La silphie, une culture fourragère offrant de nombreux atouts pour la méthanisation
Dans les plantes alimentant les méthaniseurs, je demande… la silphie. Cette espèce originaire d’Amérique du Nord commence à être cultivée en France.
Dans les plantes alimentant les méthaniseurs, je demande… la silphie. Cette espèce originaire d’Amérique du Nord commence à être cultivée en France.
Une surface de 750 hectares ensemencée en deux ans et une disponibilité en semences pour 3000 hectares supplémentaires cette campagne : la silphie fait une percée en France. Outre-Rhin, la plante est cultivée sur plusieurs milliers d’hectares pour une utilisation en méthanisation.
La silphie perfoliée (Silphia perfoliatum) est assimilée à une culture pérenne avec un semis pour rester en parcelle au moins quinze ans. Pour sa culture en France, la société Silphie France, filiale du négoce HADN, commercialise les semences d’une variété : Abica Perfo. « La silphie perfoliée peut dépasser les 3 mètres de haut. Attention aux autres espèces de silphie qui sont utilisées comme plantes ornementales et qui sont moins hautes », signale Amédée Perrein, gérant de HADN.
Une plante tolérant les à-coups climatiques
Il alerte sur la possibilité de trouver des semences qui ne seraient pas celles de silphie perfoliée précisément. « D’autre part, la variété Abica Perfo présente plusieurs atouts, comme celui de ne pas produire de stolons. Pas de potentiel invasif pour cette espèce », certifie Amédée Perrein.
Quels sont les atouts de la silphie en méthanisation ? « Son pouvoir méthanogène est inférieur de 30 % à celui du maïs mais, sur plusieurs années, on peut économiser en intrants par rapport à une culture de maïs », explique Benoît Brouant, de la chambre d’agriculture des Vosges. « Face à des problèmes récurrents de sécheresse mettant à mal certaines productions de maïs, la silphie peut être considérée comme une assurance stockage », ajoute Amédée Perrein. Une fois bien implantée, la silphie tolère bien les à-coups climatiques.
Il faut cependant ne pas rater son démarrage. L'implantation de la silphie est réalisée sous forme de semis. C'est donc une étape délicate car il faut garantir des conditions optimum pour la germination et le développement, avec notamment une certaine vulnérabilité face à la concurrence des adventices. Le coût d’implantation est élevé : 1600 à 2000 €/ha, intégrant le protocole complet des semences, engrais starter, désherbage et semis. La silphie se sème du 20 avril à début juin. Pour limiter les pertes économiques sur la première année d’implantation, elle peut être semée sous un couvert de maïs. Passée la première année, la plante nécessite une fertilisation annuelle pour obtenir le rendement escompté et assurer sa pérennité. Il n’y a plus besoin de phyto.
Une culture favorable à la biodiversité
La récolte s’effectue de la mi-août à la fin septembre avec une productivité dépassant les 12 t/ha de matière sèche. Elle peut se monter à 20 t/ha, d’après Silphie France, qui évalue la production de gaz entre 300 et 350 litres par kg de matière sèche. Pour le débouché méthanisation, la silphie entre dans la catégorie des 15 % d’apport végétal en tonnage à ne pas dépasser pour l’alimentation des méthaniseurs. La plante est également utilisable comme fourrage.
Avec ses jolies fleurs jaunes, la plante ne manque pas d’attrait. Elle est attractive pour les insectes pollinisateurs tels que les abeilles. Elle peut être cultivée en bordure de parcelle mais elle n’est pas encore dans la liste des espèces éligibles aux surfaces d'intérêt écologique (SIE). La silphie pourrait pourtant être un rempart anti-sanglier. Selon Amédée Perrein, « sa densité et la forte rugosité de ses feuilles ont des effets repoussoirs. » Cela reste à tester in situ en France.