Aller au contenu principal

TECHNIQUE
Viser la septoriose dès le premier traitement du blé

Même dans les interventions précoces, la septoriose oriente le choix des fongicides par les producteurs de blé. Oïdium et piétin verse ont tendance à disparaître des priorités.

Piétin verse ? Oïdium? Bon an mal an, ces maladies précoces tendent à être de moins en moins prises en compte dans les traitements fongicides. Dès la première application, c’est la septoriose qui concentre tous les efforts des céréaliers, tant cette maladie est présente sur les blés français avec une nuisibilité élevée. L’année 2008 renforce l’impression. « La nuisibilité des maladies a atteint des niveaux records sur blé et c’est surtout dû à la septoriose, retrace Olivier Charasse, Syngenta Agro. En France, nous l’avons calculée à 28,9 quintaux/hectare avec un pic dans l’Ouest où cette nuisibilité dépassait les 40 quintaux/hectare à cause du printemps pluvieux. » D’autres firmes(1) ou Arvalis citent les mêmes tendances. « La pression a été très forte, voire exceptionnelle, y compris dans le Sud-Ouest à cause de la pluviométrie », mentionne l’institut technique. Sur blé, il n’est plus de premier traitement qui ne soit conseillé sans tenir compte de l’épée de Damoclès que constitue systématiquement la septoriose.

MOINS DE PIÉTIN
Dans ce contexte, quelle importance attribuer au piétin verse ? « Je ne suis pas à l’aise pour répondre, admet Jean-Yves Maufras, Arvalis. En 2008, sur cinq essais prévus pour noter cette maladie, un seul a été exploitable. Pour nous, cette maladie a peu de nuisibilité tant qu’il n’y a pas de verse. Nous avons toujours des difficultés à mettre en évidence le gain de rendement qu’apporte une application spécifique anti piétin. » Même du côté des firmes, on se montre dubitatif sur la dangerosité de la maladie.« C’est un parasite qui brille de plus en plus par son absence. On estime qu’il y a un hectare sur quatre ou sur cinq qui reçoit un anti-piétin. La nuisibilité est estimée à 5 quintaux/hectare au maximum », chiffre Olivier Charasse.

L’OÏDIUM EN SOURDINE
Que dire de l’oïdium? Cette autre maladie peut justifier un traitement précoce. « C’est un pathogène qui est passé au second plan. Depuis une dizaine d’années, l’oïdium du blé n’est plus une préoccupation majeure sauf sur quelques variétés sensibles, remarque Jean-Yves Maufras. Le paysage variétal a évolué vers des blés tolérants pour la plupart.Mais il suffirait qu’une variété de blé sensible soit appelée à se développer fortement en France pour que l’oïdium ressurgisse », prévient-il. Au final, l’une ou l’autre des maladies pourra être combattue lors d’un premier traitement mais sans perdre de vue la septoriose, autrement plus problématique par la suite. « Plutôt qu’un produit anti piétin strict, nous préconiserons toujours une association avec un fongicide à action anti septoriose comme le mélange Unix + Joao ou Unix + Bell ou encore Flexity + Opus, plutôt que l’un ou l’autre de ces produits seuls », donne comme exemple Jean-Yves Maufras.

LE PROCHLORAZE CONTRE LA SEPTORIOSE
Le prochloraze a été, en son temps, un fongicide conseillé contre le piétin verse. Mais il a perdu de son intérêt avec le développement de souches résistantes. « Le prochloraze est devenu plus utile contre la septoriose, avec son action originale contre cette maladie, que contre le piétin verse, cite le spécialiste d’Arvalis. Quel que soit le type de souche de septoriose dominante et quelles que soient les matières actives auxquelles il est associé, le prochloraze permet de faire progresser l’efficacité des traitements sur la septoriose. » L’année 2008 a mis en évidence des infestations précoces de… rouille jaune.Déjà signalée en 2007, la rouille jaune a touché plus particulièrement certaines variétés comme Toisondor,Alixan,Hysan,Altigo… Il faut être vigilant sur le stade d’apparition de la maladie et sa reconnaissance. « Pour la suite, la lutte chimique ne représente pas de difficulté particulière, selon Arvalis, si le choix du produit est orienté vers des triazoles efficaces associés éventuellement à une strobilurine. » Et on ne perd rien en performance contre la septoriose. !
Christian Gloria
(1) Voir n° 218 de notre mensuel (octobre 2008), page 56.

AVANT LE TRAITEMENT FONGICIDE
Des moyens préventifs à adopter
« Le piétin verse comme d’autres maladies telluriques est favorisé par des semis précoces. Le décalage de la date de semis est un levier important pour diminuer leur impact, en particulier dans les successions très céréalières, explique Pierre Mischler, Agro Transfert Picardie, qui a été l’un des instigateurs des itinéraires techniques intégrés du blé tendre. Un précédent blé augmente également le risque piétin verse. Le décalage de date de semis a moins d’effet sur l’oïdium. Sur ce parasite, ce sont surtout les faibles densités de semis et les doses modérées d’azote qui auront un effet défavorable à son développement. » Le recours à des variétés rustiques avec des caractères de tolérance à ces pathogènes diminue le risque maladies.

Les plus lus

<em class="placeholder">Paysage avec diversité culturale.</em>
Telepac 2025 : la rotation des cultures de la BCAE 7 n’est plus obligatoire

La version révisée du plan stratégique national (PSN) de la PAC 2023-2027 vient d’être validée par l’Europe. Pour la PAC…

<em class="placeholder">Plante de datura stramoine en fleur. </em>
« La télédétection du datura par drone me coûte 72 €/ha, mais c’est un outil de lutte indispensable sur mon exploitation des Pyrénées-Atlantiques »

Anne Darrouzet est agricultrice en bio à Bougarber, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle a mené pendant des années une…

<em class="placeholder">Vincent Prévost, agriculteur à Gueux, dans la Marne</em>
Chardon : « Je garde une attention constante tout au long de la rotation pour limiter cette adventice dans mes parcelles dans la Marne »
Producteur de grandes cultures à Gueux dans la Marne, Vincent Prévost reste vigilant tout au long de la rotation pour limiter au…
champs de céréales bio
Comment obtenir le crédit d’impôt bio en 2025 ?

Le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique a été prolongé jusqu’à l’année 2025 par la loi de finances 2022 avec…

<em class="placeholder">Visite d&#039;un essais colza organisé par la coopérative Vivescia.</em>
Colza : « Nous recherchons dans le Grand-Est des variétés calmes à l’automne pour les semis de début août, et des variétés très dynamiques pour les semis plus tardifs »
Étienne Mignot est expert innovation agronomique au sein du groupe coopératif Vivescia. Il explique quelles sont les gammes de…
<em class="placeholder">Antoine Prévost, exploitant agricole à Foucherolles, dans son champ de blé au printemps 2025.</em>
« La négociation de ma reprise de terres s’est faite en bonne intelligence avec le cédant »

Antoine Prévost, exploitant agricole à Foucherolles, a saisi l’opportunité de reprendre 35 hectares de terres en plus de son…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures