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PH du sol : les cinq conseils pour bien le piloter

Le pH du sol constitue un élément primordial en agronomie. Des phénomènes de blocages potentiels dans l’alimentation des plantes peuvent se produire s’il est trop élevé. De la toxicité aluminique est générée, s’il est inférieur à 5,5, avec des baisses de production. Sans compter que le pH joue un rôle dans la structure des sols des parcelles agricoles. Cinq conseils aux agriculteurs pour piloter au mieux le pH de leur sol.

agriculteur avec un échantillon de sol dans un champ
Les laboratoires conseillent de conserver la même période de prélèvement de terre pour l’analyse du pH du sol, de préférence à l’automne.
© Gabriel Omnès
  1. Analyser le pH du sol, à l’automne de préférence
  2. Définir le pH du sol minimal selon sa rotation culturale
  3. Éviter les carences d’un chaulage excessif 
  4. Définir l’amendement calcique nécessaire selon l’analyse de terre
  5. Suivre régulièrement l’évolution de l’acidité du sol
     

1 - Analyser le pH du sol, à l’automne de préférence

Le pHeau, ( qui correspond au potentiel Hydrogène d’une suspension de terre dans l’eau), est le meilleur indicateur de l’acidité du sol. Le pHeau  quantifie les ions H+ (protons) présents dans un milieu. Un pH du sol proche de 7 correspond à un pH neutre. Un sol dont le pH est très inférieur à 7 est un sol acide. Un sol dont le pH est très supérieur à 7 est un sol alcalin ou basique. Le pH est exprimé par le logarithme négatif de la concentration en ions H+. Un sol à pH 7 contient 10 fois moins d’H+ qu’un sol à pH 6 et 100 fois moins qu’un sol à pH 5.

La valeur du pHeau du sol varie au cours de l’année de l’ordre de 0,5 point en moyenne. Il baisse au printemps et en été (intense activité biologique et nitrification de l’azote ammoniacal) et il remonte en automne et en hiver. Les laboratoires conseillent de conserver la même période de prélèvement de terre pour l’analyse du pH du sol, de préférence à l’automne où cette mesure est plus stable et la plus référencée dans les essais.

 

2 - Définir le pH du sol minimal selon sa rotation culturale

L’augmentation de l’acidité des sols contribue à rendre plus solubles certains composés minéraux comme l’aluminium. A pH inférieur à 5,5, la toxicité aluminique induit un mauvais fonctionnement des racines et de la nutrition des plantes avec des baisses de production des terres agricoles.

Pour la grande majorité des cultures (céréales, maïs, prairies temporaires…), le maintien du pHeau dans la gamme 6 – 6,5 avec le chaulage d’entretien permet de s’affranchir de tout problème lié à l’excès d’acidité, selon Arvalis. L’institut du végétal estime que tant que le pHeau ne descend pas au-dessous de 5,8 (5,5 en sols sableux), le risque de perte de rendement des cultures reste faible.

Un pH du sol supérieur à 6,5 pour la luzerne 

Des essais et publications récentes indiquent par contre que pour la luzerne il faut rechercher un pH du sol supérieur à 6,5 pour l’installation de son rhizobium.

Parmi les céréales, l’orge s’avère sensible à la toxicité de l’aluminium alors que le triticale et le maïs le sont peu. Les prairies temporaires ont un comportement proche du maïs. Pour les prairies naturelles, un pH du sol supérieur à 5,5 suffit.

Les légumes sont les cultures les plus affectées par l’acidité et nécessitent des pH plus élevés (6,5).

Un pH du sol de 7 à 7,5 pour la betterave

Pour la betterave, l’Institut technique de la betterave peut préconiser un pH de 7 à 7,5, notamment en sols battants limoneux. L’effet bénéfique du calcium lié à ses propriétés d’agent floculant intervient alors sur la stabilité structurale des sols.

Pour des pHeau supérieurs à 6,5, la gestion du pH du sol devient une affaire de compromis, entre des effets positifs dans certains sols limoneux à structure instable et des effets négatifs liés aux pH élevés.

