Aller au contenu principal

Pour préserver les abeilles, traiter au coucher du soleil

Un arrêté est en préparation pour imposer les traitements insecticides et acaricides seulement après le coucher du soleil au moment de la floraison des cultures.

Les abeilles ont encore marqué un point. Le 28 avril, rendez-vous avait été donné par Stéphane le Foll, ministre de l'Agriculture, pour présenter un point d'étape sur la mise en place du plan de développement durable de l'apiculture. Mais ce qui a retenu l'attention dans les déclarations du ministre, c'est l'annonce de la rédaction d'un arrêté imposant l'utilisation d'insecticides et d'acaricides uniquement après le coucher du soleil au moment de la floraison des cultures. « Un avis de l'Anses(1) a été rendu sur l'usage des pesticides avec la mention abeilles. Ces insectes étant sensibles et actifs à la lumière, l'utilisation de ces produits ne devra se faire qu'à partir du moment où le soleil se couche », résume le ministre.
L'avis de l'Anses publié le 30 avril 2014 repose sur l'expertise demandée à l'Itsap-Institut de l'abeille. Que dit-il ? « Seule la luminosité peut être proposée comme condition indicatrice de l'absence d'activité de butinage des abeilles domestiques. » Autrement dit, des paramètres liés à la météorologie (comme une faible température) ou à la nature de la culture ne peuvent pas être retenus comme critères décidant ou non de l'usage d'un pesticide au moment de la floraison. L'avis précise que « les traitements phytopharmaceutiques bénéficiant d'une dérogation (NDLR: pour être utilisés durant la floraison) ne pourront être appliqués qu'après l'heure de coucher du soleil telle que définie par l'éphéméride et dans les trois heures suivantes. »


Gros soucis pour les producteurs de féverole


L'arrêté actuellement en vigueur (du 28 novembre 2003) indique la possibilité de traiter seulement « en dehors de la présence des abeilles. » Une mention trop vague selon la DGAL qui avait saisi l'Anses pour apporter des précisions sur cette définition avec un éclairage scientifique. Mais déjà, la plaquette Les abeilles butinent... Protégeons-les ! ne dit pas autre chose que de « traiter en dehors des périodes de butinage, tard le soir, de préférence après la tombée du jour. » Rédigée en 2010 par l'AFPP, elle a été diffusée largement par les instituts techniques ou l'UIPP.
L'Itsap et la profession apicole se réjouissent de la rédaction du nouvel arrêté de même que des producteurs de semences. Cependant, l'Unaf voudrait obtenir plus en étendant le futur arrêté aux fongicides et aux herbicides.
En revanche, des fédérations d'agriculteurs s'insurgent de l'arrêté présenté par Stéphane Le Foll, au premier rang desquels la FOP qui se fait la voix des producteurs de féverole. « La solution retenue signe quasiment l'arrêt de mort de la culture de la féverole en France, communique la FOP et son président Gérard Tubery. Précisément, le contrôle des bruches pose problème puisque cet insecte n'est accessible par les traitements sur la fleur qu'en pleine journée. Jusqu'à présent, nous parvenons à concilier les intérêts des apiculteurs et des producteurs de féverole pour, par exemple, faire en sorte que les abeilles ne soient pas exposées lors d'un traitement. Et nous préférons ces démarches de partenariat plutôt que de nous voir imposés des dispositifs réglementaires uniformes. » Le futur arrêté est en cours de rédaction pour une parution dans trois ou quatre mois. D'ici là, on imagine facilement les négociations vrombissantes en coulisse sur le texte.

 


(1) Saisine n°2013-SA-0234.

Apiculteurs et multiplicateurs de semences s'accordent

Les apiculteurs représentés par l'Itsap et Ada France(1), producteurs de semences oléagineuses (Anamso) et semenciers (Gnis, UFS) ont signé une Charte de bonnes pratiques agricoles et apicoles en pollinisation.
Le document formalise les engagements réciproques de ces professionnels pour une pollinisation de qualité et une préservation des abeilles avec le respect de bonnes pratiques agricoles. La charte reprend le principe des traitements sur fleurs « que lorsque les abeilles sont absentes, à la tombée de la nuit. » Elle s'inscrit dans l'action www.beewapi.com


(1) Association de développement apicole

Les plus lus

<em class="placeholder">Alexandre Smessaert, agriculteur à Roy-Boissy dans l’Oise</em>
Semis de colza à la volée : « La technique m’a fait économiser en temps de travaux et carburant sur mon exploitation dans l'Oise, mais elle reste à améliorer »

Intéressé par les techniques innovantes, Alexandre Smessaert, agriculteur à Roy-Boissy dans l’Oise, a testé le semis de colza…

<em class="placeholder">Méthaniseur en injection de la coopérative EMC2 à Landres (54).</em>
Méthanisation agricole : des conditions tarifaires qui pourraient booster les projets

La politique de transition énergétique française ouvre de bonnes perspectives pour la production de biométhane. Mais échaudés…

<em class="placeholder">Georges Laigle, producteur de pommes de terre à Bihucourt (Pas-de-Calais),   
&quot;</em>
Mildiou de la pomme de terre : « Je profite de l’arsenal de produits à disposition pour alterner les solutions sur mes parcelles dans le Pas-de-Calais »

Producteur à Bihucourt (Pas-de-Calais), Georges Laigle utilise une dizaine de produits différents contre le mildiou sur…

<em class="placeholder">Agriculteur déchargeant un sac d&#039;engrais dans son épandeur à engrais.</em>
L’Europe valide la taxation des engrais russes jusqu'à 430 €/t en 2028

Ce 22 mai 2025, le Parlement européen a approuvé l’augmentation progressive, à partir du 1er juillet 2025, des taxes…

<em class="placeholder">Parcelle de blé tendre dans le nord de la France.</em>
Sécheresse dans la moitié Nord : les cultures d'hiver ont besoin de pluies pour atteindre des rendements « dans la moyenne »

Peu de maladies, des cultures d’hiver globalement belles, les récoltes s’annoncent dans la moyenne. Peut-être le temps…

<em class="placeholder">Antoine Prévost, exploitant agricole à Foucherolles, dans son champ de blé au printemps 2025.</em>
« La négociation de ma reprise de terres s’est faite en bonne intelligence avec le cédant »

Antoine Prévost, exploitant agricole à Foucherolles, a saisi l’opportunité de reprendre 35 hectares de terres en plus de son…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures