Surveillance du territoire
Naissance difficile pour le bulletin de santé végétale remplaçant les Avertissements Agricoles
Le gouvernement a imaginé un dispositif complexe pour remplacer les Avertissements agricoles. Les débats se poursuivent
avec les organismes agricoles chargés des observations sur le terrain.
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«L’État ne se désintéresse pas du sujet de la biosurveillance du territoire, martèle Marie- Christiane Casala, chef du bureau « Biovigilance, méthodes de lutte et expérimentation » à la direction générale de l’Alimentation (DGAL) au ministère de l’Agriculture. Mais son engagement prendra d’autres formes. On déplace les lignes de partage entre le public et le privé ». Le principe est de faire en sorte que la surveillance biologique du territoire soit désormais réalisée par de nombreux acteurs du monde agricole. Les observations seront mutualisées, centralisées dans une base de données régionale et enfin diffusées à tous les agriculteurs via un site Internet. Au niveau national, un comité national d’orientation va être mis en place sous la présidence de la DGAL. Il contrôlera un groupement d’intérêt scientifique (GIS) et un comité de surveillance biologique du territoire. Le GIS élaborera les modèles biologiques pour la base de données.
PAS DE PRÉCONISATION
« L’État veillera à ce que l’organisation de la surveillance soit assurée sur l’ensemble du territoire pour toutes les productions, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », souligne Marie-Christiane Casala. Dans chaque région, l’animation sera confiée à la chambre régionale d’agriculture. Tous les acteurs qui participeront à la collecte de données seront réunis en comité régional. La direction régionale de l’agriculture et de la forêt (Draf) veillera à la régulation du dispositif. Le comité régional désignera un animateur par filière et par secteur.Ce dernier sera chargé d’organiser la collecte d’informations, d’animer le réseau de collecteurs et de rédiger le bulletin de santé végétale. « Ce bulletin sera une analyse de la santé phytosanitaire des plantes à un instant donné et à l’échelle régionale. Il informera des seuils d’intervention, mais ne donnerapas de préconisation de traitement. Cette dernière relèvera désormais du domaine privé et concurrentiel », précise la représentante du ministère. Chaque organisme de conseil ou de distribution pourra donc éditer son bulletin de préconisation en complément du bulletin de santé végétale. Mais certains conseillers s’inquiètent : si les observations sur le terrain conduisent à conseiller à l’agriculteur de traiter sur la parcelle alors que le bulletin de santé végétale indique que le seuil de traitement n’est pas atteint, le conseiller ne risque-t-il pas de perdre son agrément? « À partir du moment où le conseiller est capable de tracer sa démarche et de la justifier, ce n’est pas incompatible avec une logique de certification », répond la responsable du dossier au ministère.
STATISTIQUES NATIONALES
Outre les différents bulletins de santé végétale publiés dans sa région, l’agriculteur trouvera aussi sur le site Internet les messages réglementaires du service régional de la Protection des végétaux (SRPV) et les notes nationales sur la stratégie de conduite des cultures. Les bases de données appartiendront à l’État. Une partie des informations régionales remontera jusqu’au ministère de l’Agriculture afin d’élaborer des statistiques nationales sur l’évolution des ravageurs ou des maladies sur l’ensemble du territoire. Ce suivi global n’existe pas actuellement. Reste à convaincre un grand nombre d’acteurs sur le terrain de travailler dans un objectif commun. Il faudra aussi leur fournir une méthodologie unique permettant d’enregistrer les comptages et les observations de la même façon d’un bout à l’autre de la France. Pas simple… !