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Maladie des céréales : face au piétin-verse, la génétique comme premier rempart

L'offre de variétés de blé tendre résistantes au piétin-verse s'élargit. Ce levier génétique est à privilégier et limite l'intérêt d'un traitement fongicide.

La verse due au piétin-verse fait se coucher les blés dans tous les sens.  © M. Moquet/Arvalis
La verse due au piétin-verse fait se coucher les blés dans tous les sens.
© M. Moquet/Arvalis

Le piétin-verse est-il une maladie en voie de disparition ? Ces dernières années, les dégâts liés à l’apparition de la maladie restent faibles et limités. La raison ? Les facteurs de risque sont mieux connus et la génétique progresse. « L’agronomie compte largement dans l’apparition du piétin-verse », rappelle Gilles Couleaud, ingénieur protection des cultures chez Arvalis. Le choix de la variété, la densité de semis, le travail du sol, la date de semis et le type de sol jouent un rôle important, tout comme l’historique de la parcelle.

Retarder la date de semis permet de lutter contre les adventices résistantes mais limite également le risque potentiel de piétin-verse. L’espacement des céréales dans la rotation joue lui aussi un rôle, le champignon responsable du piétin-verse se conservant sur les pailles. Les limons battants ou les sols de craie sont réputés sensibles au piétin-verse.

Les conditions climatiques jouent un vrai rôle

Mise au point par les équipes d’Arvalis, une grille de risque réunit l’ensemble de ces facteurs. Synchronisée à un modèle climatique (TOP), elle calcule un indice à partir de la levée de la culture. Elle est intégrée dans la plupart des outils d’aide à la décision présents sur le marché, comme Taméo, Avizio ou Xarvio. « À l’automne dernier, le risque était faible : les semis ont commencé huit à dix jours plus tard que la normale. En revanche, le risque climatique était fort, du fait de la douceur hivernale et des niveaux de pluie. Les conditions de l’année jouent un vrai rôle dans le niveau de risque », commente Gilles Couleaud.

Si le risque est faible, aucune intervention n’est nécessaire. Si le risque est moyen, une visite de la parcelle est requise, surtout si la parcelle a déjà connu des dégâts de piétin-verse. L’observation au champ s’effectue au stade épi 1 cm, réputé sensible. Si le risque est fort, un traitement est conseillé, même si l’efficacité des spécialités fongicides est limitée. « Ces applications ont une efficacité de 40 à 60 % pour un coût entre 35 et 40 euros/hectare », relève Gilles Couleaud. Seul un risque fort justifie une application.

Une nuisibilité indirecte à la moisson importante

La nuisibilité moyenne de la maladie est estimée à 3 quintaux/hectare, soit une perte de 48 euros/hectare pour un blé à 160 euros la tonne. Mais les attaques peuvent atteindre 20 quintaux à l'hectare. « La nuisibilité directe de la maladie est assez faible, mais ses conséquences à la moisson peuvent être importantes, nuance Fabrice Blanc, expert technique national fongicide céréales chez Syngenta. La verse de la parcelle ralentit le débit de chantier et augmente les pertes à la récolte. Ça peut faire beaucoup. »

Deux matières actives spécifiques sont homologuées : le cyprodinil (Kayak, Unix Max) et la métrafénone (Flexity). Ces produits s’appliquent en curatif en mars-avril, entre les stades épi 1 cm et 1 nœud. Passé ce stade, le feuillage fait obstacle à la pénétration du produit dans le couvert et limite son efficacité. L’application peut coïncider avec le T1 ou un T0.

Nette augmentation de l’offre variétale résistante au piétin

Autre facteur expliquant le recul de la maladie : les progrès de la recherche variétale. Il faut dire qu’une variété résistante au piétin-verse obtient un bonus dans le processus d’homologation du CTPS, à l’instar de la résistance à la septoriose ou aux fusarioses. Ainsi, de nombreuses nouvelles variétés productives possèdent le gène de résistance Pch1, obtenu en introduisant le segment d’un chromosome portant le gène de résistance.

« Nous observons une nette augmentation de l’offre variétale, indique d’ailleurs Philippe du Cheyron, ingénieur au pôle variétés d’Arvalis. Depuis 2017, en moyenne dix variétés résistantes au piétin-verse sont inscrites chaque année au catalogue contre cinq variétés par an dans les années 2000. » Sur les 23 nouvelles variétés de blé tendre en 2020, neuf ont une note de résistance au piétin-verse supérieur ou égal à 5, caractérisant une résistance. Sur une échelle de 1 à 9, plus la note est élevée, plus la résistance est importante. 40 % des dernières inscriptions sont résistantes au piétin-verse.

Un coût de traitement supérieur au gain sur les variétés résistantes

Choisir dans ce vivier permet de lever facilement une inconnue et évite un traitement. « Sur les variétés dont la note de résistance est supérieure ou égale à 5, le gain du traitement fongicide est inférieur à 3 quintaux par hectare », confirme Philippe du Cheyron. Reste à faire le bon choix parmi les variétés actuelles : Advisor, Campesino, LG Absalon, Renan ou Tenor font figure de valeurs sûres. Alignant une série de résistances aux maladies foliaires, une productivité élevée et une qualité meunière, LG Absalon (2016) fait à ce jour figure de variété idéale, même si la variété parfaite n’existe pas. Tout reste affaire de priorité et de compromis.

Reconnaître le piétin-verse

Le piétin-verse (deux types de souches : Oculimacula yallundae ou O. acuformis) est un champignon qui s’implante à la base des tiges de céréales. Il provoque la verse de la culture, dans une forme caractéristique : alors que la verse physiologique couche les blés dans le même sens, Oculimacula les fait verser dans tous sens. Visible dès le stade 3 feuilles, c’est au stade épi 1 cm, voire 1 nœud, que la maladie est la plus facile à identifier. Elle se caractérise par des taches ocellées (en forme d’yeux) diffuses, mal délimitées, situées sous un nœud.

Le champignon colonise la tige de l’extérieur vers l’intérieur : un découpage des gaines successives permet d’observer les mêmes taches et de confirmer le diagnostic. Les symptômes du piétin-verse peuvent être confondus avec le rhizoctone ou la fusariose du bas de tige. « Un élément de diagnostic consiste à passer son doigt sur la tache. Si celle-ci part, c’est le rhizoctone. Si elle ne part pas, c’est le piétin verse », conseille Romain Valade, responsable du pôle maladies chez Arvalis.

Face à des symptômes et pour estimer l’impact potentiel sur la production, prélever quarante tiges de manière aléatoire dans la parcelle et dénombrer les taches. On estime qu’il faut 35 % des tiges portant des lésions entourant complètement la tige pour que les pertes de rendement soient notables et justifient un traitement. 10 % de section nécrosée peuvent être associées à une perte de rendement de 1 quintal à l'hectare.

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