Agriculture et environnement
De la théorie à la pratique, pas d´agriculture durable sans biodiversité
Agriculture et environnement
On déplore une baisse de la biodiversité en France et dans le monde. En quoi cette évolution est préjudiciable et quel rôle peuvent jouer les agriculteurs ?
Le constat sur l´évolution de la diversité biologique (ou biodiversité) n´est pas reluisant en France : quarante espèces végétales disparues depuis le début du vingtième siècle, 30 % des plantes en forte régression et 12 % en voie de disparition(1) ; plus de 50 % des espèces de mammifères menacées, près de 40 % des oiseaux et reptiles et de 20 % des poissons(2). Beaucoup de spécialistes pointent du doigt l´agriculture et sa révolution de l´après-guerre comme cause première de la baisse de biodiversité.
Mais qu´est-ce que la biodiversité et pourquoi faut-il la préserver ?
On peut décrire la biodiversité d´un milieu ou d´un territoire par le nombre d´espèces animales et végétales présentes. Cette biodiversité est génétique également. Elle est traduite par le nombre de variétés de plantes cultivées ou de races animales.
L´homme a intérêt à maintenir cette diversité animale et végétale. Sur le plan génétique, les souches sauvages d´une espèce cultivée peuvent procurer des gènes d´intérêt agronomique, par exemple pour lutter contre une attaque parasitaire nouvelle.
L´homme assure 90 % de son alimentation au niveau mondial avec une trentaine d´espèces végétales seulement. Or, il y a environ 250 000 espèces de plantes dans le monde et 7500 sont connues pour avoir des parties comestibles. En plus, plantes et animaux peuvent fournir des composés pharmaceutiques d´intérêts majeurs. Bref, laisser disparaître des espèces animales et végétales, c´est diminuer notre potentiel de ressources pour se nourrir, pour se soigner.
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©C. Gloria |
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Les nombreuses influences liées à la diversité paysagère
A l´échelon d´un territoire comme la France, la préservation de la biodiversité participe à celle de notre milieu de vie de façon durable. Explications de Jean-Marie Betsch, du Muséum national d´histoire naturelle : « Elle peut être visible à travers une diversité paysagère qui a une influence sur plusieurs plans : climatique avec une régulation du régime pluvial et du ruissellement en fonction du taux de couverture végétale ; érosif avec la limitation du risque par réduction des surfaces en zones dénudées et minimisation des effets du ruissellement ; fonctionnel par le rôle de `filtre´ à nitrates par exemple ou par l´apport et la transformation d´éléments nutritifs ; biologique avec les stocks génétiques sauvages et de prédateurs contre les parasites. »
Il ajoute : « La diversité naturelle est considérée comme une réponse adaptative aux risques de modifications de la biosphère, en particulier dans les milieux les plus artificialisés. Des races ou variétés rustiques, parmi les bovins ou les céréales par exemple, s´adaptent mieux aux conditions changeantes et aux milieux contraignants que les races et variétés les plus productives. »
Sur un parcellaire agricole, il faut évaluer la biodiversité à deux niveaux : au sein des parcelles elles-mêmes et en bordure de ces parcelles ou dans des zones adjacentes (bois, mares.) ce que Alain Peeters, de l´Université catholique de Louvain, décrit comme « biodiversité extra-agricole ». « Cette dernière peut avoir une grande valeur patrimoniale. » Le potentiel de biodiversité est le plus grand à côté des parcelles agricoles et non à l´intérieur.
(1) Selon G. G. Aymonin (1974).
(2) Selon un rapport de l´OCDE de 1989.