Gestion des exploitations
Pour sécuriser le revenu, bien identifier les risques
Gestion des exploitations
Les exploitations et le contexte dans lequel elles évoluent changent. Les risques encourus aussi. Réflexion et analyse réalisé avec le Crédit agricole Centre-Loire.
Les aides PAC vont baisser ; les marchés bougent ; les réglementations changent, les aléas climatique demeurent. Autant d´éléments qui rendent de plus en plus variable le revenu des exploitations de grandes cultures. Ce constat a amené la caisse régionale du Crédit agricole Centre-Loire à s´interroger, avec ses partenaires, sur les outils à mettre en place pour accompagner les chefs d´exploitation dans ce contexte mouvant. « Nous ne sommes plus dans le contexte des années soixante quatre-vingts, où le cadre de fonctionnement d´une exploitation était bien établi avec une politique agricole commune stable et des prix quasi garantis par des organisations communes de marché fortes », explique Roger Courtinat, responsable du département agriculture à la caisse régionale du Crédit agricole Centre-Loire.
Expert constatant les dégats en vue d´indemnisation par l´assurance. ©S. Leitenberger |
Identifier tous les risques encourus
Les prix et les aides baissent, le revenu aussi. L´important est de sécuriser le revenu, de limiter les écarts trop importants d´un exercice à l´autre pour assurer la pérennité de l´entreprise.
Dans les grandes entreprises, il existe une fonction « risk management », en bon français « la gestion du risque », comme il existe une fonction commerciale ou de production. La démarche consiste à identifier les risques encourus puis à décider comment couvrir ces risques par des mesures internes ou externes à l´entreprise. Les risques dans une exploitation agricole sont liés aux hommes qui y travaillent, aux moyens de production, aux productions et à leur commercialisation, ceci dans un cadre juridique et réglementaire. Sans oublier l´incidence des aléas climatiques sur la quantité et la qualité des productions, qui influe aussi sur les prix de marchés. On le voit bien cette année en céréales. Sur les productions, les risques sont techniques, sanitaires et climatiques. Quantité et qualité produites ne sont jamais sûres. La commercialisation des produits entraîne une incertitude sur les prix ; dans certains cas, il faut y ajouter les risques d´impayés.
La mise en oeuvre de moyens de production est facteur de risques. On peut citer le matériel inadapté, les retards de production suite à des pannes ou encore des erreurs de dimensionnement des équipements. Les cas de sous-équipements sont rares, mais quand ils existent ils peuvent être très préjudiciables à la production. Le suréquipement, souvent pris comme une assurance de réaliser les travaux en temps et en heure malgré les aléas climatiques, coûte cher et fragilise l´équilibre financier de l´entreprise qui devient plus sensible aux autres con-traintes. Enfin, les hommes qui dirigent ou travaillent sur l´exploitation ont besoin de sécuriser le risque d´absence pour accident ou erreurs sur le plan technique, économique ou juridique.
Désormais, s´y ajoutent des risques liés à la réglementation et à l´environnement (écoconditionnalité).
Tous ces risques doivent s´apprécier pour déterminer les plus préjudiciables. Le diagnostic ne peut être qu´individualisé.
Déceler les marges de manoeuvre possibles
Hommes, outils, productions. tous ces facteurs de risque sont aussi des leviers sur lesquels il est possible d´agir. L´efficacité la plus forte contre les risques est la prévention donc la mise en oeuvre de mesures internes à l´entreprise. Roger Courtinat donne un exemple : « Je ne maîtrise pas mes prix de vente ? Soit je délègue la fonction commerciale à la coopérative en optant pour le prix moyen sur la campagne, ce qui est un moyen de lisser les variations de prix sur une campagne, soit je décide de mon prix de vente et je me couvre sur le marché à terme, qui est un outil que je peux maîtriser. » Pour les mesures externes à l´entreprise, il y a en premier lieu l´assurance, assurance des personnes, des biens, aujourd´hui assurance-récolte, demain probablement assurance-chiffre d´affaires ou assurance-revenu.
S´y ajoutent les mesures complémentaires prévues par les pouvoirs publics comme la possibilité de constituer des réserves au niveau de l´exploitation. C´est la dotation pour aléas.
« L´important est de mesurer ce que l´entreprise peut supporter seule. Par exemple, à quel niveau s´assurer ? Quelle franchise accepter ?, insiste Roger Courtinat. Dès qu´il y a risque, il y a toujours quelqu´un sur le marché pour assurer. Mais à quel coût ? La question est de trouver le bon compromis risque-coût de couverture. »