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Diversification d’offres herbicides en colza

Les nouveautés en termes d’herbicides sur colza font une petite pause pour les semis 2017 avec cependant quelques évolutions des offres commerciales. 2018 devrait être plus porteuse d’innovations.

Plusieurs nouveaux herbicides étaient annoncés pour courant 2017, notamment des nouveautés à base de métazachlore (voir par ailleurs). Mais finalement, peu seront prêts pour les prochains semis de colza. En fait, seule la société BASF annonce le lancement d’un produit : Tanaris (= Solanis), à base de DMTA-P et de quinmérac. Ces substances actives ne sont pas nouvelles. « Il s’agit d’une diversification de l’offre commerciale consistant à démarquer des solutions sur le terrain », juge Franck Duroueix, Terres Inovia. Le produit va être associé à d’autres herbicides dans des packs. « Un pack va proposer Solanis avec du Butisan S dans un équilibre de 1 pour 1 en termes de doses de produit, présente Eneko Barthaburu, responsable marketing colza chez BASF. Les deux autres packs que nous proposons déclinent Tanaris avec Novall en deux dosages : 1 pour 1 et 1 pour 2. Les trois packs vont chercher le même bénéfice d’un désherbage en situation relativement simple, à savoir une flore dominée par les dicotylédones où le quinmérac apportera un plus d’efficacité sur gailllet et crucifères. » Pour Franck Duroueix, l’utilisation d’un tel pack suivi de l’application du produit Ielo produira d’excellents résultats contre les géraniums.

Les packs apportent une certaine souplesse de période d’intervention qui peut aller de la prélevée jusqu'à la post-levée précoce, et plus précisément jusqu’au stade rayonnant du colza (70 % du colza au stade cotylédons). « L’utilisation en post-levée précoce constitue un bénéfice important pour les agriculteurs quand les conditions sont difficiles au moment de l’application des herbicides de prélevée », souligne Eneko Barthaburu.

Dow prépare deux vraies innovations pour 2018

Ce fut le cas en 2016, où les périodes sèches prolongées au moment des semis puis après n’ont pas permis aux herbicides appliqués en post-semis et prélevée d’agir de manière satisfaisante. L'humidité manquait. Des difficultés de levée ont également été enregistrées sur le colza lui-même. « Au moins avec notre herbicide, on peut décaler le traitement jusqu’au début de cette levée, qui se produit seulement si les conditions d’humidité du sol sont propices à la réussite de l’implantation du colza. On s’évite de traiter sur une parcelle dont on n’est pas sûr que la levée se produira bien », note le spécialiste de BASF. En 2016, beaucoup de parcelles ont subi un échec à l’implantation à cause de la sécheresse.

Après l’innovation Ielo/Biwix en post-levée du colza qui date déjà de quelques années, Dow AgroSciences prépare l’arrivée de nouvelles molécules sur cette culture pour 2018. « Nous allons lancer une nouvelle gamme d’herbicides à appliquer en post-levée précoce, présente Frédéric Liévens, chef produits herbicides cultures industrielles chez Dow Agrosciences. Le premier produit se compose d’une nouvelle molécule pour le colza, l’halauxifen-méthyl (marque Arylex), et de piclorame qui fait son retour sur cette culture. C’est un antidicotylédone strict qui sera utilisable du stade 2-4 feuilles du colza au stade reprise à végétation, à savoir de septembre (pour les semis les plus précoces) à fin janvier. Le produit apportera de petites doses à l’hectare de molécules herbicides. » Le second produit associe le métazachlore au piclorame et à l’aminopyralide, avec une certaine souplesse d’utilisation également puisque la spécialité pourra être appliquée de la prélevée au stade 4 feuilles du colza. Les produits sont en cours de test par Terres Inovia.

