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Les distributeurs digèrent mal Écophyto II

Avec la mise en route du plan Écophyto II, Stéphane Le Foll a gardé l’idée d’obliger les distributeurs à réduire leurs ventes de produits phytosanitaires de 20 % en cinq ans.

Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll veut appuyer là où cela fait mal dans la mise en oeuvre d’Écophyto II. Si la réduction des traitements phytosanitaires chez les agriculteurs peut être compensée par un maintien (voire un gain) de la marge brute, elle peut se traduire chez les distributeurs par une diminution de leur profitabilité économique. Or, Stéphane Le Foll s’attaque aux ventes de phyto en instituant des Certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP), un dispositif qui sera expérimenté à partir du 1er juillet 2016.

« C’est le sujet le plus discuté, le plus contesté, a admis Stéphane Le Foll le 4 novembre lors de la présentation du plan Écophyto II (1). Nous nous adressons aux prescripteurs vendeurs de produits phytosanitaires. Nous n’allons pas fiscaliser, punir ou sanctionner (NDLR : dans l’immédiat). Nous dressons un objectif à cinq ans de diminution des ventes de produits phyto de 20 % tout en incitant à la promotion des alternatives à ces solutions chimiques. Si au bout de cinq ans, il n’y a pas de résultats, il y aura des sanctions, des pénalités. » Une ordonnance avait été prise sur les CEPP début octobre. Le décret sur leur mise en œuvre doit paraître début 2016.

La compétitivité de l’agriculture pénalisée

Parmi les premières visées, les coopératives ont réagi au travers de Coop de France aux annonces du ministre. « Le dispositif d’expérimentation des CEPP est d’une invraisemblable complexité technocratique. Sa mise en œuvre sera coûteuse […] Elle ne tient pas compte de la rareté de solutions alternatives efficaces, du temps nécessaire à leur mise au point et leur déploiement. » Le message de Coop de France est repris peu ou prou par l’industrie de la protection des plantes (UIPP). « Les ambitions affichées par le plan Écophyto II pénaliseront la compétitivité de notre agriculture », estiment les deux organisations.

Si l’on s’en tient aux produits de biocontrôle dans les alternatives à la lutte chimique, effectivement ces produits sont quasi inexistants en grandes cultures en particulier. D’autres stratégies de lutte, agronomiques, génétiques, mécaniques méritent d’être développées dans le but de réduire l’utilisation de la chimie.

Stéphane Le Foll reçoit le soutien de France Nature Environnement. « FNE salue la réaffirmation de l’objectif de réduction de moitié de l’usage des pesticides (NDLR : d’ici 2025) et demande que l’indicateur de suivi de cet objectif fondé sur le nombre de doses utilisées (Nodu) et non sur la dangerosité des produits comme le souhaite une partie de la profession agricole, soit maintenu ». Ces indicateurs de suivi de l’utilisation des produits phyto ont été un autre sujet de débat sur Écophyto II. Stéphane Le Foll a affirmé que le Nodu ne serait pas retiré. « Nous avons un panier d’indicateurs, dont le Nodu, et dans lequel un nouvel indicateur a été ajouté sur l’impact sur la santé et l’environnement des phyto les plus problématiques. »

(1) Rapport publié le 20 octobre (http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/151022_ecophyto.pdf)

 

Un tiers des agriculteurs Dephy prêts à réduire leurs rendements

Le ministère de l’Agriculture s’appuie sur les résultats des fermes Dephy pour prouver qu’il est possible de réduire les phytos sans perte de revenu pour l’agriculteur. Mais c’est un peu difficile. Stéphane Le Foll note que l’indice de fréquence de traitement (IFT) a baissé de 12 % en un an, entre 2012 et 2013, dans les exploitations Dephy de grandes cultures polyculture élevage. Selon certains professionnels, il oublie de dire que la baisse fut moins évidente en 2014. « En grandes cultures, l’IFT moyen des fermes Dephy était de 3,1 au départ (1). Parmi les exploitations de grandes cultures, celles associées à l’élevage utilisent moins de phytos, précise Nicolas Munier-Jolain, ingénieur de recherche à l’Inra et responsable de la cellule d’animation nationale du réseau Dephy. 31 % des agriculteurs Dephy acceptent de réduire leurs rendements avec une pression parasitaire moins contrôlée si leurs marges sont maintenues », ajoute-t-il en se référant aux résultats d’une enquête.

(1) IFT de 13,1 pour la viticulture et de 21,4 pour l’arboriculture

Chiffres clés

- 30 actions en six axes dans Écophyto II

- Baisse de 25 % des phytos d’ici 2020 et de 50 % en 2025 comme objectifs

- 70 millions d’euros par an proviendront de la redevance pollution diffuse pour financer le plan à partir de 2016 (40 millions d’euros précédemment)

- 1900 fermes Dephy actuellement. L’objectif est de 3000 fermes Dephy à terme.

- 30 000 exploitations agricoles devront avoir pris comme modèle les fermes Dephy dans le cadre d’un engagement sur l’agroécologie (GIEE, MAE…)

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