Fertilisation : le label Comifer, sésame officiel pour les logiciels de plan de fumure
Fini les tracasseries lors des contrôles : les doses préconisées par les outils d’aide au calcul des doses d’azote sont désormais jugées conformes par les pouvoirs publics s’ils ont obtenu le label Comifer.
Fini les tracasseries lors des contrôles : les doses préconisées par les outils d’aide au calcul des doses d’azote sont désormais jugées conformes par les pouvoirs publics s’ils ont obtenu le label Comifer.
Votre outil informatique d’aide à l’élaboration du plan de fumure est-il « Comifer compatible » ? La question est importante si vous employez déjà l’une de ces applications permettant de calculer les doses d’azote à apporter sur chaque parcelle. Et si vous pratiquez encore votre plan prévisionnel de fumure (PPF) “à l’ancienne”, alors c’est une des questions à se poser avant d’opter pour l’un de ces outils qui facilitent grandement la tâche en limitant les saisies, en adressant des alertes et en prenant en compte les évolutions réglementaires.
De la clarté pour les agriculteurs
De nombreux utilitaires disponibles sur PC, tablette ou smartphone ont en effet été mis sur le marché ces dernières années pour rendre moins fastidieux le calcul des doses d’azote, passage obligé pour ajuster la fertilisation de ses cultures. L’exercice est même obligatoire pour les exploitations situées en zone vulnérable. Mais si ces logiciels sont bien utiles, encore faut-il qu’ils soient reconnus par l’administration pour ne pas risquer d’être pris en défaut en cas de contrôle. C’est dans ce but que le Comifer, organisme de référence de la fertilisation dont les travaux ont consacré la méthode des bilans, a créé le Label Comifer. Ce label garantit la conformité des outils de calcul de dose prévisionnelle d’azote au regard de la méthode qu’il a établi. Celle-ci correspond à la méthode du bilan, mais intègre tous les acquis techniques apportés depuis vingt ans et qui ont permis d’affiner les calculs : estimation des postes de fournitures du sol, de la contribution des effluents organiques, des besoins par unité de production, du coefficient selon la variété de céréales…
Ce label, validé par les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, garantit auprès des autorités que l’outil est « conforme à la méthode du bilan telle que développée par le Comifer », comme cela est exigé dans les arrêtés régionaux. Cela apporte donc de la clarté pour les agriculteurs, qui sont régulièrement démarchés pour investir dans ces applications. « Les logiciels sont construits de deux façons différentes, explique Christine Le Souder, ingénieure spécialisée chez Arvalis et membre du groupe de travail sur le dossier au Comifer. Les uns font des copiés-collés des arrêtés référentiels. Les autres, plus sophistiqués, ont leurs propres règles de décision. Lors de contrôles, les agents de l’État commençaient souvent leur travail par un calcul de la dose par rapport au référentiel du texte officiel. Ils trouvaient parfois des écarts sur la dose totale du fait de règles plus fines que les textes réglementaires et cela posait bien sûr des soucis. Avec le label, le Comifer souhaite faire reconnaitre les outils conformes à ses principes de raisonnement, publiés dans sa brochure. »
Un gros enjeu pour les éditeurs
À l’issue d’une démarche de fond, un comité de labellisation, composé d’experts indépendants, a attribué ce label à 16 outils différents, pour une durée de trois ans. Pour obtenir ce sésame, les concepteurs de logiciels se sont pliés à cinq exigences, à commencer par le respect du principe de la méthode Comifer. Ils ont également accepté un audit de leur outil, réalisé par un organisme indépendant, et ont décrit les algorithmes qui le régissent. Ils ont par ailleurs verrouillé le paramétrage du logiciel et se sont engagés à en afficher la version. La plus contraignante des règles est sans doute l’épreuve d’intercomparaison : « Nous avons envoyé 60 cas types par région aux éditeurs, qui correspondaient à un panel de situations régionales différentes, détaille Christine Le Souder. Les éditeurs ont calculé la dose totale pour chaque situation avec leur logiciel. Ils ont transmis les résultats au Comifer, qui leur a rendu un rapport présentant l'analyse de la comparaison de leurs résultats à la moyenne des outils et à l'arrêté référentiel. »
Parmi les logiciels ayant obtenu le label Comifer : Wiuz fertil, élaboré par la jeune plateforme agronomique Wiuz. La firme revendique une utilisation sur 800 000 hectares, via des techniciens, de son outil destiné à accompagner les agriculteurs dans la réalisation de leurs plans de fumure. « Pour nous, ce label était l’occasion de confirmer le très bon niveau réglementaire et agronomique de notre outil », explique Marc Hoppenot, PDG de Wiuz. Reste que l’exercice a nécessité un important travail en interne. « Après un audit très sérieux, nous avons dû réaliser des simulations sur 1000 parcelles correspondant aux 60 cas types ». L’enjeu est de taille : « Ce label apporte de l’objectivité là où il y avait un flou sur tous les modèles nationaux. »
Dormir tranquille
Les poids lourds du secteur ont également bien compris l’intérêt d’obtenir ce label Comifer, comme Isagri et son outil Geofolia. L’entreprise a mobilisé ses équipes sur ce dossier. « Geofolia intègre tout le référentiel de calcul agronomique d’Arvalis. Notre outil aide les agriculteurs à respecter la réglementation et à améliorer ses performances techniques et économiques, explique Cécilia Goret, responsable marketing chez Isagri. Ce label reconnaît la conformité de Geofolia à la méthodologie du Comifer. Lorsqu’un agriculteur était contrôlé, il pouvait y avoir des débats sur les outils et les méthodes de calcul. Désormais, ce débat est épuré. » Avec ces outils, les agriculteurs améliorent leurs pratiques et peuvent dormir tranquille en cas de contrôle.
Arnaud Cadon, 395 ha de grandes cultures à Orbigny, Indre-et-Loire
C’est simple et je gagne du temps !
"J’utilise le plan de fumure de Geofolia surtout depuis deux ans, car mon exploitation est passée en zone vulnérable. Auparavant, je réalisais un bilan azoté surtout agronomique. Depuis, avec Geofolia, je joue la sécurité et comme je saisis mes interventions un peu tous les jours, je suis à jour à 100 %. Si je devais être contrôlé, je serais assez serein. Avec cet outil, réaliser mon PPF est simple et je gagne du temps, en particulier grâce aux saisies groupées, qui permettent de dupliquer la même information pour une série de parcelles. J’ai connu un temps où il fallait renseigner parcelle par parcelle le type de sol et les reliquats pour obtenir la dose totale à apporter ! Là, l’outil calcule notre rendement moyen et le chiffre global s’affiche aussitôt. Ce volume me permet d’effectuer mes commandes d’engrais. J’utilise de la solution azotée et de l’ammonitrate. Geofolia simplifie aussi plein de petits détails. Par exemple, il retranscrit les unités d’azote en kilos d’ammonitrate et c’est bien pratique. Cela permet d’être au plus juste au niveau des apports."