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Fin des néonicotinoïdes sur betterave : « Nous avons amélioré notre connaissance du virus de la jaunisse »

Après une semaine chaotique pour la filière betterave, Hervé Fouassier, président de la section Cristal Union de Corbeilles, dans le Loiret, réagit à l’annonce de la coopérative de rehausser à 45 euros la tonne de betterave à 16° la rémunération des betteraviers pour 2023.

Hervé Fouassier, président de la section Cristal Union de Corbeilles-en-Gâtinais, assure que la coopérative va fournir un accompagnement technique aux producteurs.
Hervé Fouassier, président de la section Cristal Union de Corbeilles-en-Gâtinais, assure que la coopérative va fournir un accompagnement technique aux producteurs.
© H. F.

La coopérative Cristal union se veut rassurante avec ses planteurs après le vent de panique qui a soufflé sur la filière betterave. Que pensez-vous de cette situation ?

En tant que coopérative, nous sommes là pour encourager et soutenir les planteurs. L’annonce de l’interdiction des néonicotinoïdes a été brutale, c’est normal que dans un premier temps il y ait eu de la colère et de l’abattement. Après cette étape, on prend du recul et on passe à l’action : qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Comment on s’organise pour cette année ?

La crainte des planteurs, notamment au sud de Paris, est de revivre la même situation qu’en 2020. Qu’allez-vous proposer pour les accompagner ?

La hausse de la rémunération à 45 euros la tonne de betterave à 16° est une première chose. Nous profitons d’un marché européen porteur en termes de prix car déficitaire. La fin des néonicotinoïdes crée une tension supplémentaire.

 

Nous allons aussi fournir un accompagnement technique. Nous avons amélioré notre connaissance du virus de la jaunisse depuis 2020 avec notamment le développement d’un modèle de prévision des attaques de pucerons, mis au point par les Britanniques. C’est une bonne nouvelle car cela va permettre d’anticiper les interventions insecticides avec les deux produits à notre disposition Teppeki et Movento. On prévoit une mobilisation forte de nos techniciens sur le terrain au printemps.

Les producteurs peuvent-ils se tourner vers des variétés tolérantes à la jaunisse en 2023 ?

En l’état actuel des choses, il existe des variétés de ce type mais elles présentent un potentiel de rendement trop faible et il n’y a pas assez de retours d’expérience sur leur utilisation. Néanmoins, la situation est, là aussi, différente de 2020. À l’époque, nous étions en transition en termes de variétés : elles n’étaient pas toutes tolérantes à la rhizomanie et à la cercosporiose et pouvaient être fragilisées par ces maladies, les rendant plus vulnérables aux autres virus comme la jaunisse. Aujourd’hui, nous avons des variétés plus rustiques, toutes tolérantes à la pression rhizomanie et cercosporiose.

Pour les variétés tolérantes à la jaunisse qui seront dotées d’un potentiel de rendement plus élevé, le travail est en cours. Elles ne seront sans doute pas disponibles avant 2026.

On compte aussi sur l’homologation de nouveaux produits insecticides. Pour l’instant, rien n’est sorti du Plan national de recherche et innovation (PNRI) qui avait encore un an de travail devant lui. Nous allons avoir besoin d’une diversité de solutions pour faire face à la fin des néonicotinoïdes.

Craignez-vous une baisse des surfaces et que pensez-vous de la promesse d’indemnisation du ministre de l’Agriculture ?

L’évolution des surfaces est difficilement mesurable. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas que les planteurs se retrouvent seuls. Tous les coopérateurs seront contactés. Ils doivent sentir que nous les soutenons. Pour ce qui est de l’indemnisation, je considère que ça ne sera pas un argument qui suffira à rassurer les planteurs.

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