Fertilisation : Le phosphore fait défaut dans les sols cultivés en France
La situation des sols continue de se dégrader en France sur leur teneur en phosphore. Conséquences : des pertes de potentiel de rendement pour les cultures les plus exigeantes en cet élément nutritif.
La situation des sols continue de se dégrader en France sur leur teneur en phosphore. Conséquences : des pertes de potentiel de rendement pour les cultures les plus exigeantes en cet élément nutritif.
Près d’un quart de la SAU en situation de fertilité faible en phosphore
Sur les analyses réalisées sur la période 2012-2020, le diagnostic RegiFert classe 24 % de la SAU en fertilité faible pour le phosphore du sol (1). Cela signifie que dans ces situations, la fourniture du sol ne serait pas suffisante pour les cultures, même si elles sont peu exigeantes en cet élément. Sur la période 2003-2011, 13 % des sols étaient de fertilité faible. La situation se dégrade. La fertilité est classée moyenne pour 43 % des sols en 2012-2020 (40 % en 2003-2011). La fourniture sera suffisante pour des cultures peu ou moyennement exigeantes en phosphore mais pas pour les cultures exigeantes.
Des cultures exigeantes en phosphore, d’autres moins
Betterave sucrière, colza, luzerne, pomme de terre : ces cultures sont classées par le Comifer comme très exigeantes en phosphore. Dans la quasi-majorité des situations, la fertilisation phosphatée est obligatoire pour ces espèces l’année de leur culture, sous peine de perdre de 15 à 30 % de rendement en cas d’impasse. Le blé tendre en situation de blé sur blé, le blé dur, les orges, le maïs fourrage, le pois et le sorgho sont moyennement exigeants en phosphore tandis que les tournesol, soja, maïs grain, blé tendre assolé, avoine et seigle sont peu exigeants.
L’utilisation d’engrais phosphatés chute entre les années 1970 et 2010
Entre les années 1970 et actuellement, les livraisons et utilisations de phosphore ont chuté de près de 80 % selon une enquête SSP-Unifa sur les livraisons d’engrais en France. Leur utilisation équivaut à 17 kg/ha de phosphate minéral (P2O5) sur la campagne 2018-2019 selon l’Unifa contre 69 kg/ha en 1972-1973. Les livraisons tendent à stagner dorénavant depuis 2010. Sur la période 2007-2011, les surfaces de grandes cultures ont reçu 2,4 apports de phosphate en moyenne, selon l’enquête « Pratiques culturales 2011 ».
Les régions de cultures sont déficitaires en majorité
Des régions d’élevage intensif comme la Bretagne sont largement excédentaires avec du phosphore essentiellement d’origine organique, liés aux épandages d’effluents. L’Alsace et le Nord-Pas-de-Calais montrent également des sols excédentaires en phosphore, du fait des activités industrielles avec des scories issues de la sidérurgie. Dans les autres régions, sur les sols cultivés de façon intensive, les impasses en fertilisation phosphatée sont courantes. Le coût élevé des engrais incite à raisonner les apports et, jusqu’ici, les conséquences sur les rendements n’étaient pas toujours perceptibles.
D’où provient le phosphore du sol ?
Le phosphore n’est pas produit de manière naturelle par les organismes du sol. La situation actuelle des sols résulte d’apports d’engrais phosphatés industriels généralisés dans les années 1950 pour culminer dans les années 1970 avant leur chute. Les produits résiduaires organiques (PRO), notamment les effluents d’élevage, apportent d’importantes quantités de phosphore assimilable et montrent un coefficient d’équivalence compris entre 70 % et 100 % par rapport à un engrais phosphaté minéral.