Délégation de travaux agricoles : s’appuyer sur une ETA pour se lancer dans le chanvre
Maîtriser la récolte de cette plante très filandreuse et abrasive n’est pas chose facile. En Vendée, le contrat proposé par la coopérative Cavac, incluant fauche et pressage délégués à des ETA, est un puissant facteur d’incitation pour développer cette filière.
Maîtriser la récolte de cette plante très filandreuse et abrasive n’est pas chose facile. En Vendée, le contrat proposé par la coopérative Cavac, incluant fauche et pressage délégués à des ETA, est un puissant facteur d’incitation pour développer cette filière.
« Nous sommes devenus des pionniers dans la récolte du chanvre, en répondant il y a quinze ans à un appel d’offres de la coopérative Cavac », explique Paul Ouvrard, l’un des quatre associés de l’entreprise de travaux agricoles (ETA) Ouvrard Fontenit basée à Mouchamps, en Vendée. « Pour être retenu, il fallait pouvoir semer, faucher, andainer, presser et stocker le chanvre », explique-t-il. L’ETA s’est alors lancé, en partenariat avec John Deere et la Cavac, dans l’adaptation d’une ensileuse. Les débuts furent compliqués, car le chanvre est une plante difficile à récolter quelle que soit sa valorisation derrière.
Aujourd’hui, Paul Ouvrard est fier du travail accompli : « L’activité chanvre fonctionne très bien après des années de manipulation et d’adaptation sur la machine ». De 50 ha au départ, l’ETA est passée à 80 ha, puis 200 ha, et aujourd’hui 400 ha récoltés sur une trentaine d’exploitations. Les producteurs signent avec la coopérative un contrat qui inclut obligatoirement la prestation de fauche et de pressage, déduite du prix payé.
Un matériel de fauche « fait maison »
Après avoir récolté pendant une dizaine d’années tiges et graines du chanvre, l’entreprise s’est focalisée sur la tige pour répondre aux besoins de la coopérative, notamment pour le débouché de l’isolation. Pour cela, l’entrepreneur a adapté une ensileuse Claas. « Elle a l’avantage de ne pas avoir de boîte de vitesses d’entraînement, élément qui tombait souvent en panne sur la précédente machine, explique Paul Ouvrard. Le rotor tourne moins vite pour pouvoir couper des brins à la bonne longueur et ne comporte qu’un seul couteau, au lieu des 48 habituels en maïs. »
La machine est équipée d’un bec Kemper à maïs de 4,5 mètres qui a été adapté lui aussi « pour pouvoir avaler sans bourrer ». Ces modifications sont le fruit de plusieurs campagnes d’ajustement avec des allers-retours entre les parcelles et l’atelier, des démontages de rotor au champ… et évidemment des coûts.
Aujourd’hui, le débit de chantier est de 3 ha par heure alors qu’il était de 3 ha par jour, voire parfois 200 mètres par jour, au tout début ! Le pressage, qui vient après le fanage et l’andainage, est également une étape compliquée à cause du caractère très filandreux et abrasif du chanvre. « Dans toutes les parties tournantes, le chanvre s’enroule et si on ne l’enlève pas, il y a un risque de bourrage. Nous passons deux heures tous les matins pour enlever au cutter tout ce qui s’est emmêlé dans les roulements », précise Paul Ouvrard.
Un chantier de récolte géré par l’ETA et la coopérative
À partir de début août, à fin floraison, la plante est coupée de la tige à la tête, en brins qui tombent au sol. « La récolte doit se faire quand le chanvre est encore vert, souligne l’entrepreneur. Il ne faut ne pas attendre qu’il commence à griller. » Le choix de l’ordre des parcelles à faucher se fait toujours avec le technicien de la Cavac. Il est nécessaire d’identifier les pieds morts, liés à un semis trop dense ou un excès d’azote, car ce sont des plantes grillées, compliquées à couper, très abrasives qui peuvent mettre le feu. « Ce sont celles-ci qu’il faut faucher en premier », explique l’expert.
Ensuite, le chanvre est réparti en andains et fané, puis à nouveau andainé environ trois semaines après. Enfin, il est pressé en botte cubique de 120 cm X 90 cm. « Nous commençons généralement à presser les premiers fauchés. Mais parfois ce sont les premiers fauchés qui sont pressés en dernier, quand la coopérative veut du chanvre ultrarouis, c’est-à-dire très noir. Il faut de l’humidité pour qu’il noircisse », détaille l’entrepreneur. Pour arriver à faire le travail dans les temps sur les 400 ha, l’ETA fait parfois tourner 4 à 5 presses.
Paul Ouvrard admet qu’un « agriculteur seul serait confronté à de multiples difficultés, surtout pour adapter la machine pour faucher, mais aussi pour le pressage ». Si ces deux étapes sont obligatoirement réalisées par l’ETA, certains producteurs assurent le fanage et l’andainage et la majorité stockent les bottes de chanvre chez eux ou les livrent directement à l’usine.
Le chanvre semble être une culture d’avenir en Vendée. La Cavac envisage d'augmenter encore les surfaces de chanvre. Pour accompagner ce développement, l’ETA Ouvrard Fontenit pourrait investir dans une seconde faucheuse.