Protection des cultures
Les molécules phytosanitaires sont dans la chaîne alimentaire
Protection des cultures
Dans les effets suspectés des produits phytosanitaires sur la santé, il faut distinguer l´exposition des utilisateurs de celle des consommateurs. Ces derniers sont en contact avec les molécules via les résidus dans l´eau ou les denrées alimentaires.
Des limites maximales de résidus (LMR) sont définies pour chaque spécialité phytosanitaire dans les produits végétaux. La DGCCRF(1) et les SRPV(2) en France, la DG Sanco(3) dans l´Union européenne contrôlent des milliers de produits voués à la consommation. Les derniers résultats de l´année 2001 communiqués par la DG-Sanco montrent que 59 % des échantillons (fruits, légumes et céréales) comportent des traces de produits phytosanitaires ; 3,6 % des 46 000 échantillons présentaient un dépassement de LMR dans l´Union européenne et 6,1 % pour la France.
Pour l´UIPP, ces valeurs restent trop élevées même s´il y a un progrès par rapport à 2000 (chiffres respectifs de 4,5 % et de 11 %). L´organisation rappelle que « le respect des LMR découle du respect des doses, du nombre d´applications et du délai d´utilisation avant récoltes des produits phytosanitaires, autant d´informations figurant sur l´étiquette des emballages ».
La présence de traces de pesticides dans les aliments peut-elle occasionner un risque pour la santé ? L´Afssa(4) ne donne pas de réponse directe mais plutôt des recommandations sur des études « d´orientation plus réalistes ». « Les données de plan de surveillance sur les fruits, légumes et céréales peuvent surestimer l´exposition moyenne des consommateurs dans la mesure où elles portent sur les teneurs en pesticides des aliments issus de la production et non sur les aliments tels que consommés après lavage, épluchage et cuisson. Par contre, nous ne connaissons pas les effets d´une consommation systématique de produits avec des résidus au-delà de la moyenne. Il serait donc utile de réaliser des études d´alimentation globale... » L´Afssa suggère également des études sur différentes classes d´âges des consommateurs, en particulier sur les nourrissons et les enfants en bas âge.
L´Ifen a publié récemment son cinquième bilan annuel des résultats d´analyses de l´eau en 2001. Peut-on faire une synthèse des cinq rapports et en tirer des conclusions sur l´évolution de la contamination des eaux ?
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©P.-Y. Le Meur |
Stabiliser la méthode pour pouvoir comparer...
« Entre 1997 et 2001, nous avons assisté à un enrichissement du réseau d´observation. L´échantillonage évolue également et les laboratoires n´utilisent pas les mêmes méthodes pour analyser les molécules dans l´eau. Et le panel de molécules change... » Chef du département des milieux et des territoires à l´Ifen, Philippe Boiret, espère voir « se stabiliser la méthode pour pouvoir comparer les données d´une année sur l´autre ». Un voeu pieux. Dans l´édition 2002 du rapport « L´environnement en France », une synthèse des données de 1999 à 2001 montre que, « pour les eaux souterraines, 75 % des stations de mesures (692 en tout) sont altérées par la présence de pesticides et 41 % le sont à un niveau tel que, si ces points étaient utilisés pour la production d´eau potable, la distribution des eaux ne pourrait se faire sans traitement ». Une situation à améliorer forcément. Le retrait de nombreux produits en 2003 parmi lesquels ceux à base d´atrazine devrait y contribuer.
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(1) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
(2) Service régional de la protection des végétaux.
(3) Direction générale de la santé et consommation.
(4) Agence française de la sécurité sanitaire des aliments.
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Cet article est extrait du dossier de Réussir Céréales Grandes Cultures de décembre 2003. Sous le titre « Virage à négocier pour les phytos », la revue explique que le secteur de la protection des cultures est soumis aux pressions de l´opinion publique, aux contraintes économiques, réglementaires, environnementales, et n´échappe pas à une remise en question. (RCGC nº165, 20 pages)
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