Le colza Clearfield s’implante petit à petit

Du côté des colzas Clearfield, Eneko Barthaburu mesure une légère progression de ces variétés résistantes aux herbicides de BASF contenant de l’imazamox. « Environ 35 000 hectares de colza Clearfield ont été semés en 2016 mais compte tenu de conditions climatiques qui ont mis à mal la culture cette campagne dans diverses régions, il y aura aux alentours de 30 000 hectares de ces colzas qui iront à la récolte. Il y en avait 25 000 hectares la campagne précédente et nous tablons sur 45 000 hectares aux semis 2017. » Selon le spécialiste de BASF, l’homologation en 2016 de l’herbicide Cleravo (imazamox + quinmérac) utilisable sur les variétés Clearfield, a permis de mettre en œuvre des programmes de désherbage avec Springbok suivi de Cleravo. « Ils ont fait changer de braquet en efficacité et franchir un cap dans le contrôle des géraniums, estime-t-il. Avec ce programme, nous avons la solution la plus efficace contre ces adventices. » On compte actuellement dix variétés Clearfield commercialisées : cinq par Dekalb, trois par Euralis Semences et deux par DSV (+ 1 en prélancement par Advanta). « Deux de ces variétés, ES Angel CL et DK Imaret CL, sont intéressantes dans les zones où l’orobanche est un problème pour les producteurs de colza, ajoute Eneko Barthaburu. Grâce à elles et à l’action des herbicides Clearfield sur cette plante parasite, les agriculteurs peuvent obtenir de bons rendements et continuer à cultiver du colza. »

Avec des modes d’action différents apportés sur colza et des périodes d’utilisation qui s’étendent, les produits répondent de mieux en mieux aux besoins des agriculteurs. Mais le coût ne se réduit pas avec une note dépassant régulièrement les 100 euros de l’hectare.

Le premier herbicide utilisé en colza est Alabama (BASF) devant Colzor Trio (Syngenta) et Novall/Rapsan TDI (BASF et Belchim).

38 % de part de marché en valeur en herbicides colza pour BASF, société leader en la matière. La firme est suivie par Syngenta, Dow Agrosciences et Belchim Crop Protection.

110 euros l'hectare

Le coût moyen d’un programme de désherbage sur colza — 110 euros l'hectare — ne cesse d’augmenter. Selon Franck Duroueix de Terres Inovia, « cette hausse est imputable au retrait de la trifluraline il y a quelques années et à la montée en puissance de la problématique graminées. La propyzamide utilisée à l’automne plus particulièrement contre les graminées a dépassé les 500 000 hectares de colza en 2015 contre moins de 200 000 en 2012 ».

Le métazachlore entre deux eaux

Des cas de contamination des eaux par le métazachlore sont rapportés localement, à tel point que des autorités ont dû déclarer impropre l’eau du robinet suite à la présence de ce produit ou de l’un de ses métabolites au-delà des normes légales de potabilité. La présence de l’herbicide est clairement liée à la culture de colza dans les régions touchées. La matière active fait déjà l’objet de restrictions d’emploi depuis quelques années : pas plus de 1000 g/ha sur une période de trois ans. Les produits à base de métazachlore s’utilisent sur environ 1 million d’hectares, selon Franck Duroueix, Terres Inovia, pour une dose moyenne de 600 g/l. "Il faut être vigilant sur toutes les situations sensibles aux transferts de phytos dans les eaux comme les zones karstiques (par exemple, le Pays de Caux) ou les aires d’alimentation de captage», précise-t-il.

Diversifier les programmes de désherbage

Une fiche de recommandations a été rédigée et éditée avec le concours de Terres Inovia, de la distribution agricole et des sociétés commercialisant les produits contenant du métazachlore. Dans les mesures prônées, il y a l’allongement de la rotation avec moins d’un colza tous les trois ans et la diversification des programmes de désherbage sur un territoire de façon à ne pas trop faire peser les interventions sur le métazachlore. Des mesures de protection des zones identifiées d’infiltration rapide sont mises en avant ainsi que des pratiques agronomiques limitant les risques de transfert d’herbicides vers les eaux souterraines. Dans le cadre du dispositif de phytopharmacovigilance, le métazachlore est surveillé par l’Anses et le retard pris sur des dossiers d’autorisation de mise en marché de nouveaux produits à base de cette substance active — il y en avait au moins cinq prévus courant 2017 — n’est sans doute pas étranger à cette mise sous surveillance.

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