Tournesol : bien piloter l’irrigation pour gagner des quintaux
Bien que relativement tolérant à la sécheresse, le tournesol valorise l’irrigation. Un bon pilotage de deux ou trois tours d’eau permet des gains de rendement importants, bienvenus face à la forte demande en huile.
Bien que relativement tolérant à la sécheresse, le tournesol valorise l’irrigation. Un bon pilotage de deux ou trois tours d’eau permet des gains de rendement importants, bienvenus face à la forte demande en huile.
Il faut souffrir pour être beau. La maxime s’applique au tournesol. « On ne doit pas déclencher trop tôt l’irrigation pour alimenter le tournesol mais attendre qu’un quart à un tiers de ses feuilles basses jaunissent, avant floraison, pour décider d’un apport d’eau, précise Laurence Pauly, ingénieur développement Terres Inovia. Il faut laisser le temps à la plante de s’endurcir et de développer son système racinaire. Ensuite, il est plus facile de maintenir la surface foliaire existante plutôt qu’une végétation exubérante qui se développerait à cause d’apports d’eau trop précoces. »
Cette stratégie ne pénalise pas le rendement du tournesol. « Pour atteindre son potentiel de rendement en conditions non limitantes, le tournesol consomme 550 mm d’eau contre 520 mm pour le maïs. Mais si on restreint l’eau, le tournesol sera capable de faire son rendement avec 75 % de ce volume (420 mm) à condition de bien répartir les apports, affirme Laurence Pauly. Le maïs n’a pas cette capacité. En conditions de restriction d’eau, le tournesol est davantage capable de produire son potentiel que le maïs, pour lequel une réduction de consommation engendre une baisse de rendement. » Avec une telle aptitude, le tournesol est avantagé dans les situations de ressources limitées en eau.
Encadrer la floraison avec des apports en eau
Quels sont les stades critiques du tournesol vis-à-vis de l’eau ? « La floraison est le moment le plus délicat pour le tournesol. Sur cette courte période, la culture a besoin de 80 mm environ. C’est important pour la mise en place du nombre de grains. » La spécialiste de Terres Inovia conseille jusqu’à trois apports d’eau en termes d’irrigation, « avec 35 à 40 mm chacun, un volume important qui permet de ne pas revenir trop fréquemment ». Sur sols superficiels, les apports se situeront au stade « bouton étoilé », à début floraison et à fin floraison. Sur sols profonds avec une réserve utile plus élevée, on peut se permettre d’attendre le début de la floraison pour le premier apport. Les tours d’eau suivants seront positionnés à la fin floraison et dix jours après, pour accompagner le remplissage. « Mais en raison des restrictions, voire des arrêts d’irrigation en cours cette année, les producteurs doivent se restreindre à une ou deux irrigations », remarque l’ingénieure de Terres Inovia.
« Plus on arrive à maintenir la surface foliaire longtemps, plus on fait du rendement et de teneur en huile, résume-t-elle. En moyenne, sur dix ans d’essais, nous estimons le gain de rendement entre 8 et 10 q/ha pour 100 mm apportés par l’irrigation comparé à des tournesols en sec. » Pourtant, seuls 5 % des tournesols sont irrigués dans le Sud-Ouest alors que 20 % de la culture se situe sur des parcelles irrigables, selon les enquêtes pratiques culturales de Terres Inovia. L’eau va préférentiellement aux maïs et soja.
Une irrigation maîtrisée en 2021 après des pluies abondantes
Terres Inovia a construit un réseau d’irrigants en 2021 pour établir des comparaisons fines entre des zones irriguées et non irriguées en parcelles agricoles. Dans nombre de situations, les conditions pluvieuses de l’année ont suffi au tournesol pour valoriser son potentiel de rendement sans recours à l’irrigation. « Malgré tout, certaines situations ont bien valorisé l’irrigation, notamment pour les parcelles semées tardivement qui ont fleuri au moment où la pluie devenait moins fréquente. »
Laurence Pauly présente en détail les résultats d’une des parcelles suivies dans le Loir-et-Cher, semée le 7 mai avec une variété précoce. « Les besoins en eau du tournesol étaient totalement couverts par les pluies jusqu’en juillet. Celles-ci ont commencé à se raréfier à partir de la fin juillet, au moment où le tournesol entrait en floraison. Le 29 juillet, les feuilles flétries dirigées vers le sol indiquaient la nécessité de déclencher l’irrigation. » L’agriculteur a démarré un premier tour d’eau de 35 mm le 1er août, suivi par 30 mm le 12 août.
L’indice foliaire est un bon indicateur de l’alimentation en eau du tournesol. Il s’agit de la surface des feuilles ramenées à 1 mètre carré de sol. Le 12 juillet, il était supérieur à 3, témoignant d’un développement végétatif exubérant de la culture. Le 29 juillet, il est descendu à 2,6. « Un mois après la floraison, la partie irriguée du tournesol avait perdu 29 % de sa surface foliaire contre 62 % en non irrigué, précise Laurence Pauly. Au final, la différence de rendement a été supérieure à 10 q/ha en faveur de la situation irriguée, avec en outre + 3,9 points de teneur en huile mais 1,4 point de taux de protéine en moins. » Pour une récolte le 29 septembre, le rendement moyen de l’intégralité de la parcelle a été de 43 q/ha, zone non irriguée inclue.
De 200 à 300 euros par hectare de gain de marge en irriguant le tournesol