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Préparer l’après Basta F1 en pomme de terre

Le futur du défanage de la pomme de terre va passer par la disparition d’un défanant chimique majeur et s’orienter vers un recours plus important au broyage.

L’herbicide Basta F1 va passer à la moulinette en tant que défanant de la pomme de terre…. mais pas cette année. Avec l’herbicide Réglone 2 (qui pourrait subir aussi de futures restrictions), Basta F1 constitue la base du défanage des pommes de terre pour la majorité des producteurs. « Les deux produits sont surtout utilisés en première intervention dans un programme de défanage. Réglone 2 est en particulier intéressant car il détruit bien le feuillage. Mais on peut remplacer l’utilisation d’une telle spécialité chimique par un broyage mécanique, souligne Benoît Houilliez, chef du service pomme de terre à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais. Cette technique présente plusieurs atouts comme permettre la réduction de l’IFT et arrêter net le grossissement des tubercules après le passage, un paramètre important pour les producteurs de chair ferme. »

Il faut suivre certaines règles dans l’utilisation d’un broyeur pour réussir son défanage. « Il est important de laisser entre 15 et 20 cm de tiges. En effet, le broyage mécanique sera suivi de l’application d’un défanant chimique et il est nécessaire que la pulvérisation se produise sur des tiges (et non sur la terre) pour générer une bonne destruction finale de celles-ci et pour le détachement des tubercules, précise Benoît Houilliez. Pour les mêmes raisons, le passage du broyeur devra relever les fanes et aspirer les parties détruites entre les buttes de façon à laisser à l’air libre le reste des tiges. » Des déflecteurs à l’intérieur des broyeurs produisent ce phénomène d’aspiration pour projeter les tissus broyés sur l’interrang.

Porte d’entrée pour le mildiou sur tubercules

Pour les variétés qui présentent une forte végétation, le broyage en facilite la récolte et pour celles qui sont très poussantes le délai entre le défanage et la récolte est réduit. Mais l’utilisation d’un broyeur en lieu et place d’un défanant chimique ne présente pas que des avantages. D’abord, le débit de chantier est beaucoup plus faible, de l’ordre de deux hectares à l’heure contre dix pour un traitement chimique. Le passage du broyeur peut générer des tassements du sol et des buttes et enfin, il est absolument proscrit si la parcelle n’est pas saine en mildiou. « Quand l’on broie, on crée des portes d’entrées pour la contamination des tubercules par le mildiou, explique le spécialiste de la chambre d’agriculture. En cas de suspicion de présence de la maladie, l’application d’un fongicide à action antisporulante est indispensable. »

En conditions sèches, les buttes peuvent se crevasser après le passage d’un broyeur, faisant peser le risque de laisser passer la lumière jusqu’aux tubercules pour y provoquer leur verdissement. Ce phénomène est dépendant également du type de sol. « Pour colmater les fissures, ou pourra rouler les buttes avec des pneumatiques en conditions sèches ou des diabolos en cas d’humidité des buttes », précise Benoît Houilliez.

Sorcier, Spotlight Plus ou Basta F1 en second passage

Le broyage peut se suffire à lui-même pour défaner les pommes de terre de consommation sur des parcelles à maturité début septembre et dans des conditions chaudes et sèches. Mais sur des variétés de chair ferme qui se récoltent plus tôt, il faut une seconde intervention avec un produit chimique. Dans les situations faciles, l’application d’une dose de 0.8 l/ha de Sorcier (pyraflufen-éthyl) ou de Spotlight Plus (carfentrazone-éthyle) est suffisante. En cas de défanage difficile (forte végétation), il faut passer à 1 l/ha de Spotlight Plus ou recourir à Basta F1 à 2,5 l/ha. Le produit Réglone 2 est déconseillé après un broyage. L’utilisation de Sorcier doit se faire avec un adjuvant ce qui est inclus dans le pack Dolbi de Philagro.

Quant à Beloukha, ce défanant à base d’une substance naturelle, il a l’avantage de montrer un bon profil environnemental avec son classement comme produit de biocontrôle. Mais les conditions d’une bonne efficacité sont délicates à réunir et son coût, plus de 100 euros par hectare, est rédhibitoire pour la filière pomme de terre.

Une année de sursis pour Basta F1 sur pomme de terre

Le produit Basta F1 est promis à une interdiction comme défanant en France à terme mais cette année, il est encore utilisable pour cet usage. « Notre produit est en cours d’évaluation par l’Anses (1) pour sa réhomologation sur le marché français. Le dossier devait être rendu au printemps 2017 mais l’étude a pris du retard. Les conclusions de l’Anses devraient être connues cet automne, précise Nathalie Adam, ingénieur chez Bayer dans le Nord-Pas-de-Calais. Notre produit devrait conserver la plupart de ses usages sur diverses productions végétales mais pas sur le défanage de la pomme de terre. »

D’autre part, la spécialité de Bayer pourrait faire les frais de la fusion avec Monsanto. On imagine mal que le futur Bayer-Monsanto conserve aussi bien les herbicides totaux à base de glyphosate que ceux composés de glufosinate-ammonium (Basta F1) qui ont plusieurs marchés en commun. La firme devra sans doute le vendre à une autre société.

Basta F1 fait déjà l’objet de restrictions d’emploi. Il est interdit sur plants et pommes de terre primeur. Son utilisation comme défanant doit se faire par bande ou par applications ponctuelles dans un objectif de protection de la faune sauvage. Autrement dit, il ne peut être utilisé en plein sur l’intégralité d’une parcelle. Enfin, compte tenu de leurs classements toxicologiques, Basta F1 et Réglone 2 ne sont pas mélangeables avec d’autres spécialités phyto tels que des fongicides antimildiou.

(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

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