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Glyphosate : le point sur les solutions pour se passer de l’herbicide

Fin 2023, la décision sera prise en Europe d’interdire le glyphosate… ou non. Des agriculteurs n’ont pas attendu cette date fatidique pour s’en passer. Témoignages et préconisations.

En grandes cultures, l'usage du glyphosate est limité à un seul traitement à l'interculture. Son avenir sera fixé à la fin de l'année.
En grandes cultures, l'usage du glyphosate est limité à un seul traitement à l'interculture. Son avenir sera fixé à la fin de l'année.
© S. Leitenberger - stock.adobe.com

Des ray-grass résistants au glyphosate ont été trouvés en grandes cultures en France. Cette information récente confirmée par l’Inrae ne plaide pas vraiment en faveur du renouvellement d’autorisation de l’herbicide. La décision doit être prise à la fin de l’année. Quelle utilisation du glyphosate est-elle faite en France ? « En grandes cultures, ces usages recouvrent la destruction des couverts végétaux d’interculture, des repousses de culture et d’adventices vivaces, annuelles ou ligneuses, énumère Arvalis. Le glyphosate reste autorisé une seule fois par campagne à la dose maximale annuelle de 1 080 g/ha (1) en non-labour, ou après un labour d’été ou de début d’automne avant une culture de printemps implantée sur un sol hydromorphe. » Par ailleurs, le glyphosate est le pivot du système de culture en semis direct.

L’inévitable retour du travail du sol

Pour arrêter l’usage de cet herbicide controversé, nombre d’agriculteurs initialement en non-labour ont d’ailleurs pris le parti de faire revenir la charrue sur leur exploitation. Le labour fait en effet partie des moyens de détruire efficacement les couverts et une partie de la flore adventice. Mais son recours en remplacement du glyphosate fait parfois débat pour des raisons environnementales (déstockage de carbone, atteinte à la vie biologique du sol) et économiques (forte consommation de carburant, temps de travail). « La durabilité du sol peut se faire autrement qu’en semis direct, juge pourtant Bertrand Omon, de la chambre d’agriculture de Normandie. Le retournement une fois dans l’année avec un labour est parfois moins perturbant pour le sol que de multiples passages de déchaumeur à 10 centimètres comme cela se pratique en TCS. La bonne préservation du sol passe aussi par une couverture végétale suffisamment longue avec un couvert d’interculture réellement efficace et la réduction autant que possible des produits chimiques ne se dégradant pas toujours rapidement. »

Le glyphosate est souvent mis en avant pour freiner le développement d’adventices comme le ray-grass qui a tendance à se retrouver de plus en plus dans les cultures d’été. « Ce n’est pas l’unique solution pour résoudre le problème d’adventices pendant la période cultivée, juge Bertrand Omon. Le ray-grass peut être géré à l’interculture autrement que par la chimie. Toute une combinaison d’actions permet de le contrôler : la rotation culturale diversifiée, le travail du sol, le décalage des dates de semis… » Pour les couverts d’interculture, le recours à des cultures intermédiaires gélives ou l’utilisation de divers outils mécaniques sont des alternatives satisfaisantes au glyphosate pour leur destruction.

Difficile de s’en passer contre certaines adventices

Pour autant, dans le contrôle de certaines adventices vivaces tels que le chiendent rampant et les liserons, le glyphosate peut encore apparaître incontournable. Il permet en effet de gérer certaines situations délicates quand les alternatives sont difficiles à mettre en œuvre. « Sans cet herbicide, c’est très compliqué, observe Bertrand Omon. Contre le chiendent, il faut passer un outil à dents profondes avec des conditions sèches en surface, mais pas trop sèches en profondeur de façon à pouvoir passer l’outil. Contre le liseron, la rotation culturale avec diversités de cultures se montre assez efficace. »

Le glyphosate est reconnu pour son efficacité sur les graminées, ce qui n’est pas le cas des autres molécules autorisées à l’interculture, le 2,4-D, le dicamba et l’acide pélargonique en bio, qui sont des antidicotylédones stricts. Pas de faux espoirs du côté de la recherche chez les sociétés agrochimiques : il n’existe aucune molécule innovante à venir qui puisse être un équivalent exact au glyphosate, que ce soit en produits de synthèse ou de biocontrôle.

Cas particulier pour le lin fibre : le glyphosate apporte une solution contre le salissement sur les parcelles, après arrachage pendant la phase de rouissage quand les tiges sont laissées au sol pour maturer. Le retournement des andains en été ne résout pas complètement le problème. Pour certaines problématiques, le glyphosate semble donc ne pas avoir d’alternatives satisfaisantes pour le remplacer.

L’avenir du glyphosate fixé le 15 décembre 2023

Est-ce que ces arguments seront suffisants pour en autoriser encore son usage après la fin 2023 ? Le 15 décembre 2023 est en effet la date officielle de l’expiration de l’autorisation du glyphosate, si les 27 États membres de l’Union européenne en décident ainsi. Ces États vont devoir au préalable voter pour ou contre le renouvellement de l’autorisation de cet herbicide. Outre sa dimension politique, la décision reposera sur les conclusions scientifiques de l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments), dont la publication est prévue mi-juin 2023. La période d’approbation du glyphosate en UE devait expirer le 15 décembre 2022 mais la procédure d’évaluation ayant pris du retard, la Commission européenne a repoussé la décision d’un an.

Si le glyphosate devait être interdit, l’ensemble des autorisations de mise sur le marché des produits contenant cette molécule serait retiré entre janvier et mars 2024 et tous les usages définitivement interdits à partir de mars 2025. Des possibilités de dérogation nationale pour les usages sans alternative ne seront plus envisageables, suite à la décision de la Cour de justice de l’UE du 19 janvier 2023 qui avait statué en ce sens sur un cas similaire, celui des néonicotinoïdes.

(1) 2 880 g/ha dans le cadre de la lutte contre certains organismes nuisibles réglementés.

Un crédit d’impôt pour inciter l’arrêt du glyphosate

Le crédit d’impôt « sortie du glyphosate » est un dispositif d’aide mis en place pour accompagner les exploitations agricoles qui renoncent à utiliser des produits phyto contenant du glyphosate. Ce crédit d’impôt offre un montant forfaitaire de 2 500 euros. Pour les Gaec, le montant est multiplié par le nombre d’associés dans la limite de quatre. Les entreprises agricoles qui souhaitent bénéficier de ce dispositif doivent remplir le formulaire N°2069-RCI-SD (2023) et l’envoyer depuis leur espace professionnel sur impôts.gouv.fr. Il faut faire une demande au même moment que sa déclaration de revenus. Ce crédit d’impôt n’est pas cumulable avec les autres crédits d’impôt pour les exploitations certifiées Haute valeur environnementale (HVE) et Agriculture biologique (AB).

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