Tassement des sols : quelles méthodes utiliser pour identifier un problème en 2024 ?
Les conditions climatiques de la campagne qui s’achève risquent d’être à l’origine d’un tassement des sols. Le mini-profil 3D est, de l’avis des experts, la méthode la plus appropriée cette année pour détecter une dégradation qui pénalisera la culture suivante.
Les conditions climatiques de la campagne qui s’achève risquent d’être à l’origine d’un tassement des sols. Le mini-profil 3D est, de l’avis des experts, la méthode la plus appropriée cette année pour détecter une dégradation qui pénalisera la culture suivante.
En raison des pluies incessantes tout au long de la campagne dans la plupart des régions, certaines interventions culturales ont été réalisées dans de mauvaises conditions, avec pour conséquence un risque de tassement des sols. Un sol tassé stocke moins d’eau et d’éléments minéraux et limite la capacité d’enracinement de la plante. Il pourrait donc pénaliser les prochains semis. Arvalis évalue 5 à 30 % de pertes de rendement en sol tassé.
Comment détecter un tassement des sols ?
Il est difficile d’identifier un tassement des sols à la seule observation de la surface. « Un indicateur de tassement possible est une irrégularité de développement observée au printemps sur céréales à montaison, mais si le tassement est généralisé, son impact ne sera pas visible à l’œil nu », précise Vincent Tomis, chargé de projet gestion de la fertilité des sols chez Agro-Transfert. Pascale Metais, ingénieure R & D agronomie chez Arvalis, complète en indiquant qu’une plante sera peu sensible au tassement si elle n’a pas été soumise à un stress, ce qui est le cas cette année du fait des pluies régulières et de l’absence de coup de chaud. « Il n’y a pas d’autre méthode que d’aller creuser pour voir, assure-t-elle. C’est indispensable pour bien préparer la prochaine campagne. »
Une première méthode possible consiste à enfoncer une tige pénétrométrique dans le sol pour sentir ou mesurer la résistance de celui-ci. Plus le sol est tassé, plus la résistance à l’enfoncement de la tige est importante. « La tige permet de suspecter des problèmes et non de poser un diagnostic, souligne toutefois Vincent Tomis. L’évaluation n’est pas toujours évidente car la résistance dépend aussi de l’humidité du sol et de sa texture ». Il est donc conseillé d’utiliser cette méthode lorsque le sol est complètement réhumecté sur toute son épaisseur. La tige permet surtout d’orienter vers des méthodes plus fines. « Si la résistance est ressentie en surface plutôt qu’en profondeur, un test bêche sera suffisant. À l’inverse, si une résistance est détectée à 20-25 cm, il faudra faire un mini-profil 3D », précise l’expert.
Quelle est la méthode la plus appropriée en 2024 pour diagnostiquer un tassement des sols ?
De l’avis des deux spécialistes, le test bêche risque de ne pas être suffisant cette année car les tassements seront sans doute profonds. Le mini-profil 3D, intermédiaire entre le test à la bêche et le profil cultural, a l’avantage d’être plus simple à mettre en œuvre et moins destructeur que le profil cultural. Cette technique nécessite un chargeur télescopique (ou frontal), dont on enfonce les pâles à 30 ou 45 degrés dans le sol pour extraire un bloc entier que l’on va observer. Il faut éviter un sol trop sec pour faciliter l’observation de la structure : la période privilégiée est à l’interculture, à l’automne pour décider de l’intérêt d’un décompactage. Agro-Transfert recommande de faire deux prélèvements : le premier sur une zone représentative de la parcelle ou centré sur un passage de roue visible, le second en décalé par rapport au premier, pour couvrir la variabilité latérale de la structure du sol. Les deux prélèvements offrent une surface d’observation de 2 mètres en largeur avec une profondeur maximale de 70 cm. Et si le second donne un résultat très différent du premier, il est conseillé d’en effectuer un troisième.
Agro-Transfert a établi un guide de la méthode du profil 3D. En premier lieu, on repère à l’aide d’un couteau les différents horizons de travail du sol. Puis on va caractériser la structure du sol à deux niveaux. D’abord, sur chaque horizon, on va identifier des états fragmentés (avec une forte porosité), motteux (alternance de mottes et de vides) ou compactés (sans mottes ou agrégats visibles). Ensuite, on va prélever des mottes dans chaque unité et les casser en deux à la main afin d’observer les faces de rupture et leur niveau de porosité. S’il n’y a pas de porosité visible à l’œil nu et des faces de rupture lisses, la motte est sévèrement tassée. Si une porosité est visible et les faces de rupture peu rugueuses, la motte est modérément tassée. Si la porosité est forte, la motte est friable. Cela va renseigner sur le volume exploitable par les racines et sur la capacité des mottes à stocker de l’eau.
Quels sont les critères qui vont décider d'une intervention de restructuration du sol ?
« Trois critères sont déterminants pour décider ou non d’une intervention de restructuration : la sévérité du tassement, sa profondeur et son emprise sur la parcelle », indique Pascale Metais. L’intervention mécanique profonde est recommandée avant une culture sensible au tassement (de printemps), si celui-ci se situe en dessous de la zone habituellement travaillée (donc profond) et qu’il est très peu régénéré par des fissures ou des galeries de vers de terre. S’il est nécessaire d’intervenir, Pascale Metais indique qu’il faudra le faire dans de bonnes conditions. « Il faut écraser une motte dans sa main, explique-t-elle, si elle ne s’éclate pas et reste en gros pavé ou qu’elle colle aux mains, ça ne sert à rien d’intervenir. Un sol sec est dur à travailler nécessite une consommation d’énergie importante et abîme le matériel. »