Couverts végétaux: quel matériel utiliser pour réussir leur implantation après la moisson ?
La technique d’implantation des couverts végétaux est souvent source d’interrogations, qu'il s'agisse de se conformer à la réglementation ou de les réussir pour en faire un véritable atout agronomique. Tour d’horizon des différents modes de semis et des matériels nécessaires à leur réussite.
La technique d’implantation des couverts végétaux est souvent source d’interrogations, qu'il s'agisse de se conformer à la réglementation ou de les réussir pour en faire un véritable atout agronomique. Tour d’horizon des différents modes de semis et des matériels nécessaires à leur réussite.
Implanter ses couverts d’interculture après une période chargée comme la moisson, et avant le prochain pic des semis de colza et céréales d’automne, peut parfois représenter une contrainte pour les agriculteurs. Pour autant, quitte à devoir semer des couverts, l’idée de pouvoir les réussir et d'en tirer des bénéfices a de quoi séduire, même les plus récalcitrants. Entre un semis à la volée ou une implantation avec un semoir à semis direct, le préalable est de faire un état des lieux du matériel existant sur l'exploitation, puisque investir spécifiquement pour le semis des couverts représente un coût non négligeable.
Pour que le couvert lève dans de bonnes conditions, afin de profiter au maximum de son potentiel agronomique, plusieurs options peuvent être envisagées. « Pour les agriculteurs qui pratiquent déjà du semis très simplifié et possèdent un semoir à semis direct à dents, ils peuvent en profiter pour utiliser ce matériel pour l’implantation des couverts, explique Olivier Hochedel, du FDGeda du Cher. Les avantages de la technique sont certains, puisque deux opérations sont réalisées en même temps. « La dent va nettoyer le sillon pour y placer la graine de manière idéale, elle va chasser la paille et préparer la terre sur le sillon en effectuant un microtravail du sol. Cela va favoriser la minéralisation du sol à cet endroit-là », avance Victor Cointe, agriculteur et constructeur de semoirs, dans la Nièvre, avec sa marque Sème z’y bien. Propre et minéralisé, le sillon va se trouver dans des conditions plus propices pour faciliter la levée à la moindre précipitation.
Semis à la volée : des résultats aléatoires
L’homogénéité de la levée est également un facteur à prendre en compte. Elle peut être plus risquée pour des semis de couverts à la volée. « Si l’objectif est de semer un couvert réglementaire, semer des petites graines peut se faire à la volée. Mais les résultats sont très aléatoires, il faut que les conditions humides soient au rendez-vous », confirme Olivier Hochedel. Tout dépend de l’objectif recherché par l’agriculteur, et des moyens qu’il peut et souhaite dédier au semis de ses couverts. « Pour les couverts peu coûteux, comme la moutarde, un semis à la volée au Delimbe sur le quad ou avec un petit semoir sur le déchaumeur permet de maîtriser les charges de mécanisation, mais aussi le temps passé », confirme Kevin Gallien, conseiller en machinisme et animateur au sein de la fédération des Cuma du Loiret.
Selon les espèces semées, et donc la taille des graines, certains matériels sont donc plus ou moins propices. Pour un mélange plus diversifié, notamment dans un objectif agronomique, une levée homogène peut être obtenue avec un semoir à semis direct. « Derrière une préparation du sol de type déchaumage, on peut envisager le semis des couverts avec un semoir à disques qui va bien faire le travail, avec un appui localisé. On peut également citer le semoir à dents après un déchaumage, avec un rouleau, pour favoriser le contact terre graine. Une fois qu’il y a eu une première préparation du sol, plusieurs méthodes de semis sont envisageables », assure Victor Cointe.
Combiner déchaumage et semis du couvert
Une autre solution, qui prend de l’ampleur, est d’utiliser une trémie frontale installée sur le tracteur lors du déchaumage. Cette option permet de trouver une utilité au relevage, tout en permettant d’atteler des outils de grande largeur. Gros bémol : l’investissement dans une trémie frontale coûte entre 25 000 et 40 000 euros selon les équipements, d’après les estimations d’Olivier Hochedel. Mais ce type de matériel peut être rentabilisé grâce à sa diversité d'usage : la trémie peut aussi bien servir aux céréales qu’aux cultures classiques, mais aussi pour les opérations de fertilisation au moment des semis de maïs. Avec cette technique, il est possible d’économiser des passages puisque la trémie contient deux distributeurs, l’un dédié à la fertilisation localisée et l’autre aux graines. Un dosage plus affiné peut également être envisagé, avec une partie pour les petites graines et l’autre pour les graines les plus grosses.
« Déchaumer et semer ses couverts en même temps est une des meilleures techniques pour mettre toutes les chances de son côté, avec un surcoût limité », considère Ghislain Perdrieux, conseiller à la chambre d’agriculture du Tarn. Pour les agriculteurs en zone vulnérable, qui doivent semer un mélange de deux espèces, il peut être envisagé d’implanter les petites graines au moment du déchaumage puis une féverole, par exemple, avec un épandeur à engrais. Attention tout de même de prendre en compte certaines limites. « Quand on couple le déchaumage à une opération de semis, le risque est d'avoir des levées indésirables, comme les résidus de moisson, et donc un couvert pollué », nuance Victor Cointe.
Quelle que soit la technique d’implantation, les conditions de pluviométrie après moisson sont déterminantes pour assurer une levée efficace des couverts.