec le sigle de l’exploitation est une bonne habitude. Cela oblige le voleur à limer la marque, et complique la revente en dissuadant certains acheteurs. Si le matériel volé est retrouvé, le marquage aide les gendarmes à identifier le propriétaire. C’est aussi pour cela qu’il est recommandé de se constituer un inventaire avec des photos montrant les numéros de série.
Appliquer un produit de marquage codé constitué d’un gel invisible contenant un identifiant unique (chimique ou biologique) est une autre solution plus technologique. Des lumières spécifiques permettent aux forces de l’ordre de repérer le marquage, et l’analyse du prélèvement désignera le propriétaire.