Irrigation du maïs : « J’économise un tour d’eau sans grever mon rendement »
Agriculteur à Bantzenheim (Haut-Rhin), Jean Godinat mène un pilotage de l'irrigation du maïs au plus près des besoins de la culture, jusqu'à l'arrêt pour parfaire la maturation des grains.
« Nous sommes informés par la chambre d’agriculture d’Alsace de l’évolution globale de l’humidité des grains de maïs dans notre région pour gérer la fin d'irrigation. Lorsque l’on approche les 40 % d’humidité, avec mon frère, je vais récolter plusieurs épis par type de sol et variété dans nos champs, ce qui nous prend une matinée pour dix à quinze échantillons en tout. Nous les passons dans une machine à égrainer et portons les grains échantillonnés au silo proche de la CAC (coopérative agricole de céréales) pour un test d’humidité. Un second test est effectué auprès d’un autre silo portuaire (Gustave Muller). Nous faisons la moyenne des deux analyses. À partir d’une humidité comprise entre 39 et 41 %, on considère que le rendement du maïs n’est plus valorisé par l’apport d’eau. Nous pouvons être amenés à faire trois prélèvements avant d’arriver à ce stade à partir duquel nous stoppons l’irrigation en nous économisant un tour d’eau inutile.
Mais si l’on arrive à cette valeur seuil et que l’on annonce des conditions sèches sans pluie pendant plusieurs jours, nous réalisons malgré tout un dernier tour d’eau avec une moitié de volume (15 mm). Cela permet une dessiccation en douceur, pas trop brutale sur la fin de cycle. C’est valable surtout pour les variétés tardives avec un pilotage à la parcelle. Une telle stratégie peut nous faire gagner quelques quintaux à l’hectare par rapport à un arrêt des irrigations à la même date sur l’ensemble de la surface.
Par ailleurs, nous tenons compte des pluies. Des pluviomètres sont installés sur toutes les parcelles pour bien mesurer l’eau reçue par les précipitations car, avec les orages, il peut y avoir de fortes variations à 500 mètres près. Pour l’alimentation hydrique du maïs, nous retenons comme règle que la culture tient six jours à 30 °C avec un tour d’eau de 30 mm. Si les pluies sont importantes, nous décalons les apports.
Les récoltes sont programmées en deux temps : une première salve avec les parcelles aux plus faibles réserves utiles et exposées aux dégâts de sangliers et une seconde salve sur les sols les plus profonds avec une bonne tenue de tiges des maïs et pas trop de risques de dégâts de grands gibiers. Le maïs est mené jusqu’à 28 % d’humidité, voire moins (24-25 %) s’il y a absence de risques de dommages. »