Conseil technique : les Ceta mettent en avant leur indépendance
Quinze Ceta, Centres d’études techniques agricoles, se sont réunis à l’assemblée générale de Ceta de France, à l’occasion des dix ans d’existence de l’association. Ils souhaitent se rendre plus visibles pour mettre en avant leurs valeurs, telle l’indépendance dans le conseil technique.
L’association Ceta de France a fêté ses dix ans d’existence lors de son assemblée générale le 14 janvier dans le Gers. Elle réunit 15 Ceta, Centres d’études techniques agricoles, avec 3 075 exploitations agricoles adhérentes pour 450 000 hectares de surface agricole. Ces Ceta diffèrent beaucoup en taille : d’une structure couvrant 4 400 hectares comme le Ceta de Limagne à Agro d’Oc (Union des Ceta d’Oc) sur 140 000 hectares.
Indépendance des Ceta vis-à-vis d’organismes commerciaux, politiques ou syndicaux
« Au sein de Ceta de France, nous partageons des valeurs communes, notamment notre indépendance sur les conseils techniques vis-à-vis d’organismes commerciaux, politiques ou syndicaux, définit Benjamin Grudet, président de Ceta de France et adhérent de l’Ucata (Cher). Nous sommes constitués en association avec les ressources de nos propres adhérents via les cotisations (1) et nous n’avons pas pour objectif de dégager du bénéfice. Nous employons des ingénieurs pour les expérimentations et les conseils. »
L’organisation communique également sur les valeurs d’échange avec des espaces de réflexion faisant intervenir des experts, sur la contribution à l’innovation grâce aux nombreux essais menés au sein de chaque Ceta, sur le partage de savoirs entre agriculteurs et conseillers via des rencontres fréquentes…
Des groupes de travail dont un sur la séparation du conseil et de la vente
« Avec Ceta de France, nous souhaitons être plus visibles qu’auparavant et légitimer notre place sur divers dossiers agricoles », souligne Benjamin Grudet. Plusieurs groupes de travail se sont constitués au sein de la structure, dont celui sur la séparation du conseil et de la vente, « qui est dans notre champ d’action du conseil indépendant. C’est un important dossier sur lequel nous avons été en contact avec des services de l’État. » Le sujet est en suspens mais Ceta de France planche sur d’autres sujets d’actualités pesant sur l’évolution de l’agriculture : stockage de carbone, changement climatique, intelligence artificielle… Un des objets de la création de Ceta de France est de mutualiser certaines de leurs actions.
Des Ceta pour toutes les agricultures avec un focus sur les grandes cultures
Tous les Ceta existants en France ne sont pas adhérents à Ceta de France. « Trois Ceta ont rejoint notre association ces dernières années et un Ceta l’a quittée. Nous cherchons à recruter de nouveaux Ceta qui partagent nos valeurs, signifie Benjamin Grudet. Nous accompagnons tous types d’agricultures avec un focus grandes cultures (des pôles élevage existent dans quelques Ceta). Nous essayons d’anticiper les évolutions de l’agriculture, sans avoir un modèle agricole prédéfini en tête. » Les Ceta ont des groupes d’agriculteurs constitués autour de thématiques comme la production biologique, l’agriculture de conservation des sols, l’irrigation, l’agriculture de précision…
Une perte d’autonomie avec des Ceta qui se sont transformés
Le premier Ceta a été créé en 1944 dans les Yvelines et, Bernard Poulain, agriculteur créateur de cette structure définissait déjà le Ceta comme « un groupe d’agriculteurs actifs, mettant en commun leurs expériences et quelques moyens financiers, en vue d’essayer d’améliorer techniquement, économiquement et socialement leur exploitation. » Les Ceta se sont multipliés ensuite – plus de cent dans les années 1960 – avant, pour nombre d’entre eux, de se transformer en groupes de développement agricole (GDA) et/ou en basculant dans le conseil de chambres d’agriculture ou de coopératives agricoles. Pour Antoine Touchais, agriculteur retraité adhérent de Ceta 35, « il y a alors eu une certaine perte d’autonomie et d’indépendance du conseil avec ces transformations. » La demande de conseil indépendant de la part des agriculteurs se traduit par une progression des surfaces couvertes par les Ceta, supérieure à 20 % par endroits.