 

3 - Éviter les carences d’un chaulage excessif 

Hormis dans les sols de craie, le surchaulage peut générer des problèmes de blocage des oligo-éléments avec pour conséquences des carences induites. Le Comifer préconise un seuil haut de pH (6,5 à 6,8 hors rotation betteravière et sols calcaires et argilo-calcaire). Un chaulage trop élevé pourra induire des carences en bore sur colza et tournesol, des carences en cuivre et manganèse sur céréales à paille et des carences en zinc sur maïs ou lin.

Le pH élevé du sol pourrait favoriser le développement de champignons

Chaque espèce a sa propre sensibilité. De plus, un pH élevé pourrait favoriser le développement de certains champignons inféodés au sol responsables de maladies des plantes. La gale de la pomme de terre et le piétin échaudage des céréales se développent plus lorsque le pHeau est proche de 7.

 

Influence du pHeau du sol sur différentes propriétés chimiques et biologiques

Tableau de l'influence du pH du sol

                                                Sources : Eric Masson, Alain Bouthier, Anne-Monique Bodilis (Arvalis)

 

4 - Définir l’amendement calcique nécessaire selon l’analyse de terre

Pour déterminer les amendements calciques nécessaires, il faut prendre en compte le pouvoir tampon du sol, estimé par la capacité d’échange cationique et le taux de saturation, le différentiel de statut acidobasique (pH du sol souhaité – pH du sol actuel) et la quantité de terre concernée. Cette dernière se quantifie en fonction de la densité apparente, de la teneur en cailloux des terres et de la profondeur à amender.

En sols naturellement carbonatés (calcaires, craies et argilo-calcaires), tout amendement est inutile. La dissolution des carbonates maintient durablement leur pH au-dessus de 8.

En grandes cultures ou prairies temporaires, un redressement est indispensable si le pH du sol est inférieur à 6. S’il est compris entre 6 et 6,5, un chaulage d’entretien suffit. Il est plus facile de réaliser régulièrement des chaulages d’entretien que de redresser le pH du sol. Les besoins de bases (Bdb) sont exprimés en Valeur Neutralisante (VN) par les laboratoires d’analyse, comme dans le tableau ci-dessous.

 

Dose d’amendement nécessaire pour le redressement du pH du sol en fonction de la CECMetson

Tableau 9.8 besoin en base en fonction du pH du sol

L’entretien moyen peut varier de 150 à 350 unités de VN (valeur neutralisante) par ha et par an. La VN représente la quantité d'oxyde de calcium (CaO) ayant la même capacité de neutralisation que 100 kg du produit considéré. Un amendement dont la VN est de 40 correspond à 400 kg CaO par tonne. Par  exemple, un chaulage d’entretien avec un besoin de 200 kg CaO/ha par an, soit 800 kg CaO/ha tous les quatre ans représente 2 t/ha d’un carbonate broyé à VN 40 pour cette période.

Le calcaire broyé préféré à la chaux vive pour redresser le pH du sol

Les carbonates broyés (vrac humide) avec leur VN comprise entre 40 et 50 ont une vitesse d’action lente à moyenne et les carbonates pulvérisés (VN=54) une vitesse d’action moyenne. La chaux vive et la chaux magnésienne disposent d’une vitesse d’action rapide avec respectivement une VN de 90 et de 92. L’apport de chaux vive, onéreuse, sera réservé au cas de redressement extrême. Le calcaire broyé, plus économique, est souvent privilégié pour le chaulage d’entretien.

 

5 - Suivre régulièrement l’évolution de l’acidité du sol

L’acidification des sols non calcaires est un phénomène naturel. Elle est liée aux cycles de l’azote, du carbone, du soufre et au drainage hivernal. L’estimation des Besoins de Bases est à nuancer aussi en fonction des pratiques. L’utilisation d’engrais ammoniacaux, un bilan N excédentaire générant une perte de nitrate en cas de drainage, des rendements élevés, une exportation fréquente des résidus (pailles) vont dans le sens d’un amendement calcique plus important et réciproquement. 

Au contraire, certains engrais organiques ou cultures intermédiaires peuvent avoir un effet basifiant sur le sol. Seul le suivi régulier du pH du sol à la parcelle tous les 5 ans permet de gérer de manière précise le chaulage agricole.

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