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ULTRABAS VOLUME
La pulvérisation affinée à l’extrême

S’il y a vingt ans, les agriculteurs tournaient à des volumes de pulvérisation de 400 litres à l’hectare en céréales, la moyenne française se situe aujourd’hui autour de 140 litres. Les céréaliers français font d’ailleurs figure de référence dans la maîtrise des faibles volumes. « En Allemagne, la moyenne oscille autour de 200 litres », illustre Mickaël Davy en charge des pulvérisateurs pour Amazone France. Les bas volumes (50 à 80 l/ha) et plus particulièrement les ultrabas volumes (30 à 50 litres) sont une spécificité franco-française.

Quelles sont les raisons qui motivent certains agriculteurs à traiter à des volumes inférieurs à 50 litres par hectare ? Il y a d’abord la volonté d’augmenter les débits de chantier. Cela sous-entend diminuer les volumes d’eau pour gagner en autonomie et réduire les temps morts (transports, remplissages…). Le transport représente un tiers du temps consacré aux travaux de pulvérisation en système classique. Augmenter l’autonomie et/ou réduire le nombre de cuves assure un gain de temps conséquent.

Les adeptes de l’ultrabas volume souhaitent maximiser l’efficacité de leurs produits en travaillant à certaines heures de la journée où l’hygrométrie est la meilleure et où les vents sont très faibles, voire tombés: généralement le matin et le soir.

Bien entendu, réduire son temps de pulvérisation sur de courtes plages horaires impose une augmentation conséquente des débits de chantier. Non seulement, ils réduisent les volumes d’eau, mais ils diminuent leurs dosages. « C’est une philosophie, un autre art de vivre la pulvé », déclarent unanimement les constructeurs de pulvérisateurs. « Ce sont des agriculteurs très pointus. Certains vont jusqu’à investir 50000 euros dans les stations météorologiques les plus high-tech, pour traiter au meilleur moment, annonce Mickaël Davy. Il faut dire qu’ils n’ont pas le droit à l’erreur. »

DES APPAREILS LÉGÈREMENT AMÉNAGÉS…

D’un point de vue équipement, si l’ultrabas volume s’est pendant longtemps cantonné à certains appareils spécialisés comme le Spra-Coupe, cette pratique peut aujourd’hui s’effectuer avec des pulvérisateurs plus conventionnels. « Certains aménagements sont tout de même nécessaires, précise Xavier Méline, responsable marketing chez Hardi-Evrard. Les appareils standards ne sont pas conçus pour faire du 50 litres par hectare. Par exemple, on va installer une pompe avec un débit sensiblement réduit par rapport à un modèle standard. Pas sous dimensionnée non plus, pour pouvoir épandre de l’engrais liquide si besoin et pour conserver une bonne agitation. » Parmi les agriculteurs pratiquant l’ultrabas volume, certains évoluent avec des appareils classiques et à des vitesses moyennes (10 km/h). Ils installent juste des buses à fente de petit calibre (0,1 ou 0,15). Vu les débits des pompes, une circulation semi-continue ou continue est indispensable. « Nous montons également deux débitmètres sur le pulvé, un à l’entrée de la rampe, l’autre en retour, explique Mickaël Davy, pour maîtriser avec précision le volume épandu. »

À de si faibles volumes, les risques de bouchage de buses sont plus importants, et les conséquences, préjudiciables pour la culture. « C’est un faux problème, réplique Xavier Méline. Avec les filtres d’aspiration et de refoulement, il n’y a pas de risque, d’autant plus si l’on ajoute des filtres de tronçon, voire des filtres de buses. » En travaillant à faible vitesse, donc à faible débit aux buses, l’opérateur évolue dans les limites basses de la régulation, qui se trouve ainsi moins précise. Cependant, bien que plus sensibles à la dérive, les petites gouttes générées par ces buses sont plus adaptées aux applications de produits de contact.

Dans la pratique, la plupart des céréaliers travaillant en ultrabas volume pulvérisent à grande vitesse.Travailler à vitesse élevée signifie évoluer sur une plage de régulation précise et utiliser des buses de plus gros calibre. Certains céréaliers affichent des pointes à plus de 30 km/heure. À cette allure, la stabilité de la rampe en dévers ainsi que l’absence de fouettement sont capitales pour apporter une dose homogène. Généralement, les agriculteurs se dotent d’équipements de confort (coupure automatique de tronçons par GPS, guidage par GPS, gestion automatique de la hauteur de rampe par ultrasons…) pour éviter que la pulvérisation ne se transforme en course de jeu vidéo. Étant donnés les horaires auxquels peuvent être appliqués les produits, l’éclairage de la rampe n’est pas un équipement superflu. …

OU DES PULVÉRISATEURS À LA CARTE

Certains constructeurs dessinent des pulvérisateurs à la carte. « On commence par cerner les utilisations, explique Jean- Marc Messaien, de la société Beyne. L’agriculteur doit-il appliquer des engrais liquides ? À quel volume à l’hectare veutil travailler ? Et surtout à quelle vitesse veut-il avancer ? Certains clients ont du petit parcellaire qui ne leur permet pas d’avancer à plus de 14 km/heure. »

L’appareil est alors doté de la pompe qui convient. Le constructeur belge proscrit la circulation continue. « Il faut réduire au maximum les volumes morts, poursuit Jean-Marc Messaien. À 30 litres par hectare, quelques litres de produits en plus dans les tuyaux de retour représentent tout de suite plusieurs centaines de mètres carrés. Il faut qu’à la fin de la parcelle, l’air commence à sortir aux buses. »

APPLICATION

La buse à fente d’office

Faire le choix de l’ultrabas volume signifie se restreindre presque
exclusivement à des buses à fente classique. De nouveaux modèles
à fente, de calibre 0,07, devraient prochainement accroître leur
spectre d’utilisation. Les buses à injection d’air atteignent souvent
leurs limites basses vers 50 litres par hectare. En outre, de
nombreux conseillers tendent à préconiser 20 à 30 litres par
hectare d’eau supplémentaires par rapport à un volume classique,
pour accroître l’efficacité des produits de contact. Les agriculteurs
les plus pointus n’hésitent pas à ajouter des adjuvants
pour améliorer l’étalement de la goutte sur la feuille.

 

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