Aller au contenu principal

Sans glyphosate, un gros point d’interrogation avant les cultures d’hiver pour Antoine Chédru

En non travail du sol depuis plusieurs années, Antoine Chédru a quelques idées pour se passer du glyphosate, pas très simple à mettre en oeuvre.

"Le semis direct reste une bonne alternative pour limiter la mise en germination des adventices", explique Antoine Chédru.
© DR

"Je fais partie du réseau Base(1) depuis dix ans ainsi que de l’association Sol en Caux qui regroupe des agriculteurs mettant en pratique des itinéraires sans labour pour lutter contre l’érosion des sols. Je suis en non travail du sol depuis quelques années. J’utilise 80 à 100 litres par an de glyphosate sur mes 170 hectares de productions, principalement contre les adventices d’automne avant le semis du blé. L’interdiction programmée du glyphosate n’est pas une décision qui nous enchante. Mes couverts végétaux d’interculture sont détruits mécaniquement avec le passage d’un rouleau faca. Une petite dose de glyphosate (0,4 à 1 l/ha) est appliquée occasionnellement sur des graminées impossibles à détruire mécaniquement comme le pâturin, qui présente un port rampant.

En substitution du glyphosate, j’ai fait un essai avec l’antigraminée Kerb Flo (propyzamide) sur un couvert après destruction mécanique. L’efficacité est sans appel sur les graminées adventices. Mais il faut attendre trois semaines à un mois avant de bien voir la destruction de celles-ci. Le produit coûte de l’ordre de 25 euros/hectare contre dix fois moins pour une application de glyphosate à dose réduite. En outre, ce n’est efficace que contre les graminées, pas sur les dicotylédones ni les vivaces. Cette solution testée (NDLR : non autorisée en interculture) ne serait possible qu’avant une culture de printemps."

Un couvert dense qui étouffe les adventices

"Une autre solution passe par la production d’un couvert d’interculture dense qui étouffe les adventices. L’objectif est de produire la biomasse la plus élevée possible en privilégiant les légumineuses parmi des espèces gélives (lupin, tournesol, féverole, pois de printemps…) et en choisissant une graminée qui monte rapidement à graines comme l’avoine brésilienne (strigosa). Dès que ces plantes sont en fleur, elles se montrent sensibles au gel et plus faciles à détruire au rouleau faca. Le couvert est ensuite laissé en surface du sol sans l’incorporer pour le laisser se dégrader naturellement.

C’est avant les cultures d’hiver que la gestion des adventices constitue le gros point d’interrogation. La seule solution possible consisterait à faire du travail intensif du sol, ce qui n’est pas raisonnable dans nos situations de sols limoneux fortement sensibles à l’érosion. Les champs risqueraient d’être ravagés par les ravines. Le semis direct reste une bonne alternative pour éviter de perturber le milieu naturel et ainsi limiter la mise en germination des adventices. »

(1) Association sur l’agriculture de conservation, avec protection des sols et des habitats.
EN CHIFFRES
À Goderville, sur l’aire de captage du Havre
170 ha dont 80 de blé tendre, 21 de colza, 30 de lin textile, 12 de betterave, 10 de féverole, 8 de pois protéagineux, 6 d’orge de brasserie, 3 de maïs
Sols très limoneux, battants, très sensibles à l’érosion
En TCS depuis 1995 puis semis direct sous couvert permanent depuis 2014

Les plus lus

<em class="placeholder">Corentin Chateignier dans un des ses quatre bâtiments de volailles Label rouge sur son exploitation en Eure-et-Loir</em>
« J’ai lancé un atelier volailles en Eure-et-Loir pour diversifier mon exploitation de grandes cultures »

Corentin Chateignier, installé avec son père Alain sur une exploitation de grandes cultures dans la Beauce, a lancé un atelier…

<em class="placeholder">Guillaume Bodet est agriculteur à Aufferville, en Eure-et-Loir devant son gîte à la ferme </em>
« Mon gîte à la ferme en Eure-et-Loir rapporte un revenu équivalent à la location d’un petit non-meublé à l’année »
Guillaume Bodet est agriculteur à Aufferville, en Eure-et-Loir. Il loue son gîte à la ferme à des touristes mais il vise surtout…
<em class="placeholder">Bastien Porte et son frère Vincent Darribeau, associés de l&#039;EARL Crabot.</em>
« Notre marge brute moyenne en maïs semence est de 2 800 €/ha sur notre exploitation des Landes »

Bastien Porte est, avec son frère et sa mère, multiplicateur de semences à Aire-sur-l’Adour dans les Landes. Ce travail est…

Vidéo : comment entretenir un fossé dans les règles ?

Un fossé doit être entretenu pour permettre le bon écoulement de l’eau et réduire les risques d’inondations des parcelles…

<em class="placeholder">Angélique Le Borgne, agricultrice à Saumeray (Eure-et-Loir) au milieu d&#039;un champ</em>
« Je réalise mes meilleures marges avec le lin oléagineux en 2024 sur mon exploitation d’Eure-et-Loir »

Agricultrice à Saumeray, en Eure-et-Loir, Angélique Le Borgne a introduit le lin oléagineux de printemps dans sa rotation…

<em class="placeholder">Emmanuel Puaud, agriculteur à Rom (79) travaillant sur la trémie d&#039;un semoir</em>
« Je ne lésine pas sur les moyens de lutte contre les taupins et les oiseaux dans les Deux-Sèvres pour préserver mes 100 euros par hectare investis dans les semences de tournesol »
Agriculteur à Rom dans les Deux-Sèvres, Emmanuel Puaud est confronté aux attaques de taupins et d’oiseaux sur ses tournesols.…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures