Productivité
La régularité des rendements est un atout pour le blé français
Les rendements en blé tendre
français sont parmi les plus élevés du monde
et parmi les plus réguliers. Un argument de poids
pour l’origine France à l’export.
C’est l’argument massue utilisé par la filière française pour vanter son offre en blé : la régularité de la production d’une année sur l’autre. Sur la période 1990-2011, le rendement du blé tendre tricolore a enregistré une variabilité de 17 % seulement par rapport à la moyenne, bien en dessous de celle affichée par ses principaux concurrents, la Russie et l’Ukraine. En raison de la violence des caprices du climat, ces deux pays voient leurs rendements varier du simple au double. L’année 2010 avait particulièrement marqué les esprits : confrontée à un épisode de sécheresse caniculaire sans précédent, la Russie avait brusquement fermé les robinets de l’export durant l’été. Cette décision avait provoqué la panique chez les exportateurs, condamnés à trouver dans l’urgence des origines alternatives pour honorer leurs contrats, ce qui avait entraîné la flambée des prix. La France avait alors très largement profité de ce défaut russe.
Changement climatique
L’Australie est elle aussi coutumière des montagnes russes. Ces dernières années, l’île continent a subi à plusieurs reprises des sécheresses dévastatrices qui ont très fortement amputé son disponible exportable. En Argentine, les fluctuations de rendement s’ajoutent à de fortes variations des surfaces ensemencées. L’érosion de ces dernières depuis cinq ans a poussé le pays hors du top 5 des exportateurs mondiaux qu’il avait intégré.
Si le rendement français profite de sa régularité, il a toutefois cessé sa progression tendancielle. Les raisons de cet essoufflement ne sont pas encore éclaircies, mais les chercheurs suspectent les effets du changement climatique et la simplification des rotations.
Europe
Grâce à un climat clément et au savoir-faire des producteurs, le rendement français est l’un des meilleurs du monde en blé, bien loin devant le continent américain ou l’Australie. En Europe, le Royaume-Uni se situe toutefois au-dessus, avec une productivité qui oscille entre 70 et 80 q/ha depuis plus de dix ans. La production de blé britannique est toutefois largement orientée vers l’utilisation fourragère. L’Irlande fait encore mieux, avec une moyenne nationale de 102 q/ha pour le blé tendre d’hiver en 2011 !
Chine
En Chine, pour qui la production céréalière relève de l’enjeu stratégique, le gouvernement a développé une politique de soutien à la production de blé. Les chiffres disponibles — et parfois sujets à caution — font apparaître un réel effet des efforts fournis en termes d’amélioration des pratiques culturales et du choix des variétés. Le rendement a ainsi progressé régulièrement depuis vingt ans. La production, elle, s’était effondrée entre 1997 et 2003, puis est repartie à la hausse pour retrouver son plus haut niveau en 2012, au prix de forts investissements de l’État.
Ukraine
Le pays est encore pénalisé par l’irrégularité de sa production. Néanmoins, la relative faiblesse des rendements actuels est bien loin de valoriser le potentiel de ses grandes zones d’excellentes terres de tchernoziom. Les exploitations qui ont développé des itinéraires techniques performants parviennent même à faire jeu égal avec celles de l’ouest de l’Europe. Certains experts vont jusqu’à avancer l’hypothèse d’un doublement des rendements dans les prochaines années.