Régénération des sols : quelle définition pour ces nouvelles pratiques ?
L’agriculture de régénération des sols suscitent actuellement l’engouement des filières mais aussi des débats autour de sa définition. Certains mettent en gardent sur le risque de faire de l’agriculture de conservation des sols a minima.
L’agriculture de régénération des sols suscitent actuellement l’engouement des filières mais aussi des débats autour de sa définition. Certains mettent en gardent sur le risque de faire de l’agriculture de conservation des sols a minima.
Agriculture de régénération (AR), agroécologie, agriculture de conservation des sols (ACS)… Une bataille de définitions se joue derrière cette volonté de préserver la santé des sols agricoles. « Il existe différents itinéraires techniques pour permettre la régénération des écosystèmes », avance Chuck de Liedekerke, cofondateur et CEO de Soil Capital, lors d’une conférence au salon de l’Agriculture. Pour Arnaud Richard, de la société Icosystème, l’agriculture de régénération présente l’avantage « de parler à tout le monde » et « de sortir des chapelles », en proposant une évolution des pratiques par étapes. « Aucune définition légale ou réglementaire de l’AR n’existe et aucune définition largement acceptée n’a émergé dans l’usage courant », indiquent des chercheurs de l’Inrae dans un document intitulé L’agriculture régénératrice : summum de l’agroécologie ou greenwashing ?
« Ce qui est commun à toutes ces variantes, c’est le retour de l’agronomie pour préserver la santé des sols », considère Anne Trombini, directrice de l’association Pour une agriculture du vivant (PADV). Autre point commun : « l’objectif est d’opérer à des changements de pratiques favorables au sol mais en préservant le potentiel de production et donc le revenu de l’agriculteur », observe Michel Dubois, docteur en biologie et ingénieur agronome.
Spécificité de l’agriculture de régénération : elle est actuellement impulsée par les industriels de l’agroalimentaire. A contrario, l’ACS est venue des agriculteurs eux-mêmes dans les années 1980. Du côté de l’Apad (association pour une agriculture durable), qui promeut depuis de nombreuses années son développement en France, on craint un risque de confusion. D’après elle, le respect des trois piliers - travail minimal du sol, couverture permanente et diversité des cultures – est nécessaire pour garantir une hausse durable de la matière organique dans les sols et une amélioration de la fertilité. Diane Masure, membre du réseau Apad craint notamment de voir des agriculteurs se lancer dans des nouvelles pratiques a minima, de subir des échecs puis de se décourager.