La Pologne verrouille ses terres
A l'heure où le foncier agricole aiguise les appétits à travers le monde, la Pologne joue la carte de l’hyper-protectionnisme. Soutenu par le très conservateur parti au pouvoir Droit et justice, une loi particulièrement contraignante est entré en vigueur au 1er mai. En premier lieu, il interdit à l’État de vendre des terres publiques pendant les cinq prochaines années, cela, même si c’est une ressource intéressante. En ce qui concerne le marché privé, le texte restreint l’achat d’un terrain agricole aux seuls exploitants individuels. Sous conditions : ils doivent vivre depuis au moins cinq ans dans la commune où se situe le bien qu’ils convoitent, et ils ne doivent pas posséder plus de 300 hectares au total. En dehors des agriculteurs, seules des institutions religieuses pourront acheter des terres agricoles.
Le marché polonais sous contrainte
Les sociétés et les coopératives sont donc exclues de la boucle. L’Agence immobilière agricole, organisme d’État, aura par ailleurs le droit de préemption sur toute transaction immobilière agricole. Le texte ne réjouit pas les agriculteurs, puisqu’il verrouille en partie le marché de la terre et les possibilités d’agrandissement, très importantes pour les producteurs1. Il n’est pas sûr toutefois que Bruxelles, qui est en train d’évaluer cette loi, la valide.
S’il est extrême, le cas polonais témoigne néanmoins d’un mouvement plus large. Au Kazakhstan, par exemple, la réforme agraire a été suspendue par le président en raison de la contestation qu’elle suscitait. Pour encourager les investisseurs, elle permettait notamment aux étrangers de louer des terres pour 25 ans et non plus dix. Une perspective qui a conduit la population dans la rue, dans un pays où les manifestations sont très rares.
(1) Pour en savoir plus, voir Réussir Grandes Cultures numéro 301 d’avril 2016, p. 24-25.