Lutte contre l’érosion : « J’ai implanté des bandes enherbées en travers de coteaux et en bordure de mes haies pour freiner les ruissellements »
Couverts d'interculture, amélioration du taux de matière organique, haies, bandes enherbées... Bernard de Franssu multiplie les moyens de réduire le risque d'érosion de ses sols à Villers-Châtel (Pas-de-Calais).
Couverts d'interculture, amélioration du taux de matière organique, haies, bandes enherbées... Bernard de Franssu multiplie les moyens de réduire le risque d'érosion de ses sols à Villers-Châtel (Pas-de-Calais).
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« Mes sols limoneux ou argilo-limoneux sont battants, avec des phénomènes d’érosion. Il y a 30 ans, le taux de matière organique (MO) était compris entre 1,2 et 1,5. Je l’ai amélioré avec l’enfouissement des résidus de culture et des cultures intermédiaires ainsi qu'avec des apports de fumier en échange de paille avec mon voisin ou de boues de l’agroindustrie Roquette. Le taux de MO, ramené à 1,7 à 2, rend le complexe argilo-humique moins battant et érosif.
En interculture, la composition du couvert est choisie en fonction de la culture de printemps qui suit. Après la récolte du blé, un déchaumage est réalisé pour faire lever les repousses qui produisent alors 1 à 1,5 tonne par hectare de biomasse et sur lesquelles les épandages de produit organiques sont effectués. Le semis du couvert d'interculture intervient ensuite, fin août à début septembre. Il est détruit tardivement, deux mois avant le semis de cultures comme le lin et la betterave.
Sa composition dépend du précédent cultural. Avant le lin, c'est un mélange de graminées et légumineuses. J'associe crucifères, phacélie, tournesol et légumineuses avant betteraves. Avant pomme de terre, je reprends le même mélange avec un peu moins de crucifères et ajout d’avoine. Le mélange est exempt de légumineuses avant pois de conserve.
Les terres ne sont travaillées en TCS que la veille ou l’avant-veille du semis des cultures de printemps. Avec les voisins, je me suis concerté pour faire en sorte d’alterner cultures d’hiver et de printemps entre parcelles mitoyennes. Mes champs sont cultivés en travers de la pente.
Avec l’aide d’une association, les planteurs volontaires, des haies ont été plantées et couvrent 8 kilomètres aujourd’hui. Elles retiennent le sol mais s’il y a beaucoup d’eau boueuse arrivant dessus, ce n’est pas suffisant. En 2015 et 2016, des talus se sont écroulés entraînant une partie des terres sur la route et de la boue dans le village en aval, à cause de pluies exceptionnelles.
En complément, j’ai constitué des bandes enherbées avec un mélange de graminées, positionnées au pied de chaque haie et certaines en milieu de parcelles pour freiner les départs de ruissellement. Elles font l’effet d’un « tapis-brosse » en agrégeant les particules limoneuses autour des brins d’herbe. L’eau s’éclaircit. Maintenant, je constate qu’il n’y a pratiquement plus d’eau qui sort de mes parcelles. L’infiltration se fait très bien, même avec une forte pluviométrie. »
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