Multiplication de semences : « Des marges brutes qui peuvent aller jusqu'à 10 000 €/ha pour certaines espèces »
Thomas Bourgeois est président de la Fnams (fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences) et producteur de semences dans l’Oise. Il explique comment est construite la rémunération des producteurs pour les différentes productions semencières.
Thomas Bourgeois est président de la Fnams (fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences) et producteur de semences dans l’Oise. Il explique comment est construite la rémunération des producteurs pour les différentes productions semencières.

« En semences de betterave sucrière et en potagères, la rémunération est basée sur une part fixe qui est censée couvrir les charges de production, une part variable qui dépend de la récolte (quantité et qualité) et des points de bonification liée à la faculté germinative. Les bonnes années, la part variable est supérieure à la part fixe. Pour des betteraves semences, le chiffre d’affaires varie de 6 000 à 9 000 €/ha, auxquels il faut retrancher 3 000 à 4 000 €/ha de frais. En potagères, la différence est très importante entre les espèces. En oignon ou carotte, on peut atteindre des marges brutes de 10 000 €/ha mais la variabilité est énorme en termes de rendement et de prix, alors que pour de la coriandre, on est sur des marges de 700 à 800 €/ha maximum.
En blé semence, si l’agriculteur travaille avec une coopérative, la rémunération est basée sur le prix du blé meunier auquel s’ajoute une prime de multiplication entre 24 et 26 €/t. S’il contractualise directement avec un obtenteur pour produire de plus petites générations, la prime de multiplication monte à 50 ou 60 €/t, et le calcul du prix se fait sur le Matif ou sur celui d’une coopérative qui rémunère bien ses adhérents. En fourragères, il n’y a pas de part fixe, c’est du gré à gré. La semence est rémunérée selon un prix au kilo de production, fixé par les établissements semenciers. Ce sont des cultures fortement tributaires du changement climatique avec des rendements très aléatoires et donc des marges extrêmement variables.
Pour estimer la marge que l’on peut espérer de la production de semences, la Fnams propose un outil en ligne gratuit, MargiS€M, qui permet d’estimer rapidement les charges de production et la rentabilité potentielle d’une culture de semence. L’outil se présente comme une calculette dans laquelle l’agriculteur peut renseigner les détails de son contrat de semences et de son itinéraire technique. »