Les huiles essentielles pourraient s'inscrire dans une stratégie de prévention
Utiliser les huiles essentielles en complément d'une stratégie de renforcement des défenses naturelles de la plante semblerait intéressant. Témoignage d'Éric Petiot, formateur.
Utiliser les huiles essentielles en complément d'une stratégie de renforcement des défenses naturelles de la plante semblerait intéressant. Témoignage d'Éric Petiot, formateur.
Formé à l’horticulture, à l’ethopharmacologie et à la biochimie, Éric Petiot s’intéresse depuis longtemps à la santé des végétaux, et à la façon de les soigner "par les plantes". Il dispense de nombreuses formations. Elles séduisent de plus en plus d’agriculteurs, qui viennent s’imprégner de son expérience, très éloignée des techniques et discours classiques. Pour le formateur, les huiles essentielles ont une place en tant que traitement phytosanitaire, mais dans une stratégie plus large de prévention des attaques et seulement en dernier recours. « Avant toute chose, l’objectif est de renforcer la résistance des plantes avec des préparations élicitrices qui stimulent leurs défenses naturelles », explique-t-il. Ce sont surtout des macérations de végétaux, tels que l’ortie ou la consoude. Lorsque la maladie est là, il faut ensuite bien analyser la nature des premiers dégâts avant de traiter.
Un traitement curatif lorsque la plante n’arrive pas à reconnaître son agresseur
« Sur céréales en particulier, les maladies peuvent être compartimentées, explique Éric Petiot. C’est par exemple le cas de certaines rouilles. Cela signifie que la plante reconnaît le champignon et le confine en réalisant un abandon cellulaire. Ce phénomène peut se reconnaître à l’œil nu car en général, un cercle rouge apparaît. » Autrement dit, la plante a enclenché ses propres mécanismes de défense qui lui ont permis de circonscrire la nécrose des tissus végétaux. Un traitement curatif avec des huiles essentielles ne ferait que la perturber. « Il faut au contraire 'rembourser l’emprunt' en l’aidant à reconstituer ses réserves avec des extraits fermentés et du miel », précise-t-il.
C’est donc lorsque la plante n’a pas reconnu son agresseur que les huiles essentielles peuvent intervenir. En dehors de l'interdiction qui pèse toujours sur ces produits, le spécialiste ne veut pas donner de recette : « une huile essentielle est composée de plusieurs chémotypes, précise-t-il. Celle de thym en contient une dizaine par exemple, qui diffèrent en fonction du moment et du lieu de la récolte. » Dosage et application sont donc étroitement liés à la nature de l’huile et pas seulement au pathogène. Il faut tâtonner mais selon le professionnel et certains agriculteurs utilisateurs, les résultats sont là…